Épilogue

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Deux mois après la mort d'Elias, le village commençait enfin à finir d'être reconstruit. Les deux ou trois dommages qu'il restait finiraient par disparaitre avant la nouvelle année. Le ciel était clair et sans nuages pour un début d'automne.

Rudy leva sa main en direction du ciel puis essaya de fixer l'horizon sans être éblouis. Il était près de son ancienne qu'il avait réinvestie en compagnie d'Evans depuis que la menace avait été écartée. La colline offrait un panorama sur le village et les plaines.

— Rudy, l'appela Evans.

Le petit roux retourna sa tête alors que son ainé tournait au coin de la bâtisse. Le brun tendit sa main dans la direction de l'enfant puis lui fit signe de le rejoindre.

— Dépêche-toi, il est l'heure.

Rudy s'empressa de le rattraper et attrapa du bout des doigts la main que lui tendait le médecin. Il se laissa tranquillement emmener dans la maison. Enfin, il se changea et enfila une chemise blanche et un bermuda d'un bleu pastel. Il descendit les escaliers en trombe puis sauta sur le dos du brun pour l'étreindre avec force. Ce dernier avait réussi à lui faire oublier peu à peu la mort de sa sœur. Le petit roux avait réussi avec l'aide du médecin à repenser ses blessures.

—Rudy, souffla Evans. Sa voix paressait exaspérer mais le jeune homme savait pertinemment à force de le connaitre qu'il ne ressentait pas l'once de ce sentiment.

L'écolier se laissa glisser le long de l'échine du plus âgé puis il lui adressa un sourire innocent. Une dent manquait à l'appel. Elle était tombée une semaine auparavant et ne tarderait pas à repousser. Ce fut ce petit détail qui fit craquer le médecin.

— Bon, je te pardonne. Mais seulement pour cette fois, s'empressa-t-il d'ajouter alors qu'il voyait déjà un sourire victorieux fleurir sur les lèvres du rouquin.

Le duo quitta la maison, ils descendirent la colline puis contournèrent le village jusqu'à atteindre les plaines qui bordaient Thiercelieux. Les deux garçons s'avancèrent jusqu'au moulin.

Le mariage de Victoire et Ivana se déroulait sur une petite ile non loin de là. Un pont de bois avait d'ailleurs été construit pour l'occasion.

Les arbres avaient commencé à rougir et les premières feuilles étaient sur le point de s'envoler. Des voiles blancs avaient été noués au tronc de certains arbres.

Les convives commençaient à arriver sur l'île. Rudy s'empressa alors de tirer une chaise de s'asseoir dessus. La cérémonie débuta après seulement quelques minutes d'attente et la première mariée arriva dans une robe colorée d'un vert pastel. Le tissu était d'une fluidité sans pareil, de là où il se tenait, Rudy avait l'impression que la robe était faite d'eau.

Ivana monta sur une petite estrade où se tenait déjà, la nouvelle maire du village. Cette dernière tenait un petit livre entre ses mains et adressa quelques mots et un sourire à la blanche.

Rudy se retourna lorsqu'il entendit une clameur juste derrière lui : Victoire venait d'arriver, le petit roux la trouva juste sublime dans sa robe et souhaita un jour, être à sa place.

La jeune femme se touchait nerveusement l'arrière de la nuque mais, elle continuait d'avancer petit à petit. Elle franchit les derniers pas avec une telle facilité que la simple présence de son amante semblait la rebooster.

Sans plus de cérémonie, la cérémonie commença. La maire récita un long et monotone discours. Les invités en retentirent l'essentiel mais personne n'avait eu le courage de tout écouter jusqu'au bout.

La voix de la nouvelle maire était soporifique et Rudy ne tarda pas à somnoler. Le garçon ne se réveilla pas seulement lorsque le bruit des applaudissements se fit entendre.

Sa tête paniquée valait le coup d'œil et heureusement pour lui personne ne s'aperçut de son petit écart.

—Ivana Tobins, souhaitez-vous prendre Victoire William-Anthéa comme épouse ?

La blanche releva le menton puis regarda sa compagne les yeux dans les yeux.

— Oui, je le souhaite.

La maire reprit la parole alors que plusieurs personnes dans la pièce laissaient échapper une petite larme d'émotion.

— Et, jurez-vous de la chérir et de l'aimer pour le meilleur et pour le pire.

Ivana n'eut aucune hésitation avant de s'exclamer.

— Je le promet.

Personne dans la salle n'aurait osé remettre en cause ce qu'elle venait de dire tellement la jeune femme en était elle-même persuadée.

Victoire répéta les mêmes paroles et vient enfin le moment du baiser. Dès que la maire eut donné le signal, Victoire posa chastement ses lèvres sur celles de sa nouvelle épouse. Le public fut au comble de la joie. Les personnes au premier rang pleuraient. Celle qui n'avait pas eu de chaise, et qui se retrouvait sur le début de l'ile et se sur le pont se mirent à applaudir ou à taper des pieds. Rudy, lui ne sut plus où donner de la tête, il avait beau être heureux, il sentait une légère migraine pointer le bout de son nez.

Les deux jeunes femmes s'écartèrent l'une de l'autre, gênées de l'attention qu'elle recevait. Au même moment un enfant déboula avec des uns coussins et courut jusqu'au couple pour leur tendre les anneaux. Ces derniers avaient été perdus en chemin et au lieu de retarder le mariage, il avait été décidé de le continuer sans.

Ivana se pencha vers l'enfant puis échangea le coussin contre un baiser sur le front. L'enfant s'en alla vers sa mère le sourire aux lèvres alors qu'il babillait des mots incompréhensibles.

La blanche se releva puis s'empara de l'anneau qu'elle avait choisi pour son épouse. Cette dernière tendit avec délicatesse sa main et se laissa enfiler l'anneau qui lui était destiné. La brune le remonta par la suite jusqu'à ses yeux et l'observa. Une fois qu'elle se rendit compte que c'était réellement en train d'arriver, elle serra sa main contre sa poitrine alors qu'elle affichait un sourire jusqu'aux oreilles.

Victoire se ressaisit puis clôtura la cérémonie alors qu'elle récupérait à son tour la seconde bague qu'elle glissa au doigt de son épouse.

Les deux jeunes femmes se retournèrent par la suite en direction du public puis levèrent leurs bras vers le ciel pour symboliser leur union nouvelle.

Les invités quittèrent petit à petit l'île et tout le village prit la direction de la place de la mairie où se déroulait la suite des festivités.

— Rudy, cria une voix à travers la foule.

Le rouquin se retourna et aperçut Evans qui tentait de remonter vers son fils alors que la foule se rendait dans la direction inverse. L'adulte eut bien du mal à le rejoindre et lorsque cela fut fait il se sait de l'une de ses mains.

— Je te retrouve enfin. Où est-ce que tu avais disparu ?

Rudy haussa des épaules puis détourna le regard. Le fait est que cette crise venait de se clôturer définitivement le faisait se sentir vide de sens. Désormais, Angelina était morte, il reconstruisait sa vie avec un nouveau frère. Le regard du roux ne parvenait pas à considérer le brun comme son père contrairement aux yeux de la loi.

Le brun n'insista pas, il avait rapidement remarqué que le petit roux ne se sentait pas bien et que ses pensées étaient négatives.

— Allons s'y ou il n'y aura plus de gâteau, le médecin tenta tant bien que mal de changer les idées de son cadet.

Rudy acquiesça d'un mouvement de tête puis se contenta de suivre son tuteur. Les deux hommes empruntèrent le pont qui avait été déserté puis ils prirent la direction du cœur de Thiercelieux. Ils laissèrent derrière eux le lieu de l'armistice signé par le mariage des deux espèces. Elias était mort, les loups avaient été raisonnés et les morts étaient pleurés. Le village qui avait été en deuil pendant plus de deux mois commençait à s'ouvrir à de nouvelles couleurs.

Et, tout se finit sous un ciel ensoleillé.

                                                                           Fin

Est SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant