Chapitre 1. « J'pète les plombs, putain j'pète les plombs »

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– Putain Ju, bouge ton cul, on est déjà à la bourre là !

Fermant les yeux d'agacement et me retenant pour pas me retourner et lui en coller une, je suis encore une fois témoin de la débilité de mon petit frère : y'a rien de tel qu'Oscar me parlant sur ce ton pour me faire vriller. À croire qu'il a rien appris en quinze ans.

– Parle mieux ou ça va mal se finir, je fais simplement avec virulence tout en continuant à m'habiller dans ma chambre.

Comme j'ai le dos tourné et que j'ai pas parlé fort exprès pour le faire chier, je sais qu'il a rien compris de ce que je viens de lui dire.

Alors c'est sans surprise qu'en me retournant, mes yeux se posent sur un Oscar tout préparé, son manteau bleu marine sur le dos, ses Converse aux pieds, son sac de cours sur les épaules, les bras croisés dans l'encadrement de la porte de ma chambre, me sondant de ses yeux noisettes derrière ses lunettes avec impatience. Je comprends à sa gueule qu'il a pas l'intention de bouger.

Je vais l'éclater.

– Oh bouge ! je m'exclame en lui jetant un jean sale qui traîne. C'est pas les portes ouvertes ici !

Oscar le rattrape au vol pour aussitôt me le rebalancer à la gueule.

Il a envie de mourir, je me l'explique pas autrement.

On soutient chacun le regard de l'autre dans un mélange de provocation et de haine profonde, mais avant que ça parte en couilles, une furie brune débarque en courant dans ma chambre avant de se jeter énergiquement à plat ventre sur mon lit :

– Allez Juju, dépêche toi, on va être en retard, s'exclame ma petite sœur, pleine d'entrain comme d'habitude, en se retournant sur le dos.

Il manquait plus qu'elle tiens, c'est vrai que l'autre tête de con me cassait pas assez les couilles.

Habillée d'une robe-pull beige, d'un manteau mauve et bottes, avec son petit sac à dos gris, et ses cheveux bruns attachés dans une queue de cheval, Louise commence à sauter sur mon lit avec impatience. D'habitude j'aurais pu craquer devant son sourire et ses yeux noisettes pétillants, mais pas ce matin. Ils me cassaient les couilles tous les deux.

– Tu te crois toute permise toi aussi maintenant ? je lui lance avec un regard noir. Bougez tous les deux avant que je m'énerve.

Louise se renfrogne rapidement, et j'entends Oscar grommeler vers la porte. 

Eh mais lui...

Je suis sur le point de lui lancer une sale remarque, mais en me retournant je vois qu'il s'est complètement désintéressé de moi et qu'il tend son bras vers Louise, alors je dis rien :

– Allez viens Lou, soupire-t-il.

Notre petite sœur se lève et traîne les pieds jusqu'à lui d'un air boudeur, puis elle glisse sa main dans la sienne.

– Tu fais chier Ju, me lance mon frère alors que les deux quittent ma chambre.

J'hausse les épaules. Peut-être, mais j'en ai pas grand chose à foutre.

Quelques minutes plus tard, alors que je trouve enfin le sweat que je cherchais depuis dix minutes pour mettre au-dessus de mon joggo, la porte d'entrée claque et le calme reprend place dans l'appart.

Putain, enfin !

Alors que je tente par tous les moyens d'essayer de discipliner un minimum ce qui me sert de cheveux - merci Papa pour les restes de gène maghrébins mais c'était pas la peine de me faire ce cadeau -, la voix à la fois endormie et blasée de ma mère retentit dans le couloir :

Toujours LàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant