Daphné monte les marches des escaliers de son immeuble pas à pas, avec nonchalance et le regard dans le vide. Elle est épuisée. La journée qu'elle a passée lui a pris toute son énergie. Debout depuis 7h du matin, elle est allé en cours, a travaillé et révisé puis elle a eu une réunion un peu barbante avec le comité des délégués des élèves. Ayant peu dormi et peu mangé, elle a la tête qui tourne. C'est comme si son lit l'appelait. La chose qu'elle désire le plus sur le moment est une bonne douche chaude bien relaxante.
Arrivée devant sa porte d'entrée, elle enclenche la poignée et entre à l'intérieur de son appartement. Sous ses yeux sont étalés des débris de verres et d'assiettes brisés en milles morceaux. Sur la table de cuisine, on peut y voir des œufs cassés et des pots de yaourt écrasés mais aussi des plumes de coussins un peu partout dans la pièce. Les chaises ont été renversées au sol.
Bouche bée, la jeune fille ne comprend pas ce qui s'est passé. Immobile, son sac lui échappe de ses mains, ses bras retombent le long de son corps. Sans s'en rendre compte, Daphné s'avance petit à petit jusqu'à voir sa mère dans le salon, accroupie contre un mur, reniflant et pleurant dans son coin. Elle relève la tête doucement, son regard perçant plonge dans celui de sa fille. Après un long instant, Daphné arrive enfin à sortir quelques mots de sa bouche.
DAPHNE : Qu'est-ce qui s'est passé ?
MAMAN : Tout ça, c'est de ta faute.
L'adolescente sent le sol trembler sous des pieds ou peut-être que c'est elle qui a mal compris. Elle a comme l'impression qu'on lui a planté un couteau dans le cœur et dans le dos, les deux à la fois, à plusieurs reprises. Elle en a presque envie de vomir.
Après l'incompréhension et le dégoût, Daphné se sent en colère comme jamais.
DAPHNE : Mais c'est une blague ? J'espère que tu déconnes là, maman ?
Lourdement et maladroitement, sa mère se relève. Des larmes toujours le long de ses joues et les cheveux sans dessus dessous, elle ressemble à un zombie.
MAMAN : Regarde ce que tu me fais faire. J'étouffe, j'en peux plus, mais tu t'en fous. Tout ce qui compte, c'est ta petite vie avec tes copines et ton copain. Ta vieille mère, tu t'en fous, pas vrai ?
DAPHNE : Quoi ?
MAMAN : Tu ne me donnes aucune reconnaissance ! Regarde comment tu me traites. Tu m'abandonnes !
Soudain, Daphné se retourne et fonce comme une furie jusqu'à la cuisine, ouvre un placard et prend les quelques assiettes restantes.
DAPHNE : Alors comme ça je te traite comme de la merde, hein ?
PAF, une assiette éclatée au sol.
DAPHNE : Je fais tout pour toi, tout ! Je bosse, je m'occupe de toi. Qu'est-ce que tu fais toi, hein ? A part dormir et pleurer toute la journée ?
PAF, une deuxième assiette.
DAPHNE : Je te rappelle que j'ai que 18 ans. J'essaye de tout faire pour être normale même si c'est pas le cas. J'ai le bac à la fin de l'année. T'en à rien à faire de ça !
PAF, une troisième assiette.
Sa mère n'ose rien dire. Elle observe la scène, incapable de bouger, impassible.
DAPHNE : Je pense tout le temps à toi, j'ai toujours peur que tu fasses une connerie. Je passe à côté de ma jeunesse à cause de toi. Tu m'as même pas offert quelque chose pour mon anniversaire. Je suis rentrée de ma soirée d'anniversaire à cause de toi et tu t'es même pas excusée ! Et à chaque putain de fois je te pardonne. Mais là je peux plus.
Une larme coulant le long de sa joue, la colère évaporée, le cœur rempli de tristesse et de rancœur, Daphné prend son sac et quitte l'appartement, laissant sa mère entourée d'un cimetière d'assiettes mortes.
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SKAM FRANCE : DAPHNÉ (S6)
FanfictionComment faire pour gérer sa dernière année au lycée, le bac qui approche à grands pas, sa relation amoureuse, sa vie sociale, sa réputation, être déléguée des élèves, s'occuper de sa mère, avoir un petit boulot tout en gardant la forme physiquement...