SKAM FRANCE : DAPHNÉ (S6)

EPISODE 11 - CLIP 3 - Mardi - 12h00 - MANON

Manon avance dans la rue pavée, d'un pas tout sauf déterminé. Le restaurant se trouve au bout de la rue mais elle n'est pas pressée d'y être. Les revoir après tout ce temps, est-ce que c'était vraiment une bonne idée ? Elle redoute les reproches, les prises de têtes et les déceptions éventuelles.

Elle les aperçoit au loin, en train de discuter ensemble, assis l'un à côté de l'autre, une chaise vide en face d'eux l'attends. La jeune femme prend une grande respiration et s'élance à leur rencontre.

MANON : Hey !

MAMAN : Ma chérie ! Comment ça va ?

PAPA : Salut !

Sa mère la prend dans ses bras, assez maladroitement, Manon n'étant pas ni réceptive ni habituée à tant de démonstrations affectives de sa part.

PAPA : Assieds-toi, on t'attendait.

Pendant qu'elle s'assoit, elle lance la discussion pour ne pas installer de moments de silence gênants dans la conversation.

MANON : Alors, votre vol s'est bien passé ? Pas trop long ?

MAMAN : Non, ça va ! Oh ! Et encore félicitation pour ton bac, mention très bien en plus, c'est génial !

PAPA : Pour te féliciter, on a voulu te faire un petit cadeau, tiens !

Son père lui tend une enveloppe vierge rempli de quelques gros billets. Devant ce cadeau assez impersonnelle, Manon ne sait pas trop comment réagir.

MANON : Euh... Merci ?

MAMAN : Comme ça, tu pourras te faire plaisir, t'offrir pleins de bouquins, par exemple !

MANON : C'est gentil, merci... Et donc, quelle est la raison de votre venue en France ?

MAMAN : Eh bien, on a une grande nouvelle à t'annoncer : on revient vivre à Paris ! On s'en voulait de ne pas avoir été présents durant les moments les plus importants de ta vie et tu nous manquait beaucoup.

MANON : Oh. Wow. Cool.

PAPA : C'est tout ?

MANON : Ecoutez, je sais pas trop quoi dire, là tout de suite... Pourquoi vous n'avez pas réagi avant ? Pourquoi vous n'êtes pas revenu plus tôt ? Pourquoi vous n'avez pas réfléchi avant de partir à l'autre bout du monde en oubliant que vous avez une fille ? Tout a changé maintenant. J'ai dû me débrouiller seule pendant 3 ans. J'ai dû devenir adulte plus tôt que les autres filles de mon âge. Je me suis trouvé une nouvelle famille, mes amis, ils ont été là dans les bons et dans les mauvais moments, même les pires. Pas comme vous. Alors vous pouvez revenir mais comptez pas sur moi pour faire comme si tout était normal, comme avant. Je vais y aller, bon appétit.

Manon se relève et part, le cœur serré, les larmes aux bords des yeux et une boule dans la gorge. Elle a l'impression que le sol tremble sous ses pieds et que son monde s'effondre.

Quand soudain, elle entend des pas qui se rapprochent de plus en plus dans son dos et sa mère qui l'appelle.

MAMAN : Manon !

Elle se retourne et les voit tous les deux à moitié essoufflé et aussi perturbés qu'elle.

MAMAN : Il n'y a pas eu une seule journée où on n'a pas pensé à toi, où on s'en est pas voulu de t'avoir laissé seule. On a été maladroit. On le regrette. Mais on t'aime, tu es notre fille, notre seule enfant, notre famille et on ne veut pas te perdre. On a besoin de toi, et je pense que tu as besoin de nous, même si tu ne le crois pas.

PAPA : Même si on ne te le dit pas assez souvent, on t'aime Manon, plus que tout, plus que tu ne le penses.

MANON : C'est vrai ?

MAMAN : Oui, bien sûr !

La jeune femme prend un temps avant de répondre, hésitante et perdue.

MANON : Ecoutez, je ne pourrai pas tout vous pardonnez, comme ça, en un claquement de doigts, ça prendra du temps, mais vous avez fait un pas vers moi, alors je peux peut-être faire un pas vers vous. Les gens ont besoin les uns des autres, c'est vrai.

Ils se regardent tous les trois dans les yeux avec beaucoup d'émotion. Ils n'ont pas besoin de mots, leurs corps parlent pour eux, et ce silence n'est même pas gênant. Son père pose sa main sur son épaule comme signe d'affection tandis que sa mère lui prend ses mains et les caresse avec tendresse du bout des doigts. Manon sourit. Elle a l'impression qu'un bout de son cœur brisé se répare à l'instant même.