SKAM FRANCE : DAPHNÉ (S6)

EPISODE 5 - CLIP 6 - Jeudi - 16h36 - Intervention d'urgence

La journée vient de se terminer pour Daphné. D'un pas lourd elle quitte le lycée pour rentrer chez elle. Arrivée devant la grille du bâtiment, elle trouve Manon adossée à un arbre, les bras croisés en train de l'attendre. Elle a l'air à la fois préoccupée et en colère. La jeune fille va alors en direction de son amie.

DAPHNE : Hey, ça va ?

MANON : Pas trop, non.

DAPHNE : Qu'est-ce qu'il se passe ?

MANON : Ce qu'il se passe, Daphné, c'est que tu ne vas pas bien mais tu ne veux même pas te l'avouer à toi-même.

DAPHNE : Quoi... ?

MANON : Tu sais très bien que j'ai raison... Meuf, faut vraiment qu'on ait une conversation sérieuse là, maintenant, genre intervention d'urgence.

DAPHNE : On peut parler, si tu veux, mais je vais très bien.

MANON : D'accord, alors on va aller s'asseoir quelque part.

Les deux jeunes filles partent du lycée. L'ambiance est glaciale et personne ne parle. Daphné a l'impression d'être une petite fille que l'on va réprimander et elle n'aime pas cela. Le stress monte, elle ne sait pas quoi dire ni quoi faire. Elle voudrait partir loin pour fuir tous ses problèmes.

Après quelques minutes de marche, les filles arrivent dans un parc, au bord d'un petit lac. Elles s'assoient sur un banc, en dessous d'un cerisier en fleur. Elles posent leurs affaires et Manon se tourne vers Daphné.

MANON : Bon, ça va pas, hein ?

Pendant un quart de seconde Daphné ferme les yeux d'exaspération et souffle. Elle en a marre que tout le monde lui dise ça.

DAPHNE : Je comprends pas pourquoi tu dis ça enfaîte.

MANON : Ne me mens pas, Daphné. Je vois bien ce que tu fais, l'autre jour t'as presque rien mangé à la cantine et puis t'as toujours l'air un peu bizarre, tu es triste, dans tes pensées. Je vois qu'il y a quelque chose qui ne va pas... mais tu veux absolument le garder pour toi.

DAPHNE : Non, y'a rien. Je te le jure.

MANON : D'accord, donc soit t'es dans le déni complet soit t'es obstinée à nous mentir.

DAPHNE : J'ai juste pas envie d'en parler. J'ai le droit ?

MANON : Tu peux pas tout garder à l'intérieur de toi ! Surtout quand ça te fait mal...

Tu veux que je te raconte un truc ? Un truc que j'ai raconté à presque personne.

DAPHNE : Si tu veux.

MANON : Ok. Tu te rappelles quand je vous ais dis que j'avais perdu ma virginité à 13 ans et que le garçon avec qui je l'ai fais m'a jeté comme une merde et ne m'a plus jamais parlé ?

DAPHNE : Oui... ?

MANON : Eh bien, ça été le déclencheur d'une période assez sombre pour moi. Je ne me sentais déjà pas très bien avec mes parents qui me faisait toujours déménager et qui s'en foutaient un peu de moi donc ça n'a pas aidé. Je suis tombé en dépression et j'ai fais de l'anorexie. Je suis allé voir des médecins et une psy'. A un moment, on a décidé que je devais aller en clinique car j'étais arrivé à un point de non-retour. J'avais des envies suicidaires et j'avais la peau sur les os. Alors là-bas j'ai suivi un traitement et on m'a aidé à aller mieux. Je m'en suis sorti, après plusieurs mois. J'ai repris du poids et je me sentais mieux dans ma tête et dans mon corps. J'ai repris une vie normale et j'ai emménagé ici à Paris avec Lisa. Et puis je vous ais rencontré, fin de l'histoire.

DAPHNE : Wow ... Je savais pas que tu avais vécu tout ça...

MANON : C'est normal. J'en ai parlé à presque personne. Je voulais tourner la page ... mais je m'en rends compte aujourd'hui que je ne peux pas oublier cette période de ma vie et que ça fait partie de mon histoire au final.

DAPHNE : Mais pourquoi tu me raconte ça ?

MANON : Daphné ... Je crois que tu as des TCA ... des Troubles du Comportement Alimentaire. Après c'est qu'une supposition, je ne suis pas médecin.

DAPHNE : C'est quoi ?

MANON : Je vais pas te faire une liste mais c'est quand, par exemple, tu contrôle ce que tu manges, quand tu évites de manger ou que tu manges trop, quand tu deviens obsédée par ton poids et ton apparence. J'en oublie mais c'est ça l'idée, en gros.

DAPHNE : Je sais pas...c'est possible que ce soit vrai. Mais au fond, tout le monde est obsédé par son poids, je vois pas le problème.

MANON : Non, et tu ne devrais pas être obsédé par ça. C'est qu'un chiffre sur une balance, un simple chiffre qui ne te dit pas à quel point tu es magnifique tel que tu es.

DAPHNE : Tu le penses vraiment ? Ou tu le dis parce que tu es ma meilleure amie ?

MANON : Je le penses vraiment. Tu sais ... des TCA souvent ça cache quelque de plus grave et enfoui comme une dépression, de l'anxiété ou des troubles obsessionnels. Je pense que tu devrais voir une psy, ou parler à quelqu'un, un médecin peut-être, ou même nous parler à nous, si il y a quelque chose qui ne va pas.

DAPHNE : Ok...

MANON : Je ne dis pas ça pour t'embêter. C'est juste que je veux que tu sois heureuse et en bonne santé. Et puis tu ne voudrais pas aller en clinique et rater le bal de fin d'année et le bac, non ?

DAPHNE : Quoi !? Non !

MANON : Daphné, je disais ça comme ça ! Ce n'est pas ce qu'il va arriver ! Alors, profite de la vie, mange, sourie à la vie et la vie te sourira, ok ?

Sans se contrôler, Daphné se met à sangloter de plus en plus fort. Manon se précipite pour la prendre dans ses bras.

DAPHNE : Je suis désolé. C'est juste que c'est tellement dur de tout gérer mais en même temps j'ai besoin de contrôler certaines choses de ma vie parce qu'il y en d'autres que je ne peux pas contrôler.

MANON : Je comprends.

DAPHNE : Je vais essayer de faire attention et de manger. Et je parlerai de ce ne qui ne va pas, c'est juste que pour l'instant, je ne me sens pas prête encore.

MANON : Ok, c'est pas grave, y'a aucun soucis ma belle.

DAPHNE : Merci d'être là pour moi, Manon.

MANON : Je serais toujours là pour toi, quoi qu'il arrive.

Les paroles de son amie lui réchauffent le cœur. Elle a entendu ce qu'elle avait besoin d'entendre depuis longtemps. Manon a mis un mot sur ses maux. Les deux adolescentes se prennent dans les bras une nouvelle fois pendant un long moment avant de se dire au revoir et de repartir chacune en direction de leurs appartements respectifs.