Cela faisait maintenant sept Cycles que j'étais né et mes connaissances à propos de Chandra commençaient à s'approfondir. Pendant ce Cycle, je commençais tout particulièrement à m'intéresser à la cosmologie et à l'astronomie. Je trouvais cette science passionnante, car de nombreuses questions existentielles restaient à élucider et j'aimais à penser que c'était peut-être moi qui trouverais un jour les plus grands mystères de l'univers.
Je continuais de consulter régulièrement le Biggie qui constituait mon "livre de chevet", comme l'on disait dans l'ancien temps, bien que ce ne fût qu'une encyclopédie entièrement virtuelle.
La fenêtre du moment et sur laquelle je m'attardais tout particulièrement concernait la cosmologie ; en d'autres mots, l'étude de notre univers. Comment s'était-il formé ? L'IA m'expliqua qu'il était composé de différentes périodes dont le Big Bang semblait être le commencement. "Big Bang", curieux terme... Je lus ensuite qu'il s'agissait d'une simple image pour décrire la création des matières de l'espace qui se formèrent en un milliardième de secondes. En continuant d'explorer les méandres de cette encyclopédie aux données incommensurables, je me rendis compte que le fonctionnement de l'univers était plus complexe qu'il en avait l'air. Le niveau de connaissance requis ne semblait pas vraiment de mon âge, mais j'aimais les défis et braver la difficulté et s'il y a bien une chose que je déteste par-dessus tout, c'est de ne pas comprendre. Néanmoins, mon enthousiasme s'estompa rapidement au moment où je lus que des vagues de gravité étaient finalement à l'origine de la création de notre Monde et qu'elles précédaient le Big Bang. Alors ce grand boom n'était pas le commencement de tout ? J'étais perdu... à vrai dire, je n'arrivais pas à imager cela dans ma tête bien que l'IA me fournissait des illustrations pertinentes.
Mais ce n'était pas tout. Après ces vagues de gravité, je lisais qu'une inflammation des matières plasmiques s'était formée, amenant petit à petit la formation de ce fameux Big Bang, lui-même apparut en une fraction d'une fraction d'une fraction d'un millième de seconde. C'était absurde ! Inimaginable, transcendant, irréaliste...
Suite à cette énormité, j'essayai de dessiner l'Univers dans ma tête, mais mon imagination avait ses limites. Une singulière sensation vint me pincer le cœur et me fit redescendre tout de suite sur Terre, enfin, sur Chandra... Maintenant, je me sentis encore plus petit que je ne l'étais. J'avais le sentiment d'être microscopique, d'être moins que rien, tel un grain de sable sur une longue plage de plusieurs kilomètres. Quelle sensation étrange et perturbante que de s'imaginer l'Univers, aussi grand que mystérieux !
Une myriade de questions apparaissaient alors chacune à leur tour dans ma tête. Qu'y avait-il avant ce que nous connaissions de la création ? Il semblait qu'à chaque fois que les scientifiques trouvaient une réponse à un mystère, un bouquet d'interrogations fleurissait ensuite tel un cercle vertueux de questions/réponses interminable. Une chose paraissait néanmoins certaine à propos de notre univers, celui qui l'avait créé ne comptait pas dévoiler son mystère et la vérité absolue restait bien cachée dans sa poche, quoi que nous fassions...
Bon, OK pour la naissance de nos origines, aucune explication ne me convenait, et puis de toute manière vous devez aussi les connaître puisque nous venons tous du même sac.
Alors, si je ne comprenais pas bien ce qui s'était passé au début, peut-être trouverais-je plus de satisfaction en essayant de comprendre la fin ? À l'aide de mon bras, je fis défiler plusieurs fenêtres de la droite vers la gauche, passais à travers celle qui expliquait les dénouements probables de notre Univers.
Plusieurs possibilités : "Big Crunch", "Big Frozen"... Encore de drôles de termes ! Les scientifiques avaient-ils tiré ces noms de barres chocolatées ? De chips ? De crèmes glacées ? En tout cas, à les lire, c'est ce que ces noms m'évoquaient. Toujours en gardant une attention notable, j'appris que la première fin impliquait un ralentissement de l'expansion de l'univers. Cette décélération mènerait, à terme, à une diminution progressive de sa taille tel un ballon de baudruche rempli d'air qui se dégonflerait petit à petit. L'image du ballon de baudruche m'amusait. Sauf que dans le cas de l'univers, celui-ci s'enflammait jusqu'à s'annihiler. Finalement, mauvaise image...
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La vie aux mille visages (Tome 1)
Science Fiction300 ans après le départ de ses ancêtres fuyant la Terre dévastée, Ethan, jeune habitant de la planète Chandra, cherche un sens à la vie. Cette quête ainsi qu'un rêve récurrent vont l'entraîner dans des aventures palpitantes dans un Monde ambivalent...