45. Apparition fortuite ?

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Certains se disputaient, s'insultaient, ou plus pacifiquement, riaient entre eux. Je les regardai d'en bas, le visage levé, craintif. Était-ce réel ? Allais-je vraiment affronter un mastodonte répugnant ? me dis-je.

Un véritable brouhaha avait maintenant pris place dans la salle des combats lorsque le Grand Tarùn, comme il l'appelait, fit son entrée dans l'arène. Quand je l'aperçus pour la première fois, je frissonnai de peur. C'était un géant, le crâne rasé sur le côté et doté d'une longue queue de cheval rappelant son important niveau social au sein de la confrérie. Elle lui descendait jusqu'au postérieur, prouvant sa puissante force et son expérience dans le grand banditisme. Ses yeux étaient blancs, sans iris ni pupilles ; comme tout le monde ici, il n'avait jamais vu la lumière de sa vie...

Ses muscles étaient parfaitement dessinés, ses biceps faisaient au moins la taille de ma tête, ses jambes égalaient mon corps. Des tatouages à l'encre UV suivaient en de fines traces ses lignes musculaires sur sa peau, rouge orangé, ayant pour effet d'exacerber la forme de ses muscles dans un univers où la lumière ultraviolette régnait.

Il tenait dans sa main droite une massue improvisée, faite d'un bois massif et sur laquelle se trouvaient des rangées de clous rouillés. Moi, je n'avais rien hormis mes points. Quelle injustice ! me dis-je.

La foule était en furie et en transe à la vue de leur combattant favori qui prenait place sur la scène. Le Grand Tarùn arriva devant moi et poussa soudain un cri si tonitruant que des morceaux de pierres tombèrent du plafond pour se désagréger sur le sol de l'arène.

Je restai toutefois concentré et essayai de contrôler ma peur, en vain. Que pouvais-je faire face à une telle brute, qui plus est armée ? Je fermai les yeux le temps d'un cours instant pour tenter de me recentrer. Je fis abstraction du brouhaha ambiant qui tapait dans mes oreilles. J'essayai de ressentir l'environnement autour de moi avec mes sens primaires et lorsque j'ouvris les yeux, je vis l'ombre de la massue qui allait s'écraser sur ma tête... Je l'esquivai in extremis, elle s'abattit brutalement sur le sol sablonneux de l'arène ; le Grand Tarùn m'infligea ensuite un violent revers de son bras, que je pris en plein dans les côtes. Je ne l'avais pas vu venir...

Je fus propulsé à plusieurs mètres de lui, m'écrasai contre le mur, le souffle littéralement coupé. Il poussa un autre cri assourdissant comme pour expier sa rage. Cela semblait le rendre encore plus fort.

Je me relevai douloureusement alors qu'il fonçait sur moi. Ne voulant me laisser aucun répit, il essaya de m'infliger un autre coup de massue, mais je parvins à l'éviter en me faufilant entre ses grandes jambes arquées. J'en profitai pour lui donner un violent coup de pied dans le postérieur. Il ne réagit pas comme s'il l'avait à peine ressenti. Certes, j'avais l'avantage d'être vif et rapide contrairement à lui qui était d'une lenteur avantageuse pour moi, en revanche, ma force ne faisait clairement pas le poids face à la sienne.

Ma riposte ne fit que l'exciter davantage. Il se retourna vers moi tout en donnant un nouveau coup de massue à l'aveugle ; il ne prenait même pas le temps de regarder où je me trouvais. Il était idiot, c'était un autre défaut. J'en tint compte. Si je devais mourir aujourd'hui, alors je le ferais dignement, pour Extàaz et pour tous ceux que j'avais aimés sur cette planète.

Je ne parvins pas à esquiver le coup de pied qu'il me donna juste après avoir évité son coup de gourdin. Je valsai donc en glissant sur plusieurs mètres pour finir ma course une nouvelle fois contre le mur. La douleur fut tellement intense que je hurlais de souffrance en me touchant le dos. Je parvins tout de même à me relever courageusement, mais le Grand Tarùn ne comptait pas me laisser une seconde de répit. Il s'était déjà placé devant moi et m'infligea une nouvelle fois un puissant coup de poing en plein dans le thorax. J'eus la sensation que son bras transperça mon corps de part et d'autre.

La vie aux mille visages (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant