26. Bouquet de vies

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Je me retournai en regardant vers la sortie et j'aperçus alors une jeune fille à la chevelure pourpre et aux yeux verts. C'était bien elle.

En arrivant, elle jeta un rapide coup d'œil au comptoir pour saluer Jonny, toujours sans me considérer, puis elle vint s'assoir à la même table que la dernière fois.

J'avais beaucoup de chance de la revoir ici. Était-ce le fruit du destin ? Où juste une simple coïncidence encore une fois ? J'aimais y croire parfois...

Alors que les palpitations de mon cœur s'amplifièrent et accélérèrent brusquement, je me levai du tabouret, saisis ma boisson et pris mon courage à une main — l'autre tenant le verre — pour rejoindre la jeune fille artificielle.

Je m'assis juste en face d'elle, je sentis que mon corps était fébrile et je tremblai de timidité. Elle me jeta un regard qui dénotait une certaine perplexité, mais aussi une désinvolture manifeste . Elle devait à ce moment précis se demander ce que je lui voulais.

— Je trouve que tu es la plus belle fille du monde. (Mon Dieu ! Pourquoi avais-je dit ça ? C'était pathétique ! Quel horrible compliment à faire à un être artificiel).

Elle ne réagit pas, ou peut-être ne savait-elle pas comment réagir ?

Juste par pure politesse, elle finit par me dire très froidement « merci », sans même esquisser le moindre sourire. Je ne laissai aucune chance au silence d'atterrir dans notre conversation que je continuai de plus belle, je compris vite que j'en étais le maître d'orchestre.

— Je t'ai croisé l'autre jour au Màs de Green & Terra. Je t'ai vu voler ces médicaments.

Décidément, je ne savais tellement pas quoi dire que j'enchainais maladresse sur maladresse.

— Je ne me souviens pas t'avoir vu quelque part, et puis en quoi cela te regarde ? me répondit-elle presque désagréable.

Elle avait l'air d'avoir du caractère...

— Pourquoi tu as fait ça ?

— Écoute, je ne sais pas ce que tu me veux, ou ce que tu cherches, mais tu ne le trouveras pas avec moi. Tu devrais partir maintenant.

Elle était froide dans sa manière de parler, presque sauvage. Mais je ne souhaitais pas m'en arrêter là avec elle. Elle m'intriguait. Quelque chose de particulier m'attirait en elle, le fait qu'elle soit différente des autres filles peut-être...

— J'aimerais que tu sortes avec moi. Lui dis-je, franc.

— Pardon ?

Elle fronça les sourcils.

— Que tu sortes avec moi... Tu sais, qu'on se donne la main, qu'on traîne ensemble.

— Je ne suis pas humaine, qui aimerait me donner la main ?

— Je me fiche que tu sois humaine ou pas.

— Non tu ne t'en fiches pas...

— Si, tu es la plus belle des filles humaines et artificielles que je connais, insistais-je.

Elle me jeta un sourire triste. Elle n'était visiblement pas totalement indifférente face à mes compliments.

— Tu ne sais pas qui je suis vraiment, reprit-elle.

— Et alors ?

— Tu vas perdre ton temps avec moi. Je ne suis pas programmée pour ressentir de l'amour. Ce que tu me diras, ce que tu me feras, je n'éprouverai rien.

— Comment tu peux en être certaine ?

— C'est ce que mon créateur m'a toujours dit.

— Et bien, ton créateur a tout faux.

La vie aux mille visages (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant