7. Le Signe et l'inconnue

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« Maintenant, laissez-moi entrer dans le vif du sujet car si aujourd'hui je suis dans cette cellule, assis en face de vous, c'est en partie en raison de l'apparition d'un mystérieux symbole dans mon subconscient. »

J'avais huit Cycles lorsque ce signe apparut pour la première fois dans ma vie. Je l'apercevais uniquement dans mes rêves. Le plus bizarre était que ce symbole semblait intimement associé à une silhouette angélique aux allures encore vagues à ce moment de ma vie.

Ce phénomène inexplicable était survenu peu après ma huitième célébration. Son déclenchement était intermittent et ne se révélait que dans mes songes les plus profonds ; sur des murs, sur des écrans, sur des cartes, sur des voies, sur des instruments, il était omniprésent et était devenu petit à petit une obsession.

Néanmoins, cette manifestation ne se produisait pas systématiquement. Elle apparaissait périodiquement, mais de manière intense. Ce signe devait bien symboliser quelque chose en particulier, mais j'en avais aucune idée bien qu'il me parût familier comme si je l'avais déjà vu dans ma vie.

Je pouvais le redessiner aisément car même après un rêve, il restait incrusté dans ma tête comme une pierre précieuse dans la roche.

Je décidai alors de questionner mes parents pour savoir si cela leur évoquait quelque chose, mais leur réponse fut négative. Quand je sollicitai ma sœur, elle ne me répondit ni oui ni non, puis elle ne manqua pas de me faire remarquer que quelque chose ne tournait pas rond dans ma tête. Personnellement, ce signe m'intriguait et j'étais quasiment certain de l'avoir aperçu seulement dans mes rêves.

Ce symbole, quel était-il ? Je ne saurais le dire à ce moment de ma vie. Il était pour moi comme un spectre, invisible, mais présent, que je ne pouvais m'empêcher de dessiner. Ses lignes géométriques arrondies et anguleuses lui donnaient une allure ambivalente : sa forme renflée inspirait la souplesse et l'apaisement alors que ces formes aiguës lui conféraient un aspect dur, brut et douloureux. C'était comme s'il possédait à la fois de la tristesse et de l'espérance, du bien et du mal, de la sérénité et de la peur... Deux traits fins partaient des extrémités supérieures du cercle pour s'entrecroiser en sa partie inférieure, formant ainsi une sorte de triangle inversé. Au milieu de ce triangle se trouvaient deux mains entrelacées. En soi, le signe était simple et épuré, cependant sa signification semblait complexe à interpréter.

En fin de compte, ce qui me laissait le plus perplexe c'était qu'il me donnait systématiquement cette impression de déjà-vu, comme si quand je l'apercevais, il me ramenait à une scène particulière déjà vécue. Malheureusement, cette scène restait totalement floue.

Quelque chose d'autre me troublait : chaque fois que je le dessinais, il me semblait inachevé tel un puzzle auquel il manquait la dernière pièce. Pourtant, je le reproduisais comme je le voyais dans mes rêves. Comment était-il possible d'avoir cette perpétuelle sensation qu'une partie était absente ?

Pour remédier à ça, je décidai d'ajouter des ornements pour le combler, comme si je souhaitais remplir un vide. Cependant, chaque fois que j'essayais d'établir une continuité, je trouvais toujours la suite minable et nulle. Ça ne me convenait jamais, alors j'effaçais à chaque fois cette partie improvisée, revenant sans cesse au signe initial. Mais après tout, il était parfait comme ça...

La vie aux mille visages (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant