La vie aux mille visages (Tome 1)

50. June

Une femme fait irruption dans la salle où je me trouve, les poignets ligotés. Elle est accompagnée d'un grand homme tout vêtu de noir. A peine la trentaine, elle a les cheveux blonds comme le blé, attachés en queue de cheval. Elle a un visage fin et les pommettes remontées. Ses yeux en amande et d'un vert d'eau inouï, sont cernés de fatigue.

— June !

Je me lève, mais suis subitement retenu par les chaînes auxquelles je suis attaché et qui me rappellent que je ne suis ici qu'un simple prisonnier.

— Comme promis, la voilà. Vous avez cinq minutes.

Le grand homme vêtu de noir, le visage tout juste visible dans la pénombre de la pièce, place la jeune femme sur la chaise, en face de moi, puis se retire en claquant la porte en bois massif. Entre nous, une simple table en métal. Je saisis ses mains enchaînées et les serre dans les miennes, elles sont froides et transies et transpirent la peur.

— Ils t'ont fait du mal ?

— Non... Mais ils m'ont posé beaucoup de questions sur toi.

— C'est bien ce qui me semblait, je ne pense pas que ça soit toi qui les intéresses. Je ne serais pas surpris qu'ils te relâchent d'ici peu.

— Et toi alors ?

— Pendant que je leur raconte mon histoire, je réfléchis à un plan d'évasion. Ne t'en fais pas, je vais m'en sortir.

— Tu me manques.

— Toi aussi.

— Je ne pense qu'à te revoir, la simple idée de te perdre me rend tellement triste. Toutes ces vies à se courir après... j'aimerais que pour une fois nous puissions finir celle-ci ensemble.

— Ne t'en fais pas. Je te promets que nous allons nous en sortir, soit forte, OK ?

Le grand homme vêtu de noir refait irruption dans la salle et mit fin à notre conversation.

— C'est terminé maintenant.

June obtempère. A-t-elle vraiment le choix ? Elle se lève en me jetant un regard douloureux. Alors qu'il lui indique la sortie, elle me lance un "je t'aime". Je lui réponds en écho.

Une femme l'attend dehors et lui fait certainement regagner son cachot. Puis l'étrange homme vêtu tout en noir referme la porte de ma cellule derrière lui. Je me retrouve maintenant dans l'obscurité la plus complète...