14. L'Exode des Temps

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Alors que ma relation avec Salomé continuait d'éclore, l'apparition dans mes rêves de ce mystérieux signe s'était quant à elle petit à petit fanée. Il figurait maintenant rarement dans mes songes et je devais admettre que je ne m'en portais que mieux.

Ah ! Je vois, à travers votre regard, que c'est surtout cet énigmatique symbole qui vous intéresse. Je vous demanderai juste d'être patient, car je ne saurais vous en dire plus sur ce signe sans vous raconter en détail les péripéties de ma vie.

Certes, ce symbole était moins présent, mais le visage angélique quant à lui revenait souvent au galop, à mon plus grand bonheur. Lors de mon dernier songe, j'étais parvenu à voir un peu plus distinctement son allure qui ressemblait fortement aux formes d'une femme. Si elle existait et que je la voyais de mes propres yeux, mon corps serait transi d'amour, car sa beauté divine était éblouissante.

Cela faisait maintenant neuf Cycles que je respirais, et lorsque je ne passais pas mon temps à jouer avec mon amie — qui je crois, me considérait comme son amoureux — j'étudiais avec passion notre passé. Pendant ce dernier Cycle, j'avais d'ailleurs regardé de plus près notre Ancien Monde en dépit des filtres qu'avait établis ma mère sur toute recherche de ce type dans l'encyclopédie virtuelle.

J'avais donc, avec ruse, récupéré les identifiants de mon père pour m'y connecter et avoir accès à toutes les connaissances que les gens de notre planète partageaient en temps réel.

Je tombai un jour sur une fenêtre qui s'appelait « L'exode des Temps. » C'était l'histoire de la civilisation Chandréenne la mieux documentée. Pendant un long moment, j'occupais mes journées en me plongeant dans la lecture de cette partie de notre passé qui par ailleurs me procurait une myriade d'informations précieuses.

Tout d'abord, j'appris que Chandra avait été identifiée en l'an deux mille quarante par une Agence Spatiale Terrienne. Le saviez-vous ? Elle avait été la première exoplanète sur laquelle la vie humaine était certaine de pouvoir s'épanouir ce qui, à cette époque, constituait la découverte du siècle. Certaines personnes la définissaient même comme la découverte du millénaire.

Sa distance par rapport à son étoile et sa constitution géologique délivre un climat identique à celui de votre planète, permettant ainsi à la vie de se développer sur sa partie éclairée.

Alors, sous l'initiative des agences spatiales gouvernementales les plus puissantes du Monde terrestre, un nouveau programme d'exploration interplanétaire vit le jour, financé en partie par les cinq cents personnes les plus opulentes du monde. Ils virent en ce projet une opportunité de se réserver une place lorsque le temps serait arrivé de fuir la Terre. Ainsi naquit le Projet Luminaya. Je compris alors d'où venait le nom qu'avaient donné les Chandréens à la partie habitable de notre planète.

Je vois dans vos yeux une larme qui ruisselle sur votre joue. Vous autres terriens, avaient brulé vos livres, vos encyclopédies, vos connaissances... par conséquent, vous manquez terriblement de documentations sur votre passé. Mais dans ce malheur, les personnes ayant fui la Terre ont gardé une trace de votre histoire. Descendant de ces colons, laissez-moi le plaisir de vous délivrer votre passé.

La première partie du projet consistait à créer un vaisseau spatial capable d'aller à la vitesse de la lumière. Cet ambitieux projet tomba d'abord à l'eau jusqu'au jour où un jeune physicien russe de l'époque, Igor Petrov trouva une alternative. Il s'agissait d'une idée qu'il avait déclaré ne pas venir de lui, mais d'un de ses camarades de classe décédé et qu'il voulait honorer. La solution était la suivante :

Il était indubitablement impossible d'aller à la vitesse de la lumière. Cependant — et vous le savez peut être — tous les êtres humains se déplacent à vingt-neuf kilomètres par seconde, et ce parce qu'il s'agit de la vélocité que met votre planète à se mouvoir dans l'espace. Si nous rapportons cela à une heure, nous parcourons cent quatre mille quatre cents kilomètres. Oui, vous avez bien entendu, à l'heure où je vous parle, nous avons déjà traversé plus de quatre cent mille kilomètres dans le cosmos.

La vie aux mille visages (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant