Tout commença pendant que j'étais à l'école, lorsque Yolvo me raconta l'une de ses histoires à dormir debout avec une Botwa. Mon ami couchait avec des êtres artificiels ! Je n'arrivai pas à le croire, du moins c'était des sujets qui se gardaient pour soi et à sa place j'aurais eu honte !
Lorsque je lui demandais pourquoi il faisait ça, il me répondait que c'était parce que les Botwas étaient la plupart du temps privés de sentiment amoureux. Il était donc possible de coucher avec eux sans qu'ils s'accrochent à nous sentimentalement.
Je ne compris pas son point de vue. Il m'expliqua encore que certains êtres artificiels étaient programmés pour avoir une forte appétence sexuelle et qu'il suffisait de les dénicher. Yolvo s'était ainsi dépucelé avec l'une d'entre elles. Très bizarre comme passe-temps, moi ça ne me branchait pas. Mon ami avait souvent des idées farfelues qui sortaient de l'ordinaire. Cela dit, il me faisait bien rire avec ces histoires à dormir debout.
— Tu te moques de moi, dit-il lorsqu'il me vit m'esclaffer pendant qu'il racontait son anecdote.
— Mais non Yolvo, tu sais que ce n'est pas mon style !
— Tu te moques de moi parce que j'ai couché avec une Botwa ! Mais si tu l'avais vue, tu aurais compris pourquoi je l'ai fait. Elle est tellement belle !
— Mais elle n'est pas humaine, lui dis-je.
— Elle est plus humaine que certains Chandréens, crois-moi.
— Je ne te crois pas.
— OK, alors laisse-moi t'en montrer une, s'exclama-t-il, on verra si tu ne la trouves pas humaine...
— Si tu veux.
À la fin des cours, il m'amena dans un bar qui bordait le coin d'une rue en plein soleil, près de notre établissement. Je ne savais pas que mon ami, à peine son seizième Cycle passé, fréquentait ce genre d'endroit.
On rentra dans le bistrot, une odeur de renfermé vient me pincer le nez, une ambiance glauque y régnait. La lumière était tamisée. On aurait dit que ces gens fuyaient les pesants et éternels rayons de Tétra.
Quelques humains et Botwas étaient affalés sur des tables, une pinte de Schmoof à la main. Cet alcool provenait d'une puissante plante, la Vétozium, aux effets tranquillisants, que l'on trouvait exclusivement dans les régions du pôle sud, pas très loin de notre District. Cette plante, une fois fermentée pendant une décennie, était extraite sous forme de liqueur mauve. On la mélangeait à de l'eau, et on obtenait ainsi la Schmoof.
C'est ce que Yolvo m'expliqua en même temps que nous nous dirigeâmes vers le comptoir. Nous nous assîmes. Il s'adressa au barman comme s'il le connaissait depuis longtemps. C'était le cas. Jonny le borgne était un bon ami de son père. Je me demandai vraiment pourquoi ce type ne s'était jamais racheté un œil. De nos jours, ça ne coûtait rien...
Yolvo nous commanda deux sodas, puis il me pointa du doigt une fille, l'aspect juvénile, reclus dans un coin du bar, en train de siroter une étrange liqueur. Elle semblait un peu plus vieille que nous. Je remarquai alors qu'elle avait les cheveux rouges. Ce même rouge étincelant que celui de la jeune fille que j'avais croisée dans le Màs. Mon cœur se mit à battre lorsque je compris qu'il s'agissait bien d'elle. Quelle coïncidence ! Quelle était la probabilité que Yolvo me montrât la fille que j'avais aperçue il y a quatorze révolutions de ça ?
Je restai bouche bée, muet, puis Yolvo me dit :
— Alors tu la trouves comment ?
— Ne la pointe pas du doigt comme ça ! Lui dis-je, gêné.
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La vie aux mille visages (Tome 1)
Science Fiction300 ans après le départ de ses ancêtres fuyant la Terre dévastée, Ethan, jeune habitant de la planète Chandra, cherche un sens à la vie. Cette quête ainsi qu'un rêve récurrent vont l'entraîner dans des aventures palpitantes dans un Monde ambivalent...