18. Albert

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Surpris fut ma réaction lorsque je remarquai qu'il ne possédait aucune odeur. Venant d'un clochard, c'était étonnant. Il avait toutefois une misérable apparence. Aux premiers abords, il donnait la frousse, pourtant il m'inspirait étrangement confiance. Bizarrement, son visage m'était familier. L'aurais-je déjà vu quelque part ?

L'ombre de nos silhouettes vint recouvrir le sexagénaire, toujours assis par terre.

— J'étais en train de bronzer jeunes gens, s'exclama-t-il sur un ton légèrement sarcastique.

Sans même considérer son sarcasme, c'est avec empressement que je lui demandai où se trouvait l'ascenseur.

— Et en quoi ce lieu intéresse-t-il des petits comme vous ?

— Nous ne sommes pas petits. Répondis-je avec orgueil.

— Excuse-moi... petit ! insista le vieillard comme pour me chercher.

— Vous n'avez pas répondu à ma question.

— Laisse tomber Éthan, ce vieux chnoque ne sait même pas de quoi tu parles, dit Yolvo.

— Détrompez-vous, je connais bien Abîme et je sais où trouver ce que vous recherchez.

— L'ascenseur ?

Il acquiesça en dodelinant de la tête de bas en haut.

— Tenez, voilà cinquante Ristos.

Le vieil homme se mit à glousser.

— Vous autres de Tiklit, vous êtes tous les mêmes. Vous pensez que tout se règle par l'argent.

— Viens, il nous fait perdre notre temps, insista Yolvo en m'attrapant le bras.

Je me débatis. Je ne céderai pas devant ce vieillard.

— Que faut-il faire pour que vous nous disiez où se trouve cet ascenseur ? repris-je.

— Attendre.

— Attendre quoi ?

— Le moment.

— Mais quel moment ?

— Ça suffit ! Viens Éthan, dit à son tour Danny exaspéré (pourtant pour qu'il soit exaspéré celui-là, il fallait se donner la peine).

— Repasse demain au même endroit et je t'indiquerai le chemin.

— Demain, mais c'est aujourd'hui que j'ai besoin d'y aller.

— Oh vraiment ? Et pour quelle raison ?

— Cela ne vous regarde pas.

— Ce vieux est vraiment étrange, intervient Yolvo, il me flanque la chair de poule. Viens Danny, partons ! Si Éthan veut rester avec ce vieux fou, ça le regarde.

— Personne ne te dira où trouver cet ascenseur petit, car tout le monde l'ignore, enchérit le vieillard.

— Et pourquoi ça ?

— Car tout le monde s'en moque.

— Vous savez vraiment où trouver l'ascenseur ?

— Au fond de toi, tu connais déjà la réponse, car tu me fais confiance depuis que tu m'as aperçu contre ce mur.

— Comment pouvez-vous en être si sûr ?

— Pourquoi serais-tu venu me voir dans ce cas ?

Je ne pris pas la peine de répondre à sa question tout simplement parce que je n'en avais pas la réponse.

La vie aux mille visages (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant