Réapprendre à vivre

Chapitre 50

Regrets.

Peut-on vraiment pardonner à une personne qui nous a fait du mal, qui nous a blessée, insultée, et trahie ? Est-ce vraiment possible ? Même quand cette personne là, est elle même blessée, rongée par les remords, et brisée de l'intérieur ? Ce n'est pas une chose facile... Deux cœurs écorchés, brisés par le passé.

Marchant dans le noir depuis plusieurs minutes, ne sachant même pas où il allait, l'ange déchu ne s'empêchait pas de pleurer. Son cœur lui faisait atrocement mal. Les derniers vingt quatre heures avaient été dures et maintenant... Il venait de se fâcher avec sa seule raison d'exister... Entre sa mère qui lui reprochait des tas de choses sur son frère, et qui rejetait la faute sur lui la crise cardiaque de son père, et son père, qui, avant de se retrouver hospitalisé, ne pouvait s'empêcher de rabaisser son fils en le traitant de bon à rien... Il n'avait personne pour l'épauler, à présent. Il était maintenant plein de regrets. Il regrettait de n'avoir pas pu dire à son frère qu'il l'aimait, il regrettait d'avoir approché Yannel, rien que pour l'amadouer, il regrettait d'avoir été si odieux avouer certaines personnes qui essayaient de l'aider, il regrettait toutes ces paroles qu'il avait dites à Yannel..

Après une heure passée à l'extérieur, il décida de rentrer chez lui, espérant que demain, sera un meilleur jour. Au bout de plusieurs minutes devant la télé, il commença à ne plus supporter cette solitude. Il ne savait pas qui appeler. Impossible de téléphoner à sa mère, elle était bien trop odieuse. Son père était hospitaliser donc pas moyen. Yannel lui en voulait pour ce qu'il avait dit. Tom, n'était pas vraiment son ami, c'était une connaissance, qu'il ne voyait jamais. Il ne restait qu'une seule personne, qui lui avait toujours été fidèle...

- Allô ? entendit-il, après avoir composé le numéro de son ami.

- C'est moi, Angel...

- Ouah, tu as la voix rouillée. Dis moi... t'as pleuré ?

- Bien sûr que non.

- Menteur. Il y a quelque chose qui ne va pas, ça se voit. Dis tout à tonton Eddy.

- Je me suis disputé avec Yannel. Je lui ai dit plein de choses blessantes, et elle m'a demandé de partir de chez elle.

- Aie... Si tu t'es énervé ça veut que vous avez parlé de... ton frère.

- Oui.

- Tu veux que je vienne ?

- Oui.

- Dans vingt minutes, je suis chez toi !

Et il raccrocha.

***

Comme convenu, vingt minutes après l'appel, Eddy arriva, et rentra sans même toquer. Il pénétra dans le salon du roux, comme s'il était dans sa propre maison. Lorsque le propriétaire entendit les pas de l'intrus, il sursauta et tomba au sol.

- Mais... comment t'es entré, toi ? demanda-t-il en se relevant.

- Après à fermer la porte, ça ne m'étonnerai pas que tu te fasses cambrioler, si tu continues.

Le roux soupira et fit signe à son ami de s'assoir.

- Allez, dis moi tout. Tu as les yeux gonflés... Tu as pleuré ? Ne mens pas, ça s'entendait dans ta voix.

- Un peu.

- Tu as réfléchi ?

- Réfléchi ?

Le roux fronça les sourcils, ne comprenant pas de quoi il parlait. A quoi faisait-il allusion ?

- Je parle de ta relation avec Yannel.

- Je pense que... je vais arrêter cet pseudo vengeance.

Eddy soupira de soulagement. Il avait l'air qu'il ait prit cette décision. Il allait enfin arrêter d'être blessant dans ses paroles, d'avoir des arrières pensées et vivre pleinement sa relation avec Yannel. Pour lui, son ami était revenu sur le droit chemin. Son seul et unique était qu'il soit heureux, qu'il arrête de se morfondre.

- Qu'est ce qui t'a amené à prendre cette décision ?

- Je ne sais pas... Je me suis rendu compte que faire du mal à Yannel, me faisait du mal à moi aussi, et ce n'était absolument pas bon pour nous. C'est simple... je l'aime et je ne veux plus lui faire du mal. Et surtout... je suis plein de regrets.

- Je te l'avais dit ! Je ne suis pas le meilleur ami du monde ?

- Tss...

Oui, l'ange regrette, après tous les efforts qu'il avaient fait. En une seule journée, il a commencé à regretter chacun de ses mensonges, chacune de ses inventions. Pourquoi ? Il n'y arrivait plus. Il se forçait, c'était une fausse haine. Il n'arrivait plus à résister car il aimait bien plus Yannel qu'il ne le pensait. Près de trois ans qu'il était amoureux d'elle. Même lorsqu'elle était à l'hôpital, il avait toujours de forts sentiments pour elle. Malgré tous ces regrets, si elle venait à apprendre tout ce qu'il avait fait dans son dos, comment réagirait-il ? Son nouvel objectif et qu'elle n'apprenne jamais toutes ces tromperies. Jamais.

Ce qui le choquait le plus, c'est que Lya ne l'ait pas reconnu. Ou peut être qu'elle l'avait fait, mais elle le cachait ? Il n'en avait aucune idée, mais le simple fait de pensée qu'elle aurait pu mettre au courant sa sœur, lui glaçait le sang. Pour l'instant, elle ne savait rien, et c'était très bien ainsi.

- Mais... tu sais qu'un jour, il faudra que tu lui dises tout ? demanda-t-il soudainement, sortant le roux de sa rêverie.

- Hein ? Tu rigoles, j'espère ?

- Je ne te pensais pas aussi déconnecté...  Il faudra bien que tu le fasses, quand le moment viendra. C'est bien beau de dire que tu arrêtes ta mesquinerie, mais un jour, la vérité éclatera et c'est toi qui te fera éclater si tu dis rien.

- Mais non... Tant que je ne dis rien, et que tu ne dis rien, elle ne saura rien.

- Je ne compte rien lui dire, je suis un ami fidèle, quand même. Et puis... c'est pas à moi de le faire.

- J'espère que tu dis vrai...

- Tu me fais pas confiance, on est amis depuis toujours !

- Si si.

- Pour l'instant, tu dois t'excuser pour ce que tu as dit ce matin.

- Oui.

Le roux soupira pour je-ne-sais combientième fois depuis l'arrivée d'Eddy. Oui, il devait s'excuser... C'était la moindre des choses après lui avoir balancé de telles horreurs.

- Mais dis moi... comment tu fais pour être disponible aussi souvent ? Et surtout que là... c'est bientôt l'heure de dîné.

- Quand mon ami à besoin de moi, je fonce sans me soucier de l'heure !

- En gros, t'es juste au chômage, et t'as que moi comme ami.

- En gros, c'est ça.

Ils éclatèrent de rire au même moment. Peut être que le matin, et l'après-midi ne s'était pas bien passé, mais la soirée, elle, allait être génial. Les deux amis venaient d'à nouveau se retrouver.

24/03/20