La proposition d'Abdallah

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- Bonsoir Capucine, je viens pour toi aujourd'hui. Est-ce que ton patron est là ou pas ?

- Bonsoir Abdallah, oui il est là. Pourquoi ?

- Je dois te parler.

Il baisse la voix : 

- Je ne veux pas être entendu, ça ne va pas lui plaire...

- Tu veux que je vienne chez toi ?

- Oui, viens, si tu peux...

- Je vais juste le prévenir que je sors, prendre mon sac à main et j'arrive... Attends-moi...


Elle revient au bout de quelques minutes, et une fois la porte fermée derrière elle :

- C'est bon, je lui ai dit que j'allais voir Samia parce qu'hier soir il était méfiant, il croit que tu essayes encore de me séduire et il m'a encore fait son speech.

- Samia est chez moi pourtant.

Il rit.

- Oui, c'est vrai. Mais il ne peut pas m'empêcher de la voir.

Il hèle un taxi.


Une fois assis, Capucine demande :

- Tu as une belle voiture et en plus une camionnette pour tes tournées. Pourquoi toujours prendre le taxi ?

- Parce que les taxis égyptiens sont très forts pour arriver à se faufiler partout rapidement. Circuler au Caire est une horreur autrement, tu as bien dû le remarquer depuis le temps que tu y vis !

- Oui, c'est vrai, c'est comme Paris. Sauf que là-bas les taxis sont très chers et les gens prennent le métro... Ta voiture te sert à quoi alors ?

- Pour me rendre chez des amis ou de la famille qui vit plus loin, comme mon frère qui habite dans le sud par exemple... même si c'est vrai que je n'y vais pas souvent...

- Tu voulais me dire quoi au fait loin des oreilles de mon patron ?

- Attends, pas tout de suite, chez moi.

- Tu m'intrigues...

Il sourit...


- Je vais d'abord aller faire un petit coucou à Samia. Elle est où ?

- En train de finir de préparer le dîner dans la cuisine. Je t'invite.

- Merci...


Elle retrouve ensuite Abdallah dans le salon.

- Samia t'apprécie beaucoup.

- C'est réciproque. 

Il est songeur :

- Tu penses que c'est possible d'être ami avec sa propre domestique ?

Elle trouve sa question étrange :

- Je ne sais pas, je n'ai pas de domestique. Je pense qu'on ne choisit pas avec qui le courant passe bien ou non de toute façon. Et puis... je suis contre le système hiérarchique. On est tous pareils, des humains, et mieux encore...

Elle songe à l'extase provoquée par la voix de Matthew qui lui faisait ressentir cette unité du monde et du non monde.

Abdallah avait dans la tête qu'un jour Samia serait l'employée de Capucine aussi si elle devenait sa femme. La jeune fille n'a même pas saisi l'allusion. Elle est perdue à présent dans l'illusion auditive de la voix de Matthew et la contemplation extatique...

PIERRE DE FEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant