Chapitre 28

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/!\ Le chapitre qui suit comporte une scène explicite, autrement dit, un lemon. Si un tel contenu vous gêne ou vous met mal à l'aise, je vous conseille de poursuivre votre lecture au prochain chapitre. Pour les autres, je vous souhaite une agréable lecture ! /!\




« Aimer est le plus grand point, qu'importe la maîtresse ?

Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. »

-Alfred de Musset


Adonie fut escortée jusqu'à la cellule de Chesna dans un silence glacial. Comme elle l'avait présagé, la démone se trouvait à un étage bien spécifique, dans des geôles conçues pour contenir des ennemis de taille et d'une puissance redoutable. Des geôles dans lesquelles la magie n'opérait pas et qui se révélaient impénétrables. L'ange qui accompagnait Adonie, une femme à l'allure sévère, ne décrocha pas un seul mot et s'arrêta devant la porte close. La prisonnière se mordit la lèvre et se décida à poser la question qui la brûlait :

— Puis-je rester avec elle ?

Elle vit tout nettement les lèvres de son interlocutrice se pincer, cette figure froide, sévère et intransigeante aux allures inhumaines. La plus jeune n'insista pas et pria simplement pour qu'elle accède à sa requête sans poser de question. Elle ne se sentait pas de taille à arguer quoi que ce soit et la face grave, un brin méprisante, de cette femme lui laissait entendre qu'elle n'obtiendrait sans doute pas gain de cause si aisément.

— Pourquoi le ferais-je ?

— Elle sera probablement condamnée à mort au terme du jugement et je risque la même peine, vous pouvez nous accorder un dernier souhait.

— Et si vous en profitez pour planifier votre évasion ?

— J'ai vécu ici, rétorqua Adonie, se faisant violence pour ne pas se montrer trop rude. Je sais que nous n'avons aucune chance de nous échapper vivantes. Je suis peut-être une traîtresse à vos yeux, mais je n'ai pas perdu mon bon sens. Si je possède encore une chance de réchapper d'ici vivante, je compte bien ne pas risquer de la briser en tentant une évasion suicide.

— Ta parole ne vaut plus rien. Nous te respections tous parce que tu es la fille d'Asmodel, mais maintenant, tu n'es plus la fille de personne, cingla l'autre, sèchement.

— Non, vous ne me respectiez pas ! Vous m'enviez ma place et vous n'attendiez qu'une erreur pour me la voler. Je n'appelle pas cela du respect, mais de la jalousie. Un péché bien laid pour vous qui vous dites si vertueux !

Les deux femmes se jaugèrent en silence sans qu'aucune n'agence le moindre mouvement. Adonie détaillait les traits anguleux de ce visage honni. Elle avait été de ceux qui avaient convoité son rang et les privilèges, factices, dont elle disposait. Un être rongé par l'ambition et bien loin des vertus exemplaires que les anges étaient supposés représenter. Elle se rappelait précisément chaque duel qui les avait opposés sans que cette femme ne se distingue de tous les autres. Elle avait été l'une des multiples composantes de cette masse, de ces railleries, de cette solitude qui avait étreint Adonie durant ces décennies. L'ange eut envie de revenir sur ses bonnes dispositions et de cracher au visage de cette rivale tout le mépris qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de lui témoigner. La compétition, les rivalités et les relations tendues qui liaient les anges n'étaient pas nées d'hier, elles faisaient rage depuis des siècles, peut-être même des millénaires. Chacun voulait sa place, chacun voulait posséder un titre, être respecté et si le refuge céleste pouvait être qualifié de paradis, il n'avait rien de parfait pour autant.

Au diable les angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant