On raconte qu'un jour, le méchant sophiste Glaucon entreprit de mettre en peine le bon sage Socrate, qui s'était moqué de lui à plusieurs reprises, à raison, néanmoins. Pour ce faire, il lui posa une question qui avait tourmenté par le passé nombre de philosophes : qu'est-ce que l'homme ?
« Mon oreille me gratte » avança Socrate.
Suite à quoi Glaucon lui tint à peu près ce langage :
« Hein ?
— Mon cher Glaucon, si j'étais un rocher, un arbre ou tout autre objet inanimé, penses-tu que je pourrais me gratter l'oreille ?
— Certes non, Socrate.
— Ne conviens-tu pas par ailleurs, mon très cher Glaucon, que si j'étais tout autre animal qu'un homme, par exemple un furet, je me gratterais aussitôt l'oreille ?
— Certainement, Socrate.
— Par conséquent, si j'ai la possibilité de me gratter l'oreille, mais que je ne le fais point, c'est que je ne suis point un être inanimé, et que parmi les êtres animés, je suis le seul ne se grattant pas l'oreille. Ne venons-nous pas ainsi de découvrir ce qui différencie l'homme de toutes les autres créatures ? Il est capable de ne pas se gratter l'oreille, mais ne le fait point, pour les besoins de la démonstration.
— Je te déteste, Socrate.
— Comme tu me détestes, mon cher Glaucon, n'as-tu pas envie de fracasser mon nez déjà bien moche ? »
Précisons que Socrate était, en effet, moche, ce qui a été confirmé par Platon.
« Assurément, Socrate.
— Pourtant, tu t'en abstiens, car l'équilibre de la société exige que nulle violence ne s'exerce ainsi, d'un citoyen sur un autre citoyen. C'est donc que tu es sans doute un homme, mon cher Glaucon. »
Sa démonstration imparable étant terminée, Socrate s'éclipsa discrètement en se grattant l'oreille.
Adrian von Zögarn, Rapporté par l'équipage de l'Indra
« Nous sommes entrés dans le système Sol. Aucune planète habitée à trois systèmes à la ronde, ce qui veut dire qu'il serait bon de négocier avec les occupants de la Terre. »
Adrian fit afficher une vue de la planète, entourée d'une cohorte de satellites artificiels et de débris.
« Par où commencer... » soupira-t-il.
Il posa sa paume sur un sous-continent modeste et, de l'index, désigna un point précis.
« C'est ici que j'ai observé, et même goûté, la meilleure tourte au fromage de tout l'univers. »
Le panel des officiers de l'Indra ne sembla pas convaincu par cette révélation ; Sahir parvint à garder son sérieux.
« Pourquoi ce système se nomme-t-il « Sol » ? lança Ek'tan, comme un examinateur qui multiplie les questions intermédiaires pour aider son candidat démuni.
— Eh bien, vous savez que tous les almains partagent une même base génétique humaine. À moins d'avoir été inventée par les dieux, il faut bien que notre espèce soit apparue quelque part. Sol est le berceau de l'humanité. Il y a cent mille ans, alors qu'aucun des autres mondes n'était peuplé, on trouvait déjà des humains sur la Terre.
— Intéressant... combien sont-ils ? Quel est leur niveau technologique ? À quoi ressemble leur système politique ?
— Beaucoup. Moyen. C'est compliqué. Aujourd'hui, on doit être entre l'an 2000 et 2010, ils sont six ou sept milliards. Ils envoient des satellites dans l'espace avec des fusées chimiques, ils ont la fission nucléaire, la radio, le télescope et le microscope à effet tunnel. Et puis, ils ont inventé le transistor, donc leurs calculateurs sont très bons – meilleurs que les vôtres. Ce sont des pros de l'automatique. Ils ont envoyé des humains sur leur satellite, et des robots un peu partout dans le système.
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Nolim II : Le dévoreur d'étoiles
FantasyKaldor est vaincu. Le dévoreur d'étoiles est libre. Sorti de sa prison céleste, il ne lui reste plus que quelques années de voyage avant d'atteindre les premiers systèmes stellaires de l'Omnimonde. Kaldor avait un plan pour le vaincre. Mais ce plan...