En 2003, Jim Denrey venait tout juste d'arriver à la direction du Bureau Transnational de Sécurité.
L'idée du Bureau avait germé des décennies plus tôt, lors de réunions orageuses du Conseil de Sécurité de l'ONU. Les cinq membres permanents du Conseil, des États disposant d'un poids économique encore important dans le paysage terrien, obtenaient de rares ententes dans le registre sécuritaire. Face à l'émergence de nouvelles menaces transnationales, qui les concernaient tous, certains États avaient proposé que l'on dépasse les différents habituels des agences de renseignement existantes, en créant une nouvelle instance dotée de moyens prospectifs et opérationnels, opérant dans le secret, sous l'égide du Conseil.
On créa ainsi le Bureau d'Évaluation des Risques. Mais le Bureau naquit dans la douleur et, durant plusieurs années, il végéta sous forme larvaire, comme un insecte au stade de nymphe, attendant vainement la mutation qui ferait de lui un fantastique papillon.
Les bouleversements que connut le monde au début des années 2000 n'entraînèrent pas le Bureau dans leur course ; pire, il fut mis de côté, remisé au placard, et son budget déjà peu mirobolant fondit.
Cependant, le Bureau fut sauvé par le réchauffement climatique, ce qui fut à peu près la seule conséquence positive de cette vaste catastrophe écologique.
La combustion excessive de ressources fossiles par les terriens commençait à influencer le climat ; depuis 1960 les glaciers reculaient comme une armée en déroute. À l'été 2003, un bloc de glace de milliers de tonnes se détacha d'une île nommée le Groenland, et s'écrasa mollement dans les eaux de l'océan Atlantique, révélant les débris métalliques d'un vaisseau pris dans les glaces depuis deux mille ans.
Un appel téléphonique historique eut lieu entre le Danemark, dont le Groenland était une entité administrative semi-autonome, et les États-Unis d'Amérique. Pays le plus puissant du monde à cette époque, mais fragilisé par de nouvelles guerres incertaines, on rapporte que États-Unis furent sermonnés d'avoir caché l'objet de certaines recherches effectuées dans une ancienne base militaire secrète, le Camp Century, et poursuivies dans la base moderne de Thulé. L'affaire remonta plus haut. La Guerre Froide, qui avait mobilisé la planète durant des décennies, venait tout juste de s'éteindre sous sa forme primaire ; l'heure était propice à ce que des instances multipartites ressortent du placard et se voient confier des missions originales.
En faisant du rangement, on découvrit l'existence du Bureau d'Évaluation des Risques, réduit à un cabinet de la taille d'un local à poubelles, où un diplomate et un stagiaire rédigeaient, tous les ans, un rapport des menaces sur la stabilité mondiale. Attaques informatiques sur des centrales électriques, réchauffement climatique – avant qu'il ne devienne un sujet d'actualité – attaque extraterrestre, faisaient partie des sujets évoqués en trente années de rapports stockés dans les archives de l'ONU.
On réaffecta quelques personnels désœuvrés au tout jeune Bureau Transnational de Sécurité, dont la première mission fut de rédiger un rapport sur l' « objet du Groenland ». La datation de la glace environnante fut formelle : deux mille ans. La technologie : inconnue. Le vaisseau, en forme de disque plat, était tombé de l'orbite. Il s'était brisé en deux, la moitié coulant dans l'océan, le reste se prenant dans les glaces.
Le tout jeune Bureau changea deux fois de directeur en six mois, car les États membres du Conseil de Sécurité guerroyaient pour imposer leur préférence. Un homme parvint toutefois à gagner l'assentiment : Jim Denrey, diplomate britannique.
« Mais que faites-vous donc, monsieur Denrey ? » devint la phrase préférée du Conseil.
Denrey faisait avec les moyens du bord, et les moyens du bord ne lui permettaient même pas de se verser un salaire, ni d'avoir un secrétaire, ni plus d'un seul téléphone. Faute de moyens opérationnels, les expéditions au Groenland furent menées par l'armée américaine. Denrey ne dirigeait encore que le troisième étage d'un immeuble de bureaux, dans lequel une poignée d'analystes farfelus rédigeait des rapports à partir de recherches sur Internet.
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Nolim II : Le dévoreur d'étoiles
FantasyKaldor est vaincu. Le dévoreur d'étoiles est libre. Sorti de sa prison céleste, il ne lui reste plus que quelques années de voyage avant d'atteindre les premiers systèmes stellaires de l'Omnimonde. Kaldor avait un plan pour le vaincre. Mais ce plan...