30

79 6 0
                                    

Durant les cinq premières heures, Christophe et Alexandre n'eurent de cesse de parler des affaires et de la manière dont ils pourraient vendre leur whisky, à leur client. Arya et Marie, quant à elles, discutèrent, pendant un certain temps, avant que Marie ne s'endorme, sur l'épaule de son voisin. Christophe n'avait alors pas fait long feu et c'était endormit, à son tour, sous les regards amusés et attendris de son ami et d'Arya.

- Ils vont plutôt bien ensemble.

Le comte Griffind sourit pour confirmer les propos de sa voisine. Arya nota qu'Alexandre était beaucoup moins bavard, qu'à l'habitude, depuis le départ. Ses conversations se cantonnaient aux affaires. Arya lui donna un petit coup d'épaule.

- Vous êtes beaucoup moins loquace que d'habitude... Déjà que, de base, vous ne l'êtes pas beaucoup. Êtes-vous également malade en calèche ? Lui demanda-t-elle.

- Non, pas vraiment. Ce voyage me paraît tellement étrange.

- Étrange ? En quoi ?

Alexandre prit une longue inspiration. De parler lui ferait, sans doute, le plus grand bien. Arya était, sûrement, la plus à même de comprendre et de l'entendre.

- C'est la première fois que je vais conclure une affaire, accompagné d'une femme.

- Et cela vous perturbe tant que ça ?

- Plus jeune, et plus utopique aussi, j'avais toujours imaginé que je me marierai avec une femme, qui m'accompagnerait dans mes déplacements afin que nous ne soyons jamais séparés. J'ai souffert de l'absence de mon père, pour cause de ses affaires, et je ne voulais pas reproduire cela sur ma famille.

- Ce qui est une bonne chose.

- Oui... Néanmoins, avec le temps, j'ai petit à petit laissé de côté cette idée de fonder la famille que je m'imaginais. Les jeunes femmes, que j'ai pu rencontrer, et, je pense, les demoiselles pour la grande majorité, dans ce pays, ne souhaitent pas d'une vie, comme la mienne. Elles souhaitent un foyer confortable avec assez de ressource pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur progéniture. Les voyages d'affaire et la compagnie de leur mari les intéressent de moins en moins.

- Vous avez une image des femmes très dévalorisante.

- Mais réaliste... Vous avez pu le remarquer, je pense.

- Peut-être que Mademoiselle De Jolie n'est pas de ce genre. Après tout, elle n'est pas de ce pays. Essaya de le rassurer Arya.

- Je ne me fais pas d'illusion, à ce sujet. Elle ne sera là que pour s'assurer de la descendance de mon nom.

Arya n'aimait pas entendre le comte parler de la sorte. Il méritait tellement plus qu'une femme qui ne soit là que pour tomber enceinte. Elle l'observa, sans rien dire. Arya n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi il était seul. Elle ne pouvait pas croire qu'aucune femme ne puisse lui correspondre. Le comte Griffind sentit son regard insistant.

- Pourquoi me dévisagez-vous, ainsi ?

- Je ne comprends pas.

- Vous ne comprenez pas ?

- Vous êtes une personne extraordinaire, Alexandre. Vous avez des qualités humaines magnifiques. Certes, vous n'êtes pas très loquace et bien maladroit dans vos propos mais vous êtes une personne bonne et tendre. Je ne peux pas croire que vous ne puissiez pas trouver une jeune femme intègre et qui vous correspond. Il doit bien en exister.

1850 [terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant