Arya s'éloigna rapidement de l'entrée de la demeure. Blessée et honteuse, elle chercha un coin plus calme où se poser. Tout se mélangeait dans son esprit. Pourquoi était-elle partie de la réception ? Elle avait montré sa faiblesse. Elle aurait dû faire face à Meredith et lui rendre la monnaie de sa pièce. Arya déboucha face à une fontaine, où elle prit place. Ses pensées allèrent à ses parents et son frère. C'était dans ces moment-là qu'ils lui manquaient le plus. Elle n'arrivait plus à réellement trouver sa place, depuis qu'ils étaient décédés. Elle avait l'impression d'être de trop, partout où elle se trouvait, et encore plus dans ce siècle où tout sonnait faux. Elle s'était imaginée pouvoir surmonter tout ceci, au côté d'Alexandre, mais, petit à petit, elle prenait conscience qu'aucun miracle n'allait se produire. Le comte finirait par se marier et elle devra quitter la demeure, pour retourner dans son monde, sans Marie. Cette perspective lui mina le moral, un peu plus.
- Vous ne devriez pas rester là. Vous allez attraper froid.
Arya observa Alexandre. Le comte s'approcha d'elle, essoufflé de lui avoir couru après. Elle reporta son attention sur les poissons, de la fontaine.
- Ne les écoutez pas, Arya. Elles se pensent intéressantes. Il vaut mieux les ignorer.
- Les ignorer ? Sérieusement ? Voilà tout ce que vous me conseillez ? Les ignorer ?
- Arya...
- Non, pas d'Arya. Je suis furieuse. Non en fait, non, je ne suis pas furieuse, je suis profondément blessée ! Personne ne mérite d'être traité ainsi, personne ! Je ne suis pas dénuée de sentiments ! Même si je peux montrer une certaine force de caractère, je suis sensible... Fragile...
Arya ravala un sanglot. Elle tapa du point sur le bord de la fontaine.
- Savez-vous ce que je souhaite, à ce moment précis ? J'ai juste envie de retrouver mes parents et d'entendre mon frère me taquiner quant au fait que j'aurai dû casser la figure de cette pimbêche ! Mais... Je ne peux pas... Je ne pourrai jamais... Parce que je suis seule désormais ! Seule ! Et personne ne pourra rien pour moi !
Le comte ne répondit pas à son interlocutrice, le visage fermé. Il s'approcha d'elle et la serra, dans ses bras. Arya ne montra aucune résistance, ayant besoin d'une épaule solide sur laquelle se reposer, pendant quelques secondes. Ils restèrent ainsi, plusieurs minutes, avant qu'Alexandre ne s'éloigne, déterminé.
- Venez...
Il saisit la main de sa cavalière et la guida, vers la demeure. Elle émit certaines réticences et le fit sentir, en ralentissant le pas. Alexandre se tourna vers elle et lui caressa la joue.
- Faites-moi confiance, Arya.
Sa cavalière sembla hésiter mais acquiesça, finalement, et le suivit, sans rien dire. Elle avait besoin de se laisser guider et qu'on la protège, à cet instant. Il la laissa, à quelques pas de Meredith, et alla retrouver son ancienne conquête. Les invités, ayant assistés à la précédente scène, reportèrent leur attention sur le couple. Le groupe de demoiselles se tourna vers le comte. Meredith s'arbora d'un immense sourire, pour l'accueillir.
- Mon cher Alexandre, te voilà de retour. Nous nous demandions où tu étais passé. Nous avions même cru, un instant, que tu étais parti consoler ton employé.
Les amies de Meredith rigolèrent à sa remarque. Le comte Griffind se ferma, totalement, et les fusilla du regard. Les éclats de rire stoppèrent, nets.
- Je tenais à revenir, sur certain point, avec vous. Arya, que vous avez humiliée, est ma cavalière. Celle que j'ai choisie pour m'accompagner, dans ce voyage, dans cette aventure. Je ne vous ai pas contacté, à mon arrivée à Londres, parce que je n'avais aucunement envie de passer du temps, en votre compagnie. J'ai trouvé beaucoup mieux... Insultez-la, à nouveau, et je ne me gênerais pas pour vous attaquer, à mon tour. Vous êtes des plus pitoyables.
Arya redressa son visage, surprise. Elle qui pensait qu'Alexandre ne pouvait pas être plus dur que ce qu'elle avait déjà vu... Le comte Griffind revint à sa rencontre et lui saisit la main pour l'emmener, à l'extérieur, sous le regard honteux et rouge de Meredith. Certains des invités les applaudirent et sourirent à Arya.
Le comte demanda aux domestiques de leur apporter leurs manteaux. Il ne souhaitait plus imposer toute cette hypocrisie à sa cavalière. Il devait la protéger, c'était son rôle. Alors qu'ils s'habillèrent, un couple vint à leur rencontre. Arya reconnut la dame avec qui elle avait discutée, en compagnie de Marie, autour du buffet. Nathalie salua le comte et saisit les mains de la blessée, navrée.
- Je suis vraiment désolée, pour ce malheureux évènement...
- Ce n'est pas grave... Je suis surtout honteuse d'avoir pu entachée l'ambiance de cette si belle réception.
L'homme tendit la main à Alexandre. Le comte la lui serra, étonné de l'intimité des deux femmes.
- Monsieur Griffind, je suis heureux de vous avoir vu, ce soir. Que diriez-vous que nous nous revoyons, demain, pour discuter affaire ?
- Affaire ? Je pensai que notre marché ne vous intéressait pas ?
- Ce soir, une demoiselle m'a fait comprendre que si nous voulions de la qualité, il fallait aller la chercher là où elle se trouvait – Lui répondit Nathalie, souriant à Arya – Monsieur Griffind, faites-moi le plaisir de ne jamais laisser partir cet oiseau rare.
Elle se tourna vers Arya.
- Bonne soirée et j'espère vous voir, vous et votre amie, demain. Les rendez-vous d'affaire m'ennuient énormément. Je serai heureuse d'avoir de la compagnie, pour discuter.
Arya avait perdu le fil de la conversation et acquiesça. Ils saluèrent le couple et montèrent dans la calèche, silencieux. Alexandre arborait, désormais, un immense sourire.
- Avez-vous discuté avec Mme Getway ?
- Mme Getway ? Vraiment ? Je ne savais pas que c'était elle...
Alexandre rigola, franchement, de l'air candide de sa cavalière.
- Vous êtes extraordinaire, Arya ! Grâce à vous, nous avons de fortes chances de conclure le marché !
- Oh... J'en suis heureuse.
Elle sourit de ce dénouement, plus que surprenant. Elle pensa à sa discussion avec Nathalie. Comment en était-elle arrivée à faire cela ? Rapidement, ses pensées allèrent à l'attitude d'Alexandre.
- Merci à vous d'avoir pris ma défense. Vous n'étiez pas forcé de faire cela.
Alexandre sourit et attrapa la main, de sa cavalière, dans la sienne, en guise de réponse. Arya détourna le regard pour qu'il ne puisse pas voir sa gêne.
- Oh ! Nous avons oublié Chris et Marie. Se reprit-elle.
- Pas vraiment. Chris avait prévu quelque chose de spécial, ce soir, pour votre amie.
- Non ?
Le comte sourit et acquiesça. Arya rigola, heureuse de savoir que le rêve de Marie allait, enfin, devenir réalité. Elle aurait donc le droit à son baiser.
Une fois arrivé, à l'hôtel particulier, Alexandre aida Arya à descendre de la calèche et l'accompagna jusqu'à sa chambre. Ils avaient discuté, durant tout le trajet, des projets du comte si l'affaire se concrétisait. Arya était heureuse de le voir aussi motivé et ressentit une pointe d'espoir quand elle comprit qu'il parlait du futur en l'incluant. Lorsqu'ils atteignirent la porte des appartements, elle réalisa qu'elle tenait encore la main de son cavalier. Elle la lâcha, gênée.
- Merci de m'avoir raccompagnée. Je pense pouvoir trouver mon chemin, maintenant...
- Je sais. Cela ne fut juste qu'un plaisir, pour moi. Passez une bonne nuit Arya.
Il lui fit une révérence et s'éloigna. Arya referma la porte de sa chambre et se changea pour rejoindre son lit. Elle était passée par toutes les émotions, durant cette réception, mais, finalement, tout semblait être rentré dans l'ordre. Alexandre lui avait montré son soutien, sans faille, et il allait pouvoir signer l'affaire du siècle. Elle soupira, satisfaite de la situation et ferma les yeux, pour trouver le sommeil.

VOUS LISEZ
1850 [terminé}
Ficção GeralArya n'a jamais cru à l'art occulte. Néanmoins, le soir où elle se retrouve entraîner dans l'appartement d'une voyante, elle ne peut que se résigner à suivre sa meilleure amie, dans une séance bien particulière. Une séance qui changera sa vie et la...