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Arya reposa ses couverts, après avoir terminé son morceau de viande. Le repas se déroulait mieux qu'elle ne l'aurait imaginé. Alexandre lui posait de nombreuses questions mais rien d'insurmontable. Elle était surprise de l'intelligence de son interlocuteur. Le comte semblait lire en elle, facilement. Il devinait quand un sujet ne plaisait pas à son interlocutrice et en changeait rapidement.

- Donc, vous faites de l'import-export de marchandises ? Demanda Arya.

- C'est bien ça. Principalement du whisky, mais il m'arrive d'organiser des voyages pour des meubles. En parallèle, je gère les terres qui m'entourent.

- Intéressant. Vous avez donc un important réseau.

- Il le faut. Voilà pourquoi je dois me rendre dans les bals et soirées mondaines. C'est là-bas que je peux trouver des clients.

- Pas de chance. Lui répondit Arya, compatissante.

Elle poussa un hoquet de surprise, lorsqu'elle découvrit les desserts, apportés par les domestiques. Des ribambelles de gâteaux défilèrent, devant ses yeux. Elle arrêta Chloé, au passage.

- Tu as fait tout ça ? Mais quand as-tu pu trouver le temps ?

- Je suis pleine de ressource, que crois-tu !

- En tout cas, plus que pour la coiffure... La taquina sa nouvelle amie.

- Dans ce cas, je ne peux que te demander de profiter de ce talent. Conclut Chloé, avant de saluer le comte et de disparaître dans la cuisine.

Lorsque la porte fut refermée, Arya sourit pour elle-même.

- Vous semblez bien vous entendre. Remarqua Alexandre

- Oui, elle est adorable et bon délire !

- Bon délire ? Je ne vous cache pas que vous avez des expressions qui me sont, totalement, étrangère.

- J'aurai également des choses à vous apprendre, dans ce cas. Donnant donnant.

Arya termina le repas avec l'impression d'avoir bien trop manger. Elle n'était pas habituée à avoir autant de nourriture, à disposition. Elle n'avait pas écouté son estomac, lorsqu'il lui faisait savoir qu'il était plein à craquer. Elle voulait rendre honneur aux cuisines. Alexandre regarda l'horloge, de la pièce, et se leva de table.

- Je suis désolé mais je vais devoir vous laisser. J'ai eu une journée compliquée et la fatigue se fait sentir.

- Je comprends. Merci pour ce dîner et l'aide que vous m'apportez. Je vous serai à jamais reconnaissante. Conclut son invitée.

Arya le salua d'un signe de tête et sortit de la pièce. Le repas avait été des plus agréables et le caractère du comte surprenait Arya. Il semblait tellement froid, par moment, alors qu'il suffisait que de quelques secondes pour qu'une lueur de malice apparaisse, dans ses yeux, contrastant avec son air guindé. Arya était certaine que cette froideur n'était qu'une carapace et elle allait s'atteler à la briser. Après tout, s'ils devaient faire colocation, autant entretenir une bonne entente. Peut-être était ce aussi une manière de se comporter, en société ? Tout était tellement différent de son époque. Une envie pressante la surprit. Arya partit à la recherche des toilettes, lorsque Chloé lui sauta dessus.

- Alors ?? N'est-il pas plaisant ?

- Je dois avouer qu'il est charmant. Mais, j'ai autre chose en tête, pour le moment. Peux-tu me dire où se trouve les cabinets ?

- Bien sûr. Suis-moi.

Chloé l'emmena, au bout d'un des couloirs, et ouvrit une porte, dissimulé par le grand escalier. Là, se trouvait un meuble en bois, un trou en son centre. Arya recula d'un pas et cacha son dégoût.

- C'est ça vos toilettes ?

- Oui. Ce sont les dernières. Le maître les a faite installés, il y a quelques semaines.

- Oh... La chance...

Elle détailla le siège en bois. Tout semblait nettoyé et l'odeur n'était pas mauvaise.

- Bon, je me lance... Au moins vous avez du papier toilette...

- Je t'attends.

Arya sortit rapidement des toilettes, se sentant à l'exigu dans la petite pièce. Elle devait s'avouer surprise de la propreté, de la petite pièce, sûrement bien plus entretenue que ses propres toilettes. Chloé lui fit signe, du bout du couloir.

- Henri a allumé le feu ! Il faut que tu viennes voir ça !

La nouvelle venue regarda par la fenêtre, pour y découvrir d'immenses flammes, dans une cour, qu'elle ne connaissait pas encore.

- On y va ? Demande Arya, à Chloé, excitée.

- Bien sûr ! La première arrivée ?

- Je n'ai plus l'âge de jouer à ces jeux...

- Oh...

Avant que Chloé ne puisse répondre à la remarque, Arya se mit à courir, vers la porte d'entrée. La domestique marqua une pause, de surprise, pesta et éclata de rire, à la poursuite de son amie. Les deux femmes croisèrent Alexandre et le saluèrent, sans s'arrêter pour ne pas perdre la course. Le comte les observa, avant de rentrer dans sa chambre. Il se dirigea vers sa fenêtre pour observer la fête de son personnel. Il remarqua Chloé et Arya, dans leur course folle, pour rejoindre le groupe. Il sourit, ne pouvant s'empêcher de se refaire la remarque que son invitée était, vraiment, des plus spéciales. Se mélanger aux domestiques ne semblait pas la déranger, outre mesure. Pourtant, ses manières, son éducation et sa culture montraient qu'elle n'était pas d'une classe inférieure. Néanmoins, elle traitait tout le monde comme s'ils étaient sur un même pied d'égalité. Il ferma ses rideaux et se changea, pour rejoindre son lit. Une longue journée l'attendait, le lendemain.

1850 [terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant