1850 [terminé}

19

Arya sentit le stress l'envelopper. Qu'allait-il penser de sa tenue ? Saurait-elle se mêler à la foule de ce soir ? Du haut des escaliers, elle observa Alexandre, le dos tourné en train d'enfiler sa veste. Il était vêtu d'une chemise blanche agrémentée d'un gilet gris, par-dessus. Son pantalon était noir et sa veste, de la même couleur, descendait derrière les genoux. Elle commença à descendre les escaliers, lorsqu'il se tourna. Alexandre l'observa, bouche bée, laissant sa veste pendre, dans le vide. Chloé avait fait un somptueux travail et son invitée portait la robe à ravir. Elle avait le maintien d'une reine. Il vint à sa rencontre, tout en finissant d'enfiler sa veste, et lui saisit la main pour y déposer un baiser. Arya lui sourit.

- Vous êtes resplendissante...

- Vous n'êtes pas mal, non plus.

- Il manque juste quelque chose. Tournez-vous.

Arya s'exécuta. Alexandre lui accrocha un collier de perles blanches. Elle se tourna vers lui et saisit le bijou, autour de son cou.

- Je... Je ne peux pas accepter il est...

- Je ne veux rien entendre. Nous devons y aller. Après vous.

- Merci...

Arya monta dans la calèche, n'oubliant pas d'attendre l'aide de son cavalier. Les domestiques lui firent un dernier geste de la main et l'encouragèrent, par leurs sourires. Le trajet se fit dans le silence, elle était beaucoup trop angoissée pour discuter avec le comte. Ce dernier sentit son malaise et posa sa main, sur celle de sa cavalière.

- Tout va bien se passer. Je suis sûr que vous allez très bien vous intégrer. Je ne vois pas qui pourrait ne pas vous aimer.

- Je ne sais pas... Vous savez, je peux être trop spontanée et oublier tout ce que vous m'avez appris... Je réagis sur des coups de tête...

- Quoi qu'il se passe, je suis fier de vous et des efforts que vous faites pour vous intégrer.

La calèche s'arrêta et un homme, en uniforme rouge, vint leur ouvrir la porte. Alexandre sortit le premier et tendit la main à Arya. Elle hésita, un instant, avant de la saisir et de se jeter dans l'arène. Ils se trouvaient, désormais, devant une immense bâtisse, en pierre rouge. Toutes les pièces semblaient illuminées, à l'intérieur. Un escalier en marbre blanc conduisait jusque l'entrée de la maison où des domestiques s'occupaient de récupérer les affaires des invités. Les femmes étaient toutes habillées de robes extravagantes et portaient de grande coiffe, d'où s'échappait des bouclettes. La discrétion n'était pas leur qualité et les dires de Christophe, plus tôt dans la journée, se confirmèrent. Chacune voulait attirer l'attention. Certaines jeunes femmes la dévisagèrent alors que d'autres lançaient des sourires charmeurs, à son cavalier. Alexandre salua certaines connaissances. Il sentait l'attention sur lui, chose à laquelle il était habitué. Il était un bon parti, pour toutes les demoiselles de la ville, et chacune essayait de marquer des points. Néanmoins, maintenant qu'il était au côté d'Arya, il ne souhaitait pas qu'elle pâtisse de sa situation. Il savait comment les femmes pouvaient se comporter. Il devait la protéger des jalousies. Alexandre observa sa cavalière, perdue. Arya regardait tout autour d'elle, à la limite de la panique. Ce n'était pas son monde. Ce n'était pas ce qu'elle aimait. Elle faisait cette effort, pour lui. Il lui attrapa la main, pour la rassurer. Des murmures se firent entendre, sur leur passage. Il savait que les commérages allaient y aller bon train mais cela ne le touchait guère. Sa cavalière lui sourit et ils rejoignirent les portes de la demeure où ils donnèrent leurs vestes aux domestiques. Arya remercia ces derniers, ce qui fit sourire Alexandre.

- Pour le moment, vous vous en sortez très bien...

- Merci...

- Venez, je vais vous présenter Monsieur et Madame Bruni. Ils sont gentils et ne cache pas leur plaisir de faire votre connaissance.