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Le groupe galopa, plusieurs minutes, dans les Highlands, regardant dans les alentours. Ils se dispersaient, dans les endroits où les rochers étaient nombreux. Ils traversèrent plusieurs fermes où les réponses étaient toutes identiques : personne n'avait rien vu. Arya sentit son moral retombé, petit à petit. Peut-être aurait-elle dû demander à faire les recherches, hier, plutôt que ce matin ? Ils étaient partis de là où elle avait été trouvée mais Marie aurait pu atterrir, à un tout autre endroit. Et si son amie n'était pas en Écosse ? Arya ne put profiter, bien longtemps, de la beauté des paysages l'environnant. Elle ne pensait qu'au danger que Marie avait pu y rencontrer.

Le groupe s'aventura dans une nouvelle cour où le niveau de vie semblait considérablement plus élevé, que les fermes qu'Arya avait pu visiter jusqu'ici. Une grande bâtisse se dressait, désormais, devant elle. Elle était, certes, moins imposante que le manoir du comte, mais assez grande pour laisser deviner que son propriétaire était aisé. De nouveau, Henri descendit du cheval et toqua à la porte d'entrée. Un domestique vint lui ouvrir.

- Bonjour Henri ! Comment vas-tu ? Qu'est ce qui t'emmène ici ?

- Bonjour Bernard. Nous avons besoin d'un renseignement.

Le prénommé Bernard se tourna vers Arya et Alexandre, avant de leur adresser une révérence. Le comte Griffind lui répondit par un simple signe de tête, ce qui surprit sa protégée. Jusque-là, il avait été des plus sympathiques avec les habitants.

- Excusez mon comportement, Monsieur. Je ne vous avais pas remarqué, au milieu de vos écuyers. Si vous voulez bien rentrer, je vais appeler Monsieur Smith.

- Ne vous donnez pas la peine de le déranger. Vous pouvez très bien répondre à nos questions.

- Avec tout le respect que je vous dois, si je n'en informe pas Monsieur, il risque de m'en vouloir. Veuillez entrer, il fait meilleur dans le hall. Vous pouvez laisser les chevaux, dans la cour. Je vais demander aux cuisines de donner à boire, à votre personnel, pendant que vous vous entretenez avec le Maître.

Alexandre savait qu'il n'avait pas le choix et se laissa glisser, à terre. Il fit signe à Arya de le suivre. Cette dernière ne se montra pas enchantée à l'idée de devoir descendre du cheval. Elle fit une grimace, à son protecteur.

- Je ne suis pas sûre de pouvoir remonter, après... Ne puis-je pas rester avec vos domestiques ?

Alexandre la regarda, fermé. Arya comprit que la rencontre, qui allait se dérouler, n'enchantait pas le comte. Elle décida donc de se montrer docile, au minimum, au vu des efforts qu'il faisait pour elle et Marie. Elle se pencha, en avant, afin d'être plus stable dans sa descente. La voyant maladroite, le comte la soutint. Arya le gratifia du regard et ils entrèrent dans le hall, où Alexandre l'aida à enlever son manteau pour le donner à un domestique.

- Mon cher ami !!!

Arya et Alexandre se tournèrent, en même temps, vers le nouveau venu. Un homme aux cheveux noirs, accrochés en une queue de cheval, et aux yeux bleus, leur faisait désormais face. Ses traits étaient fins et durs. Il devait avoir le même âge qu'Alexandre. Il s'approcha d'eux et serra la main du comte, puis se tourna vers Arya.

- Mais que me ramenez-vous là ? Et vous ne nous présentez pas ?

- William, je vous présente Arya Dynalie. Arya, voici William Smith.

L'intéressée sourit à son interlocuteur. Le maître des lieux lui saisit sa main afin de l'y déposer un baiser. Gênée, elle la retira, rapidement, sous le regard amusé de son interlocuteur.

- Je suis heureux de vous rencontrer. Serait-ce la jeune étrangère que tu as sauvée ? Il est bien dommage que ce ne soit pas moi qui vous ai trouvé. Vous auriez eu droit à des tenues beaucoup plus... comment dire...

- Ma tenue me convient, parfaitement, mais merci de vous en inquiéter.

William haussa les sourcils, surprit de la réponse. Il lui fit une révérence.

- Je ne voulais, en rien, vous offenser... - S'excusa-t-il, avant de se tourner vers Alexandre. - Que dit votre mère de cette cohabitation, à quelques mois de votre union ?

- Nous ne sommes pas ici pour parler de ma vie personnelle. Nous aimerions savoir si vous n'aviez pas croisé, au cours d'une de vos chasses, une jeune femme française et seule. Elle devait porter des vêtements plutôt originaux.

- Cela ne me dit rien... Mais je resterai attentif, lors de mes sorties.

- Ce serait gentil, de votre part. Il s'agit d'une amie et je m'inquiète beaucoup, pour elle. Ajouta Arya, déçue de la réponse.

William lui sourit, charmeur, et lui reprit les mains.

- Je vous le ferai savoir, si je trouve qui que ce soit. En tous les cas, sachez que si vous devez quitter la demeure de Mr Griffind et que vous ne savez pas où vous rendre, ma porte est ouverte. Une présence féminine ferait du bien à cette demeure et vous ne manquerez de rien.

- Nous devons y aller. Merci de votre accueil.

Alexandre tourna le dos à William et attrapa Arya, par le bras, pour la faire sortir. Les écuyers n'avaient pas bougé, refusant l'offre de ravitaillement proposé. Arya devina, sans mal, qu'une rivalité pesait, entre les deux maisons. Elle adressa un signe de main au propriétaire des lieux. Bien que charmeur, il semblait vouloir l'aider. Henri plaça un escabeau, près du cheval d'Alexandre, et aida Arya à monter. Le comte la rejoignit sur la monture. William vint à leur niveau.

- Votre visite a été un réel plaisir, Mademoiselle. J'espère que nos chemins se recroiseront, à l'occasion, afin que nous fassions plus ample connaissance.

Arya lui sourit poliment, ne sachant pas vraiment comment réagir. Alexandre donna un coup de talon et devança le groupe. Le plus vite il serait sorti de cette propriété, le plus vite il se porterait mieux. Henri le rejoignit.

- Nous avons fait le tour, de toutes les demeures et fermes, des environs. Devons-nous continuer plus loin ?

Arya observa le groupe d'homme. Les écuyers semblaient exténués. Ils n'avaient pas mangé, depuis la veille, et la nuit avait été courte, pour eux aussi. Pour elle, les recherches étaient désormais vaines.

- Si je peux me permettre, cela fait plusieurs heures que l'on tourne. Je pense que nous avons besoin d'une pause et vous avez des rendez-vous, si j'ai bien compris. Dit-elle, en se tournant vers Alexandre.

Ce dernier fit un signe de tête à Henri. Le domestique alla informer le reste du groupe, de la décision. Le comte Griffind se pencha vers Arya.

- Je suis désolé que nous n'ayons rien trouvé.

- Ce n'est pas votre faute. Merci d'avoir essayé. J'ai eu de la chance de tomber sur vous.

Alexandre lui sourit, aussi déçu qu'elle. Il ne pouvait qu'imaginer dans quelle inquiétude vivait sa protégée.


1850 [terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant