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Arya et Marie s'installèrent dans leurs appartements. Elles ne cachèrent pas leurs surprises d'apprendre que la chambre d'hôtel, qu'elles s'imaginaient, était composée d'un salon, d'une immense salle de bain et de deux grandes chambres.

- Que s'est-il passé pendant le repas ? Se décida à demander Arya.

- Tu as bien raison, il est agaçant avec ses manières d'aristocrates ! Répondit Marie, visiblement encore sur les nerfs.

- Oh...

- Comment dire... On va dire que ta tendance à faire ce que tu veux, le dérange un peu.

- Comment ça ?

- Il pense que tout ceci est de la comédie...

Arya ne sut quoi répondre à son amie. Jamais elle n'aurait imaginé qu'Alexandre puisse avoir une image aussi négative et erronée d'elle. Marie comprit rapidement, qu'elle en avait trop dit. Elle savait ce que cela pouvait donner quand Arya était touchée, dans son orgueil. Elle allait reprendre la discussion pour apaiser les esprits quand on toqua à leur porte.

- Vous êtes attendues pour le repas, Mesdames.

- Merci. Nous descendons d'ici quelques minutes.

Arya finit de s'attacher les cheveux et enleva quelques mèches, de son chignon, pour les laisser encadrer son visage. Marie sourit de ce geste.

- Oh... Je reconnais cette coiffure.

- Je n'ai pas l'intention de manger avec lui.

- Et donc ?

- A notre époque, Londres est connu pour avoir pleins de pub sympa, non ? Peut-être qu'aujourd'hui c'est le cas.

- Soirée fille ? Questionna Marie, heureuse de la proposition.

- Soirée fille ! Enfin... Il va falloir éviter les robes. Je pense, qu'à cette époque, les femmes n'allaient pas souvent dans les bars ou étaient quelque peu embêtée. N'allons pas attirer l'attention.

- Oh ! Je m'en charge !

Arya finit de rassembler ses affaires, en attendant Marie. Elle repensa aux paroles rapportées par son amie. Pourquoi le comte Griffind la jugeait-il aussi durement ? Elle c'était totalement trompée sur les ressentis de son hôte et ce constat la blessait profondément. Marie apparut, telle une star, vêtue d'un jean, de converses et d'une chemise. Arya fronça les sourcils.

- Je savais qu'il fallait que je garde les vêtements de chez nous. Je me suis permis de prendre les tiens quand nous étions dans ta chambre.

- Pourquoi ?

- On ne sait jamais. Imagine que l'on croise la vieille sorcière. Il vaut mieux les avoir sur nous, à tout moment !!

- Et la chemise ? Demanda Arya qui ne reconnaissait pas le vêtement.

- Christophe... Je suis allée fouiller dans leurs appartements... Répondit Marie, un peu gênée.

- Il ne va pas être trop en colère, s'il nous voit ?

- Je ne sais pas... Mais il vaut mieux qu'ils ne nous voient pas...

Les deux amies se lancèrent un sourire complice et se préparèrent rapidement pour sortir de leur appartement. Elles avaient l'impression de revenir dans l'adolescence, lors de leurs premières soirées sans la présence de leurs parents. Dans le couloir, elles croisèrent un employé de maison et lui demandèrent de prévenir Alexandre et Christophe qu'elles ne descendraient pas pour le dîner, car trop fatiguées. L'employé les détailla, surprit, mais acquiesça et rejoignit le salon. Les fugueuses réussirent à atteindre l'entrée, sans croiser Christophe ou le comte Griffind. Elles allaient franchir le pas de la porte, sans encombre, lorsqu'Alexandre se matérialisa devant elles.

- Le dîner ne se déroule pas à l'extérieur.

Arya leva les yeux au ciel et essaya de le contourner. Le comte l'en empêcha, le regard noir et les bras croisés, sur le torse. Elle le fusilla du regard.

- Nous le savons mais nous ne souhaitons pas manger.

- Et que comptez-vous faire ?

- Je ne pense pas que cela vous regarde... Lui répondit Arya, bien décidée à être désagréable avec lui.

Alexandre grogna de colère. Son attitude fit réagir Marie. Elle n'était pas prête à entrer dans l'arène, face au comte.

- Nous sortions boire un verre !

- Boire un verre ? Seule ? Demanda Christophe.

Le nouveau venu venait d'apparaître, dans le dos des deux fugitives. Le comte Griffind, quant à lui, ne lâchait pas Arya, du regard.

- Nous savons que les dames ne sortent pas boire des verres, seule. Voilà pourquoi nous nous sommes habillées en circonstance.

Chris détailla ses amies. Il ne cacha pas son amusement, contrairement à son partenaire d'affaire, stoïque.

- Je ne voudrai pas paraître mal élevé mais vous avez des... Comment dire... Des formes qui ne trompent personne...

Arya se tourna vers lui. Elle savait qu'il avait raison mais n'allait pas l'admettre, aussi facilement. Elle pesta, lui adressa un clin d'œil pour lui faire comprendre qu'elle n'avait rien contre lui.

- Vous êtes vraiment mal élevé ! S'exclama-t-elle.

- Nous n'allons pas parlementer là-dessus. Vous n'irez nulle part.

Alexandre toisa Arya, de toute sa hauteur. Sa protégée devait bien avouer qu'il pouvait être impressionnant. Néanmoins, elle était bien décidée à lui tenir tête. S'il voulait voir sa facette désagréable, il allait être servi.

- Je suis d'accord, sur ce point, nous n'allons pas parlementer là-dessus. Nous faisons ce que nous voulons. Nous n'avons pas à répondre à vos ordres.

Christophe et Marie se lancèrent un coup d'œil. Ils ne savaient plus comment prendre position dans cette discussion. Le comte finit par interrompre l'échange et rejoignit Alexandre, pour essayer d'apaiser la situation.

- Et si nous y allions, tous ensemble ?

- Oh oui ! Mais quelle bonne idée ! Enchérit Marie.

- Vous allez également pouvoir vous habiller, de manière plus présentable... Je dois avouer que vos tenues sont assez.... Voyantes.

- Nous y allons, dans ce cas !

Marie saisit Arya, par le bras, pour la traîner dans les escaliers. Christophe les observa disparaître et soupira, soulagé d'avoir désamorcé une dispute. Il donna une tape, dans le dos de son ami.

- Nous avons évité une belle guerre.

- Vous n'aviez pas à vous mêler de cela.

- Mais qu'essayes-tu de faire Alex ?

- Elle n'a pas à me tenir tête.

- Arrête avec ça. Tu as toujours aimé les femmes avec du répondant. On dirait que tu fais tout pour qu'elle ressemble aux dames de notre société. Je ne comprends pas, tu détestes ces mœurs.

Alexandre fit demi-tour, vexé de ne pas avoir été écouté. Il s'assit dans un des fauteuils du salon.

- Je ne viendrai pas, avec vous, ce soir.

- Bien sûr que tu viendras avec nous. Tu ne me laisserais pas avec ces deux diablesses ? Je ne suis pas sûre de survivre et je dois avouer que tu es beaucoup plus convainquant lorsque tu t'énerves. Il faut les cadrer.

Le comte Griffind sourit à cette remarque, malgré lui. Il acquiesça et saisit son manteau. Après tout, il pourrait profiter de la soirée pour avoir une discussion avec sa protégée. Christophe n'avait pas tort. Il était le déclencheur de toute cette dispute.

1850 [terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant