1850 [terminé}

6

Alexandre raccompagna Christophe, jusqu'à l'entrée. Il lui serra la main, chaleureusement. Au-delà d'être des associés d'affaires, ils étaient des amis de longues dates. Les deux hommes avaient grandi, côte à côte, faisant toutes leurs bêtises, ensemble. Leurs souvenirs partagés étaient innombrables et leur complicité brillait, jusque dans leurs affaires.

- Les commandes pour Edimburg devraient partir, demain matin. En espérant que le temps soit clément et qu'elles arrivent, en temps et en heure.

- Tu demandes un temps clément, en Écosse ? Quand je te dis que tu es utopique... Lui répondit Christophe, taquin.

Le comte salua son ami, une dernière fois, et referma la porte d'entrée. Miss Triguane apparut, à cet instant. Elle semblait beaucoup plus excitée que d'ordinaire. L'attitude de la domestique fit sourire Alexandre. L'intendante se décida, finalement, à prendre la parole.

- Le dîner est prêt. Vais-je chercher Arya ?

- Oui, s'il vous plaît. Merci de votre aide.

L'intendante le salua et monta les escaliers, pour rejoindre la chambre de la nouvelle venue. Elle eut du mal à contenir son impatiente et dû faire un effort, considérable, pour ne pas monter les marches, en courant. Elle rejoignit le couloir et entra dans la pièce où le rire de sa fille retentissait. Chloé essayait de coiffer sa nouvelle amie, tant bien que mal. Arya riait aux éclats et lui fit signe d'arrêter.

- Heureusement que tu ne couds pas comme tu coiffes...

- Non mais oh ! Je suis en avance, sur mon temps... Lui répondit la jeune femme.

Arya se redressa pour saluer Miss Triguane. L'intendante s'approcha d'elle et lui détacha les cheveux. Elle lui plaça une mèche, derrière l'oreille, et lui saisit le visage, entre ses mains.

- Le naturel paye toujours.

- Je suis bien d'accord. Et, après tout, je ne suis pas là pour plaire à qui que ce soit ! Je ne souhaite pas me trouver de mari ! Ajouta Arya, en référence à sa première rencontre avec l'intendante.

Miss Triguane haussa les épaules, tout en rassemblant les robes, sur le lit.

- Ça, nous ne pouvons pas le savoir.

- Comment ça ?

- La vie peut nous réserver bien des surprises, jeune fille ! Allez, le maître t'attend. Le repas est servi.

Arya sourit et leur fit signe de la suivre, pleine d'entrain. Ne les entendant pas la suivre, elle se tourna vers ses protectrices. Ces dernières ne semblaient pas pressées de se joindre à elle.

- Vous venez ?

Chloé et sa mère se regardèrent, perplexe. Leur interlocutrice semblait attendre à ce qu'elles se joignent à eux, pour le dîner. La fille de l'intendante retint un rire, avant de prendre la parole. Décidément, la nouvelle venue était bien étrange.

- Nous ne mangeons pas avec vous.

- C'est-à-dire ? Questionna Arya, déçue.

- Oui. Le maître mange d'abord et, ensuite, nous dînons. Expliqua l'intendante.

- Oh... Ce n'est pas sympathique.

- C'est l'ordre des choses. Ne faites-vous pas ceci, en France ?

- Non, pas vraiment...

Arya réfléchit, bien décidée à ne pas se tenir éloigner, trop longtemps, de ses nouvelles rencontres.