1850 [terminé}

17

Le repas se termina bien trop vite, au goût d'Arya. Elle pouvait discuter pendant des heures avec Alexandre. Il possédait une grande culture et était d'une écoute agréable. Une fois le café terminé, le comte se redressa et vint à elle. Il la conduisit dans une seconde pièce, où elle n'avait encore jamais mis les pieds. Il appela Henri et lui demanda de faire venir les invités. Ils entrèrent dans une immense salle de bal, aux grandes fenêtres. Un groupe de musicien les suivit. Arya se tourna vers son partenaire, surprise.

- Pourquoi faire venir des musiciens ?

- Je vous avais promis de vous apprendre à danser. Nous allons nous y mettre, dès à présent.

- Je comptais me cacher, durant toute la réception, afin d'éviter de me ridiculiser...

- Il en est hors de questions. Vous allez voir, c'est très simple. Il suffit juste que vous vous laissiez guider.

- Justement, là est le problème. Mon frère vous aurait dit que mon caractère est beaucoup trop dominant pour me laisser conduire par un homme. Lui répondit-elle, souriante en évoquant ses souvenirs.

- Vous avez donc un frère.

- C'est compliqué. Nous nous y mettons ?

Alexandre ne releva pas et la guida, au centre de la pièce. Il prit la main de sa cavalière de soirée et y déposa un baiser. Arya haussa les sourcils, l'interrogeant du regard. Le comte Griffind lui adressa un clin d'œil, qui la fit rire, avant de poser sa main sur la taille de sa partenaire de danse et de saisir sa seconde main pour se rapprocher d'elle. Arya se sentit gênée de cette proximité. Elle prit néanmoins sur elle et essaya de se laisser conduire. Alexandre fit signe au groupe de musiciens de commencer la musique. Il entraîna la novice dans une valse. Arya résistait, trop concentrée par les pas qu'elle devait effectuer. Alexandre rigola.

- Il faut vous laisser faire...

- Je sais mais c'est compliqué, pour moi. Je n'ai pas l'habitude de me laisser conduire par quelqu'un et encore moins par un homme.

- Il faut apprendre à lâcher prise.

Alexandre essaya, encore pendant quelques minutes, en vain. Arya était tendue et ne se laissait pas faire. Il fallait qu'il trouve un moyen de détourner son attention, des pas de danse. Il se rapprocha d'elle et baissa la tête.

- Êtes-vous heureuse ? Lui demanda-t-il.

- Comment ça ?

- Êtes-vous heureuse ici, parmi nous, avec moi ?

Arya planta son regard, dans celui d'Alexandre. Il était franc et droit. Il faisait bien une tête de plus qu'elle. Elle sortit de sa contemplation et lui sourit.

- Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien dans un endroit. C'est comme si j'avais trouvé une place qui me correspondait totalement. Il ne me manque plus que mon amie pour me sentir entière...

- Nous allons faire notre possible pour la retrouver.

Il laissa passer un silence, heureux des confidences de sa protégée.

- En attendant, vous vous débrouillez très bien.

- En quoi ? Demanda Arya.

- En danse. Dès que vous n'êtes pas obsédée, par vos pieds, la danse devient facile et vous vous laissez guider. Lui expliqua Alexandre, fier.

Arya prit conscience qu'elle dansait, depuis plusieurs minutes, sans se prendre les pieds dans ceux de son cavalier. Elle ne put s'empêcher de rigoler du constat. Elle donna une tape amicale, sur l'épaule de son professeur.