Le PhenX

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PDV de Timothée

Une musique étouffée joue lorsque j'arrive devant le PhenX. A l'intérieur du bar, l'agitation est visible. Il y a du monde. Des fumeurs près de l'entrée discutent entre eux, d'autres pénètrent dans le bar par petits groupes. Quand je regarde dans la devanture juste par réflexe, je vois les néons bleus jouer sur mon visage un peu tendu mais aussi excité de retrouver ma petite amie que je n'ai pas vu depuis trop longtemps et ma sœur. Oui.

Mes yeux détaillent mon propre visage légèrement efflanqué. Des yeux cernés par des creux noirs sont soutenus par l'obscurité céruléenne. Une mâchoire qui semble s'aiguiser de plus en plus donne un autre relief à mon visage, j'ai l'impression d'être un nouvel homme. Et ce regard...Oh oui ce regard... ce regard amoureux.

Les étincelles dans mes yeux naguère presque éteintes se sont rallumées une fraction de secondes, en pensant à Ray. En une toute petite seconde. Pouf. En un battement de cil. Mais pas de faux cils, ils sont beaucoup plus lourd que les vrais. Ils sont plus lourds non ? Enfin bref tu saisis... comme la lumière vive de la vie qui peut s' éclipser pourtant en une fraction de seconde, semblable à une étoile filante mourant dans le ciel noir d'une nuit sans fin... Quoi? Chalamet ? Mon rire vient briser cette oraison. Je me marre tout seul en entendant cette phrase dans ma tête. Je secoue la tête. Quel crétin. L'épisode de Dan est encore frais visiblement...

Je rentre finalement mettre au chaud. Pauline doit certainement être à l'intérieur. Allez, lets go!

L'énorme tête d'oiseau dorée trônant sur le mur de l'entrée me fait sursauter. Je l'avais presque oublié lui, avec sa tête étrange et carrément mal faite. En plus depuis le jour où Pauline m'a fait remarquer qu'il louchait...je rigole à chaque fois qu'on met les pieds ici.

Je passe le petit couloir dont les murs sont recouverts de planches de bois noir. Je tape un connard portant un blouson de cuir de mon épaule. Je me retourne et lui lance un regard . Et dis pas pardon surtout ! Il me lance un regard malicieux et un sourire moqueur s'affiche sur sa face. Oh non. Je mords l'intérieur de ma joue, pour contenir mon énervement, celui-ci fait volteface et continue son chemin. Voilà. Je souffle et me murmure :

-Calme toi Tim, ça va bien se passer...
Faire un rencard avec sa sœur et sa petite amie... c'est un peu stressant....Je ne sais pas comment elles vont être toutes les deux.

Je slalome pour cherches ma Pau'. Je fend la foule entassée vers le bar. Il y a du monde ce soir. Comme d'hab tu me diras. C'est rempli de types en costards cravates. A croire que tous les employés de banques ou de bureau ce sont réuni ici. Tu crois qu'ils viennent fêter une revalorisation de leur salaire ? Tim man, arrête le sarcasme tout de suite. Peut-être qu'un jour j'aurais assez d'argent pour porter un ensemble comme ceux-ci...arrête de rêver....

Dans ma progression, je suis de nouveau bousculé. Mais ouvrez les yeux bordel ! Mais cette fois, c'est une femme. Son verre de bière m'éclabousse lorsque son corps se cogne mon torse. WAH genial!

-Oh mon dieu...Je suis désolée, lance t'elle le regard vissé sur mon t-shirt noir et sur ma veste en daim.

Je me recule par réflexe et regarde mon t-shirt à mon tour tout en secouant mes mains elles aussi aspergées de bière.
Le visage très fin de cette fille se lève vers moi et je me résigne à ne rien dire. Je ne vais pas la disputer la pauvre...Des lèvres teintes d'un rouge vif et des yeux très noirs me sourient. Sa chevelure de gaie bleutée se marie parfaitement bien avec sa peau bronzée.

-Euh... Pas grave, ne t'inquiète pas.

Elle me gratifie d'un grand sourire qui lui fait remonter son long nez à la pointe légèrement retroussée qui marque sa maturité. Elle a peut-être vingt-huit ou trente ans mais je crois que je lui ai tapé dans l'œil. Elle pause sa main sur mon avant-bras et s'excuse une nouvelle fois.

Le Chef-d'œuvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant