Le Chef-d'œuvre

Toujours dans le flou

PDV de Timothée
Dan me salut une dernière fois avant que je ne referme la porte derrière lui. Je suis impressionné par le fait qu'il n'ait pas prit ses jambes à son cou, suite à l'ambiance, qui s'est refroidie après l'appel de cet abruti d'Hayden. Mon bon vieux Dan a essayé de me calmer lorsque Ray est partie a la salle de bain, mais rien n'y a fait. Le demon en moi a été libéré de ses chaînes. Je l'avais en travers de la gorge, je l'ai toujours un peu d'ailleurs. Rah ! Je le voit encore lui tenir l'épaule et me lancer un regard de victoire. Tu dis ça parce que tu es jaloux ? Clairement. Ils partagent la même passion.

Reagan, oh belle poupée est sur le canapé, les jambes recroquevillées contre sa poitrine. Son attention est sur la télé. Elle joue avec le pendentif de son collier. Je ne la quitte pas des yeux et viens m'assoir en face d'elle. Je fais exprès de toucher ses pieds avec les miens pour créer un contact. Même si c'est banale.

Je ne supporte plus d'être loin d'elle, même ce week-end, pourtant entouré de ma maman et ma sœur, j'avais hâte d'être avec elle. Ray a ce pouvoir magnétique sur moi. Je me sens fébrile, fiévreux en sa présence. Mes mains veulent la caresser, mes lèvres la cajoler.

Cet ange continue de faire glisser le petit élément sur sa chaîne comme un métronome donnant le tempo. Reagan n'est pas insensible à notre contact de pieds. Ses yeux maquillés paraissent énormes lorsqu'elle les posent sur moi. De les voir danser d'un bord à l'autre me signifie qu'elle tente de lire mon état d'âme. La voix de John Mulaney nous tient compagnie dans cette tension grandissante, mais pas étouffante étonnamment. Ray n'est pas distante, elle est pensive, elle cherche ses mots.

-Je ne vais pas tarder... elle annonce. Mais avant, je voudrais que l'on discute un peu...

Sa voix douce me laisse entrevoir une brèche creusée par un manque. Je sais très bien de quoi elle veut parler et d'un côté ça me rassure qu'elle veuille le faire. Ça aurait été bizarre sinon, non ? Tu devrais peut-être commencer ? C'est bizarre de.... elle commence:

-Je ...je ne t'en veux pas pour l'histoire avec ton ex... je veux dire, le timing était mauvais, et je comprend que tu te sois senti submergé par tout ça ...

Ray ouvre les mains pour illustrer le "ça" mais elle ressert davantage l'espace entre ses jambes et sa poitrine. Ses paroles me font du bien.

-Ma belle ... Je tend la main et la pose sur son genoux. De la voir aussi compréhensive me trouble. Comment peut-on être si bon avec quelqu'un alors qu'on le blesse ? Elle m'enlève un poids énorme qui sommeillait encore au fond. Je dois lui dire pour être totalement délivrer de ces liens mesquins, que Lily n'est pas au courant pour nous deux.

-Lily n'est pas au courant... que je sors avec quelqu'un d'autre, du moins pas pour l'instant. Je ne voulais pas la faire souffrir et faire comme si notre relation n'avait pas compté à mes yeux.... Parce qu'elle a compté...

Ray détourne vivement les yeux vers le spectacle de John Mulaney. Elle est un peu peinée par la réalité, mais je sens qu'elle ne veut pas le trop le laisser paraître. Sans me regarder, elle me serre la main. Ses doigts s'entremêlent avec les miens. De ma main libre , je lui saisis le menton afin qu'elle me regarde. Oh Chalamet! Dis quelque chose !
Si elle ne dit encore une fois qu'elle comprend mon comportement d'imbécile lâche, je vais me sentir mal. Très mal.

-ça va ... dit elle avec le plus de conviction possible.

La petite créature retourne sur son collier. Elle fait le même geste incessant et je vois des petits grains de beauté sur sa poitrine au milieu de ses seins une fois sur deux et ça m'hypnotise. C'est comme un tic-tac incessant, le rythme, la cadence d'un châtiment.