Oiseaux de nuit II

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PDV Reagan

Timmy ouvre la marche et m'invite à entrer davantage. J'accède dans son cocon intime. Je fais solennellement quelques pas en avant. Son appartement est petit mais ....cosy. Je suis accueilli par une étagère fixée contre le mur, remplie de livres. J'y jette un coup œil éclair qui me laisse le temps de distinguer quelques classiques mais sans plus.
C'est son espace personnel que j'infiltre, pourtant, je ne m'y sens pas comme une étrangère.

Je laisse traîner mes doigts sur le sofa accompagnant un fauteuil en cuire brun foncé, tous les deux placés en face à la télé. Je baisse les yeux lorsqu'un grincement provenant de sous mes pieds se fait entend. Son parquet ancien est maquillé dans la partie salon, par un tapis gris foncé rappelant le blanc, et sublimant la couleur bleue marine du mur du fond. Sur ma gauche, un petit couloir mène à une deux autres pièces. C'est bien mieux que notre appart à Ju et moi... Ici c'est douillet, pas miteux... et pas envahit par des dingues...

Une odeur de cire et de celle propre à Timmy habitent les lieux. D'emblée , cette odeur me berce et me gratifie d'une sensation épanouissante.
Il enlève ses tennis et les laissent sur le paillasson. Je fais de même. Montre lui que tu es bien élevée...

-Pose ta veste sur le canapé... Il enlève la sienne et la pose sur le dossier, je met la mienne par dessus.

En pyjama, plantée au milieu du salon, j'admire. J'admire les cadres photos. J'en distingue un grand avec Timmy aux côtes d'une jeune femme brune aux long cheveux lissent, ayant le même nez fin que lui. Puis une autre, d'eux encore, accompagnés de leurs parents je pense.

Il passe derrière moi et pose sa main sur la chute de mes reins.

-Un thé mademoiselle ? Sa tête glisse par dessus mon épaule. Ses cheveux viennent chatouiller ma joue. La proximité de son corps me permet de sentir sa fragrance délicate, dont les notes me font tourner la tête.

-Oui... Monsieur... Dis je avec un rire tendre.

Timmy me guide jusqu'au fond près d'une grande fenêtre, dans une cuisine toute en bois où se trouve une table rectangulaire. Je m'installe. Mes mains caresse le bois usé pendant qu'il fouille dans un tiroir. Sur le bord de la table, un panier de fruits trône ainsi qu'un livre ouvert, posé sur la face des pages afin de garder son passage. Je manœuvre difficilement dans la lecture d'un titre en français. Je trébuche sur les mots même dans ma tête. Timmy me prend en flagrant délit.

- « L'autre monde » Savinien de Cyrano de Bergerac. Son accent français caresse mes écoutilles. Je ne comprend rien mais...C'était tellement beau et sexy.... Mon pauvre petit cœur ne c'était pas préparé à ça...

Je suis impressionnée par son ton humble comme si ce qu'il venait de dire coulait de source. Je ne le prend pas le risque de répéter ce qu'il vient de le lire à haute voix. Ce serait du suicide. Il se met à chercher dans un de ses placards.

-Ah voilà ! Il sort une boîte en carton. Il me semblait bien que j'en avait! J'espère que tu aimes le thé.... noir à la... l'orange ? Quoi ? Il y a que ma mère pour boire ça !

Il passe une main dans ses cheveux et surveille la bouilloire sur le plan de travail. Il sort deux grosses tasses blanches. Les derniers sifflements de la bouilloire comblent le silence qui s'installe.
Timmy s'assied en face de moi. Il prend deux sachets de thé et nous sert.

-Tu as du lait ? Je lui demande.

-Oui Oui bien sur... attend.

Il se penche et de ses longs bras, il arrive à atteindre le frigo.

-Merci. Tu en prend ? Je lui demande alors qu'il touille son thé de façon limite archaïque. Il sort le sachet imbibé et essaie de l'essorer du bout des doigts. Mais c'est trop chaud. Celui-ci retombe et éclabousse la table. Il essaie.... je l'ai bien spécifié...

Le Chef-d'œuvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant