Pauline et moi sommes allongés en quinconce sur le canapé, recouvert par la couverture, comme à notre habitude lorsque nous sommes à la maison.
Le confort et les paroles de la télévision en guise de berceuse on fait s'endormir mon binôme. Maman, elle, est dans le fauteuil de Papa,qui est installé sous la lampe,près de la bibliothèque, ou papa aime lire le soir. Quand on s'installe sur celui ci, c'est pour sentir la présence du père qui nous manque, ou du mari, comme si un objet pouvait nous apporter une proximité avec lui. Je quitte la trame du film et observe facilement ma mère, puisqu'elle est dans ma diagonale. Son menton reposant sur sa main et l'index perdu sur sa joue, démontrent qu'elle est pensive. J'ai l'impression de me voir en elle. Quand nous réfléchissons, nous avons la même position, c'est ma grand mère qui le dit. On a d'ailleurs ce même feu émotif qui nous fait partir en vrille alors que Papa et Pauline ont cette étincelle pragmatique qui ne les aveugle pas.-Maman? Je l'appelle doucement.
Son esprit quitte le monde dans lequel il s'était enfermé. Elle regarde Pauline assoupie.
-Ça va ? Je m'inquiète un peu, elle peut l'entendre même si ma voix est basse.
Elle me sourit, mais se sont seulement ses lèvres. Pas son visage ni ses yeux. Elle veut me rassurer, comme elle le fait tout le temps, mais elle ne lève pas le doute qui s'installe. Doucement, Maman appui ses mains dans les accoudoirs et me fait un mouvement de tête en direction de la salle à manger. Elle se lève et m'invite à la suivre. Je détruis le nid et je m'extirpe prudemment des lieux sans réveiller la loutre qui dort.
Je traverse l'espace. Maman regarde l'heure affichée sur l'immense horloge. Il est minuit. Elle ouvre le buffet qui est juste en dessous, celui, ou se trouve la vaisselle. Elle saisit deux assiettes. Je me demande ce qu'elle fait jusqu'à ce qu'elle prenne le plat du crumble sur l'îlot et qu'elle le pause sur la table. Round number three...
-Encore un petite part avant d'aller dormir... elle me fait un clin d'œil.
Si on me prend par les sentiments...
Elle dépose une part dans chaque assiette et s'installe en face de moi. Elle tient sa cuillère argentée entre ses doigts. Je donne déjà de bons coups de cuillère dedans avant qu'elle n'attaque la sienne. Calmos... le glouton.-Il te manque pas vrai... je commence. En posant ma cuillère et caressant jouant avec mes boucles.
-Oui, mais il sera bientôt là... Le regard bleu de ma mère est optimiste.
-Quand ? Je veux plus de précisions.
-Après, quand Pauline sera installée.
Donc dans plus d'un mois. Peut-être pour noël. Bien avant j'espère.
-Ca ne te dérange pas qu'elle parte ? Je demande même si je connais sa réponse. Je ressens exactement la même chose. Je n'ai jamais vécu loin de Pauline. Papa oui depuis que l'on est petits c'est comme ça, mais avec elle... c'est comme être séparé de son jumeau.
- Je n'ai pas envie de la voir partir loin de moi... même si je sais qu'elle doit faire sa vie. Tu sais même quand tu es partis, ça m'a fait tout drôle alors que tu n'es pas si loin. Mais avec ton père qui fait les allés et retours, je sais qu'il sera là pour elle au cas où...
-Oui... c'est vrai...
cette situation me fait penser aux enfants de divorcés. Chacun garde un enfant. Une famille séparée par un immense océan, une famille sur deux continents.-Tu sais, tu lui manque aussi... à ton père.. je sais que vous ne appelez pas souvent mais ce n'est pas pour autant qu'il ne pense pas à toi et inversement.
-Je sais. Je sais.
C'est tout ce que je trouve à dire. Papa et moi nous nous sommes un peu éloignés mais ce n'est pas pour autant que je ne l'aime plus... loin de la. Je sais que son travail lui prend beaucoup de temps.
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Le Chef-d'œuvre
Fanfiction« Ses lèvres s'arrêtent, je m'arrête aussi. Elle penche la tête et se tapote sur le front. Elle scelle ensuite ses lèvres en les mordant fortement. Lentement, elle reprend sa position initiale et ses lèvres reprennent leur incantation. Les mains da...