La surface

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PDV de Timothée

Elle est sur le point de disparaître derrière les portes de l'ascenseur lorsque je m'engouffre dans l'habitacle. La vitesse mêlée à ma force avec laquelle mon corps s'élance provoque un tremblement peu rassurant. Reagan se colle contre la parois, comme si se cramponner allait empêcher l'ascenseur de se crasher au sol.

Elle m'adresse un regard qui traduit le : « mais ça ne va pas la tête ! » Je souffle. Ma cascade était un peu exubérante mais je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, comme une petite biche blessée qu'on laisse sur le bord de la route. Imagine qu'il lui arrive un truc en rentrant... dans cet état... non elle ne me quittera pas ce soir.

-Je suis navré mais tu ne peux pas partir dans cet état Ray! Je la réprimande alors que l'ascenseur commence sa descente.

Je garde mes distances avec elle et la regarde depuis mon coin, c'est clair qu'elle ne veut pas être touchée. Je dois avouer que ça me blesse mais son comportement laisse deviner que ça la blesse encore plus profondément que moi. Je prie pour ne pas en être la cause... mon empressement peut jouer mais pas à ce niveau là. Si?

Ma triste poupée aux grands yeux larmoyants à les lèvres tremblantes. Elle penche la tête sur le côté et se pince l'arête de son nez.

-Je ne suis pas très loin, je prendrais le bus si tu préfère...

Sa réponse me fait sortir de mes gons, je fais place à mon meilleur jeu d'acteur pour rester impassible face à ce non sens. Elle veut s'échapper et moi je suffoque de la voir ainsi.

-Je préférerais que tu restes ici cette nuit... je sais que c'est la dernière chose que tu veuilles mais...

Reagan regarde ses pieds. Ses cheveux dansent dans le vide.

-J'ai juste envie de me cacher Timmy, ne rend pas cette situation encore plus gênante que je ne l'ai déjà rendue.

-On est un couple maintenant Ray, à quoi ça sert si on l'on ne peut pas se soutenir l'un l'autre ?

Je ne pensais pas que je pouvais sourire un truc aussi vrai, un peu niais sur les bords mais putain ça n'a jamais eu autant de sens jusqu'à maintenant. Pour une fois, ce n'est plus ma mentalité du Tim seul contre tous qui prend les rennes, c'est Reagan et moi face aux autres. J'ai envie d'embrasser ses problèmes pour continuer cette lutte le plus longtemps possible.

-Un couple depuis quoi? deux jours ? ne devrait pas déjà à avoir gérer ce genre de situation. Je t'assure.

Elle vomi ses mots avec un dégoût insoutenable. Est-ce que c'est ce qu'il la rend ainsi qui est insoutenable? Je dois lui faire changer d'avis, lui montrer que je suis là maintenant, même si notre histoire ne fait que commencer. Maman dit toujours que ce qui ne peut être dit, ne peut-être réglé et ce qui ne peut être réglé, ne peut être sauvé. Je veux la sauver de cette emprise dégueulasse qui la noie dans une répugnance d'elle même.

-Depuis quand on fait les choses dans les règles ?
Moi oui! Pourquoi? Une relation n'a pas de règle! Tu les a un peu toutes transgressées de toute façons. Il n'y a pas de sentiers tracés Timothée.

Reagan lève la tête mais ses yeux fixent un point derrière moi. J'imagine un spectre en train de passer sa tête par dessus mon épaule. Elle écarquille les yeux par simple malaise et non pas pour cause surnaturelle. Je ne sais pas ce qui est le plus rassurant ? Le fantôme ? Ou le fait qu'elle te regarde pas ? Nos têtes se tournent rapidement lorsque le son de l'ascenseur annonce l'ouverture des portes. Le hall désert nous est présenté. L'odeur des vieux lieux s'engouffre entre les murs de cette petite boîte. Personne ne veut monter. Personne ne sort. Quelque chose là retient. Ray résiste à l'envie de foncer dehors, c'est peut être la plus qui frappe les carreaux de la porte? C'est peut être moi?

A pas de loups, la prudence dans chacun de ses mouvements la dompte. Reagan vient appuyer le haut de son crâne contre ma poitrine. Elle reste. Elle n'ajoute rien. Je prend ça comme une abdication du règne de son angoisse. Je passe ma main pour lui signifier que je suis là et de l'autre j'appuie sur le bouton pour remonter à mon étage. Je lâche un soupire. Soulagé.

Reagan me fait penser à ces statues qu'elle affectionne tant. La peine qui coule dans son corps dégage quelque chose de puissant, une beauté mystérieuse émane malgré les causes qui doivent être dégoulinantes de pourriture.

-Est-ce que tu m'en veux? Elle demande en marmonnant dans mon t-shirt. Ses doigts grimpent jusqu'à mon coup.

-Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal? Je demande à la place de répondre à sa question qui est complément aberrante. Évidement que non je ne peux pas t'en vouloir. Lui en vouloir de quoi ?

Elle secoue la tête.

-C'est à l'intérieur, c'est la que ça ne va pas... Elle saisit ma main qui était sur sa tête, et la glisse sous elle, sur son cœur. Elle se relève pour que je regarde le spectacle. Mes doigts et les siens cramponnent le tissu au dessus de son sein gauche. Elle continue sa tirade.

-C'est moche Timmy ! C'est grave moche ! Et toi tu es la ! Beau! Désirable, magnifique!! J'ai ce truc au fond de moi qui arrache tout sans prévenir et je ne suis plus là....

-Et si tu le laissait sortir ? Je peux t'aider Ray!

- Tu crois que je n'ai pas essayé ! Ça fait plus de neuf ans Timmy ! Et avec toi c'est bizarre. Mes atomes luttent, c'est la guerre entre souvenirs et present....

Je me prépare à ouvrir la bouche mais elle me coupe.
-On peut arrêter d'en parler pour l'instant ? S'il te plaît.

Elle quitte ma main et croise les bras. Le marbre se reforme. La carapace réapparaît. Je découvre une Reagan bien plus complexe que je ne le pensais. Les chefs d'œuvres sont toujours mystérieux et complexe et je compte bien craquer le vernis qui le sublime. Je veux la vraie fille. Crue.

Je hoche la tête. J'abandonne pour ce soir. La colère commence à apparaître crescendo. L'énerver n'est pas la bonne solution. Ça n'a jamais marché avec moi, donc avec elle non plus.

-Ok... ma belle...

Nous sortons de ce coin confiné bras dessus bras dessous. Puis rentrons chez moi, au chaud. Je n'avais même pas fermé la porte de mon appart!
Ray se débarrasse de ses affaires. Elle s'installe sur le canapé.

-Tu veux aller te coucher ? Je demande en voyant qu'elle baille. Je lui aurais bien proposer une tasse de thé, celui que j'ai acheté hier avec maman, mais je crois que je moment est mal choisis, je crains qu'elle ne se sente davantage mal.

Elle secoue sa tête.

-Tu peux me serrer fort s'il te plaît Timmy. Aussi fort que tu peux....

Hello tout le monde, voici un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira ! Je m'excuse pour le temps que j'ai mis à faire ce chapitre... nous vivons des choses difficiles en ce moment... prenez bien soin de vous et de vos proches ! Ce n'est pas marrant d'être enfermé à la maison,mais c'est ce qui marche le mieux... dites vous que vous avez de la chance d'être avec votre famille. Si vous voulez discuter en message privé, venez (ou même en commentaires) ! Ça sera avec grand plaisir! Je vous envoie tout mon amour! Love xxx 💕

Le Chef-d'œuvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant