Vieux démons

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PDV de Reagan

La vision de cette porte terrifiante se fermant laisse une trace dans mon esprit. Mes tympans amplifient ce grincement volé d'une porte que l'on se risque à fermer le plus secrètement possible.
Cette planche de bois vient piéger sa victime entre ses mains et la monstruosité de cet être dégueulasse. Ce monstre la rend captive dans ce cube sans assez d'air pour éviter de s'étouffer dans ses propres sanglots. Soudain, le regard de cette petite fille implorant que quelqu'un vienne l'ouvrir m'apparaît. Elle me fixe, me détaille. Ses grands yeux larmoyants savent que je ne pourrais pas l'aider et que personne d'autre ne viendra d'ailleurs. Nous échangeons un regard intime que je ne connaît que trop bien. Au moment où la porte se ré-ouvre devant moi, c'est une adolescente me poignardant avec ses yeux rageurs et dégoûtés. Je ressens cette douleur et toute cette colère aussi. Je veux saisir la main qu'elle me tend mais en vain, la peur saisit mes membres sans que je puisse lutter. Un froissement provenant de l'autre côté me tire de la.

Mes yeux s'ouvrent. Je tousse tant le souffle me manque.

C'est Tim. C'est Tim.
Il est assoupi à mes cotés. Lorsque l'afflux sanguin parcours de nouveau ma tête qui semblait être tombée à sec, je retrouve assez le contrôle de mon corps pour me retourner vers lui. Il me faut un peu de temps pour me remettre de mes émotions.

A bout de souffle, j'essaie d'admirer sa silhouette ombrée de noir dans la clarté de la nuit. Je me concentre sur la masse bouclée des cheveux qui vient découper la lumière produite par l'astre lunaire. Je me concentre ensuite sur sa respiration calme et profonde afin de me contrôler et d'évacuer la vague de stresse qui montait en moi. La vache...

Ça marche peu, les couvertures pèsent une tonne sur mon abdomen. J'ai l'impression de sentir un poids corporel intrusif sur moi... faible et impuissante. Je ventile. La chaleur du lit est étouffante. Ma peau est moite, mon cœur tape fort. Je suis mal et désorientée. Je lutte avec les draps et avec le t-shirt dans lequel j'ai dormis, celui de Timmy en l'occurrence, afin d'être plus libre de mes mouvements et d'arrêter l'emprise que le tissue exerce sur ma gorge. Je vais m'étouffer si ça continue et ce sera bien réel cette fois. Je panique. Je donne des coup chétifs dans le vide pour m'enfuir de la.

Libérée. Mes jambes bénéficient de l'air frais, je fixe le plafond de la chambre et pose ma main sur le front. Ouf. Fiévreuse, je le suis encore de cette sensualité charnelle mais aussi de cet espèce de cauchemars qui s'efface comme une tache de sang dans de l'eau ruisselante. Comme dans le lavabo.
La fatigue extrême ne me réussis vraiment pas visiblement : Saignements de nez, rêve bizarre... cervelle en action constante. Penser. Repenser.

La performance à défaut du sommeil, Jules peut le faire mais pas moi... Je ne suis pas un oiseau de nuit, je suis un merle de l'aube. Quand la fatigue s'installe, c'est lui, qui s'immisce dans ma tête. Comme maintenant. Saleté de rêves.

JJ me prie de dire à Hayden et Lorenzo que je suis crevée avec les cours et le travail et que j'ai besoin de ralentir le rythme mais, je n'ai pas envie de passer pour la gamine capricieuse qui elle est restée à New-York. Alors je fonctionne à la bonne vieille méthode au café, aux médocs "vitaminés" fournit par Jules. Cent pour cent naturel il parait. Si tu n'es pas contente, alors pourquoi t'envoyer en l'air avec ton petit copain en plein milieu de la nuit... Toi ta gueule! Je pourrais mourir du manque de sommeil, me bourrer de médocs pour vivre ça encore et encore. Je tousse en argumentant contre moi même.

Tu as gagné. J'ai besoin de me lever pour vraiment noyer ces restes de rêve bizarroïde qui ont bien trop de significations sous-jacentes avec ma vie passée et de m'éloigner de la bouillotte qu'est le corps de Tim. Comment il fait pour ne pas s'enflammer ?
Je rôtis presque la.

Le Chef-d'œuvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant