58. Le plan

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       L'ancien coven des Osborne est une demeure assez oppressante, surtout pour les vampires. Les sorcières et ces-derniers se détestent depuis des millénaires, et la famille de mon amie n'y fait pas exception. La maison est chargée, trop pour mon propre esprit, d'énergie magique de sorcière. Peter et Drogo s'en trouvent assez affaiblis, et le plus vieux des deux frères semble encore plus nostalgique et déprimé, moi qui ne croyais pas ça possible. Le blond évite d'avoir recours à ses capacités vampiriques, puisque ça pourrait affoler « l'âme » de la bâtisse qui a pour habitude de chasser et haïr cette race immortelle.

       De mon côté, je ne sais pas vraiment pourquoi je me sens si mal dans ce lieu. Il m'accueille, étant une sorcière et ne paraît avoir aucune mauvaise intention à mon sujet. Sarah pense que c'est parce que je ne suis pas habituée à être entourée d'autant d'énergie magique, mais elle a l'air de perdre un peu confiance en notre plan qui est, pour rappel, de partir du principe que j'arriverai à tuer l'une des, si ce n'est la, créature la plus puissante du monde. De plus, ma vie ne tient que grâce à la sienne, puisque c'est le transfert de tous ses pouvoirs et de son énergie qui me permettent de vivre aujourd'hui. Je m'aime, j'ai confiance en moi, mais je ne nourris aucun espoir en mon côté sorcière.

   - Coucou, murmure une voix rauque dans mes cheveux.

       Je lève mon visage et viens embrasser les lèvres de mon petit-ami. Je l'aime. Je lui fais confiance, à lui, à Peter, à Sarah, à Nicolae, à Lorie... Et ils me font confiance. Mais pas moi.

   - Tu devrais aller manger, il souffle en ébouriffant mes cheveux. Une dure journée t'attend.

       J'ouvre la bouche, comme pour essayer de lui confier mes doutes, mais la referme aussitôt. On n'a pas de plan B. Je n'ai pas le choix. C'est moi, ou rien. Je ne peux pas affronter leur regard déçu quand, en plein milieu de l'opération où ils risquent tout, je leur conterais mes problèmes existentiels et incertitudes. Drogo semble comprendre qu'il y a un problème, mais je m'éclipse avant qu'il ne m'interroge.

       Je descends doucement les marches de l'escalier du coven. La pièce principale est éclairée par une puissante lumière orangée. Sarah et Peter ont donc dû réussir à faire marcher les lumières, finalement. Déjà quatre jours que nous étions installés dans le noir, pour la simple raison que Sarah n'a plus ses pouvoirs liés à l'électricité pour faire marcher les lustres. Encore, j'ai l'impression que tous les problèmes sont liés de près ou de loi à moi.

   - Coucou ! s'exclame Sarah en me voyant arriver.

       Depuis que nous sommes arrivés, les rôles se sont inversés. Mon amie passe ses journées plongée dans des livres, à essayer de trouver le plan parfait pour mettre à mal Viktor Bartholy.

   - J'ai une bonne nouvelle ! elle sourit après m'avoir étreint puissamment dans ses bras.

   - Quoi donc ? je demande en me dirigeant vers la salle à manger où je vais probablement manger des fruits récoltés par les frères vampires durant leur chasse dans la forêt.

   - J'ai trouvé le plan parfait. Enfin, Mamie Ca', le coven et cet endroit m'ont beaucoup aidée mais on sait où on va maintenant.

       Mon ventre se tord légèrement tandis que je la fixe quelques secondes, la « dure journée » que m'a annoncée mon petit-ami ce matin va prendre tout son sens, je le sens.

   - Explique, je demande d'une voix effrayée.

   - Tu devrais engloutir quelque chose avant, je ne pense pas que tu devrais entendre ça à jeun.

Plus que l'amour lui-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant