J'ouvre lentement les yeux. Je mets quelques secondes avant de me rappeler l'endroit où je suis. La lumière m'aveugle. J'étais tellement fatiguée hier que j'en ai oublié de fermer les rideaux. Je m'étire lentement en baillant. Je sens sur mon cou que mon chignon n'a pas aussi bien tenu que je l'avais espéré. Je sors doucement du lit qui est à présent totalement défait. Dos à la lumière, je fais craquer mes membres avant de me rasseoir et de saisir mon téléphone. J'ai reçu plusieurs notifications.
Saraaaaaah 💎 Hier : 20:41
> Coucou ma belle !
> C'est Sarah !
> Tu dois le savoir d'ailleurs puisque je me suis enregistrée sur ton téléphone eheh.
> Comment tu vas ?
> Et ça va avec les Barques ?
> Merde, c'est le correcteur automatique... Bartholy ?
> Il y a une soirée organisée le vendredi de la première semaine de la rentrée, histoire de rencontrer tout le monde et de faire la fête une dernière fois.
> Tu viendras ?
> En fait non. Tu viendras.
Elle m'a envoyé tous ces messages hier pendant que je prenais mon bain. Je remarque finalement l'heure affichée en haut de mon écran : 11h17. Je ne suis pas une lève-tard normalement, puisque mon corps est habitué à se lever tôt tous les jours, même si je me suis couchée 4h plus tôt. C'est à cause du décalage horaire. Il va falloir que je m'acclimate à tout ça.
Je fais mon lit. Il n'est pas aussi parfait que quand je suis arrivée mais c'est acceptable. Je saisis les premiers vêtements que je trouve dans ma valise : un jean bleu ciel et un t-shirt blanc que je rentre dedans. Je sors finalement de ma chambre. Il y a vraiment beaucoup de portes dans ce couloir, je ne l'avais pas vraiment remarqué quand je l'avais traversé aux côtés de Drogo hier. Pour ma défense, mon attention était accaparée par ce cher jeune homme qui ne cessait de me fixer. Je descends les escaliers en courant. J'ai l'impression d'être dans un château, ou Cendrillon lorsqu'elle part en catastrophe du bal à minuit, mais je n'ai pas de chaussures.
Sur la table à manger se trouve un petit papier un peu bruni. Je le saisis et lis avec difficulté, il faut se le dire, ce qui est écrit :
Bonjour Ella,
Moi, Drogo et Peter sommes sortis. Nous ne rentrerons pas avant midi. Lorie est dans sa chambre et dort à l'heure où j'écris ces mots (neuves heures précises). Essaie de ne pas la réveiller s'il-te-plaît. Des brioches et de la pâte à tartiner t'attendent dans le réfrigérateur et le placard au-dessus de celui-ci.
Bonne journée,
Nicolae.
Je suis étonnée par son écriture. Elle fait très vieillotte et me fait penser à une écriture à la plume. Je vais chercher tout le nécessaire pour le petit-déjeuner avant de venir m'asseoir à cette même table qui me paraît très grande, vide ainsi. Je me rappelle finalement du message de Sarah et décide de lui répondre.
Moi
> Coucou Sarah ! Désolée du retard pour le message. Je suis tombée de fatigue hier.
> Le manoir est assez spécial. Il est plutôt effrayant, il faut se le dire. J'ai rencontré Drogo avant même d'y entrer. Il est un peu soûlant mais pas bien méchant.
> J'ai aussi vu Nicolae qui est un peu spécial.
> Je n'ai pas encore fait la connaissance de Peter et Lorie.
> Les trois garçons sont sortis en ville et Lorie dormait encore à 9h.
> C'est tout ce que je sais.
> Et pour la soirée, même si je n'ai visiblement pas le choix, pourquoi pas ?
> Sinon ça va oui ! Et toi ?
Je remonte les longs escaliers que j'avais dévalés quelques minutes plus tôt. Une fois arrivée dans ma chambre, je m'ennuie quelques secondes en me demandant ce que je pourrais faire. Je remarque finalement un petit tas de lettres près d'une de mes valises. Je le ramène sur mon lit et commence à les lire. Il y en a une de Lou Borc, la fameuse amie qui disait que les employeurs de filles au pair mentaient sur la personnalité de leurs enfants. Je souris en la lisant. Je vois qu'une a été envoyée par mon ex petit-ami. On s'est séparés quelques mois avant la mort de mes parents. Je l'ai facilement oublié : je crois que je n'ai jamais eu de sentiments pour lui. En revanche, je crois que lui ne l'a jamais fait... Les deux dernières lettres sont de ma grand-mère paternelle. Elle me soutient énormément dans cette épreuve. Elle a perdu un enfant après tout.
Alors que je suis complètement absorbée dans la lecture de la lettre de Lou, qui raconte à quel point sa fac accueille des grands malades, j'entends quelqu'un toquer de l'autre côté de ma porte. Je relève le visage et croise deux prunelles... roses ?
- Tu es ma nouvelle nounou ? elle demande.
- Si tu es Lorie, alors oui, je réponds en souriant.
- Oui. T'es qui toi ?
- Ella.
- Tu peux m'aider à démêler mes cheveux ? elle dit en affichant une bouille adorable. Je veux être belle pour le retour de mes grands frères.
- Bien sûr.
Je repose mes lettres près d'un de mes oreillers et me lève pour la suivre jusque dans sa chambre. Lorie est petite. Il me semble qu'elle a huit ans. Etrangement, elle est une vraie poupée. Rose de la tête aux pieds. Ses cheveux sont roses, ses yeux sont roses, sa peau est rosée, sa chemise de nuit est rose et ses chaussons le sont aussi.
Je rentre dans la pièce à sa suite. La chambre correspond parfaitement à sa propriétaire : un lit à baldaquin rose, un papier peint rose, un parquet rose, une maison de poupées rose, un tapis rose, et des peluches décapitées ? Sur son lit, autour des oreillers roses, je vois très clairement une poupée décapitée et en général des peluches avec des blessures trop réalistes pour un enfant. Peut-être qu'elle est vraiment une enfant dérangée, finalement.
J'essaie d'occulter mes pensées en me rappelant de son jeune âge et de sa bouille d'ange. Je la suis dans sa salle de bain personnelle qui est, vous l'aurez deviné, rose. Elle ne parle pas. Elle s'assoie simplement sur un tabouret. Je me positionne derrière elle et prend la brosse posée sur le rebord du lavabo. Ses cheveux sont faciles à coiffer.
J'essaie d'engager un peu la discussion, mais elle n'est pas très réceptive. Je tire malencontreusement parfois trop fort sur ses cheveux, et elle me le fait très clairement comprendre. Lorie a du caractère, ça c'est sûr.
Je finis finalement de la démêler. Elle me remercie sobrement avant de me demander de sortir, n'ayant plus besoin de moi. Je suis quelque peu étonnée de ce moment, mais j'obtempère et retourne dans ma chambre. J'essaie de me convaincre qu'il suffira simplement de l'apprivoiser. Ce n'est pas si étrange qu'elle soit aussi froide. En parlant de froid, le peu de fois que j'ai touché son cou ou sa tête en la coiffant, j'ai pu remarquer que sa peau était autant, sinon plus, congelée que celle de son grand frère.
Chapitre écrit le 21 mai 2020.
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GROS BISOUS (je lis les coms)
Chapitre publié le 20 novembre 2020.
S'il y a des armys ici, quelle est votre chanson préférée de BE ? Personnellement, Life Goes On, Telepathy et Dis-ease. (les harmonisations vmin punaise)
Le prochain chapitre sera publié le 21 novembre 2020 vers 12h.
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Plus que l'amour lui-même
FanfictionElla est une jeune femme de 19 ans fraîchement orpheline. Pour oublier son passé et commencer une nouvelle vie, elle décide de déménager à Mystery Spell. Hébergée chez les Bartholy en tant que fille au pair, elle découvre rapidement que cette ville...