Plus que l'amour lui-même

1. Mystery Spell

       Enchantée ! Je m'appelle Ella Clam. J'ai 19 ans et je viens d'arriver à Mystery Spell. Seule. Commençons par le positif, (attention sarcasme !) : mes parents sont morts. Ils sont partis en croisière pour fêter leurs 25 ans de mariage et ne sont jamais revenus. Le pire dans tout cela, c'est que je vis dans l'espoir, puisque le paquebot s'est volatilisé. Oui, exactement comme ce fameux avion disparu des radars.

       J'ai déjà été contactée par des journalistes pour parler de mon histoire. Ils essaient d'en faire quelque chose de surnaturel, de se faire de l'argent sur la mort de ces milliers de personnes. Je veux juste pouvoir vivre dans mon coin, avec leur souvenir. Je n'ai pas essayé de me poser des questions sur leur volatilisation. On a organisé des obsèques avec des cercueils vides, et j'ai décidé de les enterrer avec. Ils sont mon passé à présent, et je vais me construire une nouvelle vie. Ici, à Mystery Spell.

       Bref, je parais très pessimiste comme fille, n'est-ce pas ? En réalité, je crois que j'ai organisé mon deuil autour de mon ambition. J'ai un but dans la vie, et rien ni personne ne s'en mettra en travers. Je suis sûre que je sortirai plus forte de cette épreuve, et que mes parents continueront de me protéger, où qu'ils soient.

       Tout ça pour en venir à mon présent ! Alors, je vais travailler comme fille au pair. C'est un rêve depuis toujours, il faut se le dire. Je m'entends parfaitement bien avec les enfants. De plus, être logée, nourrie, blanchie, juste en faisant quelques coloriages avec d'adorables gosses constitue un plan P A R F A I T.

       La famille qui m'a engagée a pour nom de famille « Bartholy ». J'ai déjà imaginé de beaux italiens fans de peinture qui me cuisineraient de délicieuses pizzas. Les stéréotypes sont bien ancrés dans ma cervelle, visiblement.

       Je vais m'occuper d'une petite fille, Lorie. Après discussions avec l'employeur, j'ai appris qu'elle était adorable. Bon, « c'est ce qu'ils disent tous » citation de Lou Borc, une amie. Ancienne amie maintenant.

       J'avais préparé toute une sorte de CV avec des recommandations des parents qui m'avaient employée pour m'occuper de leurs enfants, mais je n'en eu pas besoin. A peine ma proposition envoyée, à peine celle-ci acceptée.

       Je me suis un peu renseignée sur les Bartholy en ligne, histoire de ne pas atterrir dans une famille de psychopathes notoires (oui parce que si personne ne le sait, ça va). Je n'ai rien trouvé sur les membres de cette fameuse famille (donc jusqu'à preuve du contraire, ils ne vont pas me violer et séquestrer), mais en revanche, ils sont apparemment très riches. Loin de moi l'idée d'en profiter mais je me réjouis à l'idée d'avoir une gigantesque chambre et une douche à l'italienne avec un bain à remous.

       Bon. Je suis actuellement en train de déambuler dans les rues vides de Mystery Spell. Mon regard est fixé sur mon téléphone, et j'essaie de comprendre à quelle rue je dois tourner pour accéder à la demeure des Bartholy. J'ai vraiment un sens de l'orientation déplorable. Je ne cesse de tourner sur moi-même : je tente de voir dans quelle direction la flèche pointe. Finalement, ce qui devait arriver arriva, je me cogne contre quelqu'un. Mon téléphone chute alors, et je me précipite avant qu'il ne touche le sol. Je lâche un juron et relève mon visage. Une jeune femme de mon âge me regarde en haussant un sourcil. Elle est très belle, et me sourit malgré les insultes que j'ai lancées à son égard.

   - Enchantée ! elle dit en s'inclinant légèrement. Je suis Sarah. Désolée pour ton téléphone. Il n'a rien ?

   - Non, il va bien, je souris. C'est moi qui suis désolée. Je n'aurais pas dû avancer comme ça sans regarder.

   - Je ne t'ai jamais vue ici ! s'exclame-t-elle en réajustant son débardeur. J'habite cette ville depuis toujours, je connais tout le monde et toutes les mauvaises herbes. Es-tu nouvelle ?

   - Depuis toujours ? je m'écrie à mon tour. Je n'arrive pas à trouver une maison qui doit être gigantesque ! 32 hectares au moins.

   - 32 hectares ? elle ricane.

   - Peut-être pas autant.

   - Donc tu es bien nouvelle ! elle dit, fière. Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

   - Je viens étudier à la fac de Mystery Spell. Je vais loger entant que fille au pair aussi.

   - Ah oui ? Fille au pair ?

   - Oui, chez les Bartholy. Je suppose que tu les connais, puisque tu connais tout le monde ?

   - Les Bartholy... elle murmure, pensive.

   - Oui, un problème ?

   - Juste, soit prudente, elle dit soudainement froide. Ils sont différents de nous.

   - Ah ? j'interroge, intéressée. Je me suis renseignée pourtant. Ils ne sont pas des tueurs en série. Notoires en tout cas.

   - Ça n'empêche pas qu'ils soient... étranges. Leur père est l'être le plus terrifiant qu'il me fut donné de voir. Il n'est jamais là, mais seule l'idée de sa présence terrifie la ville entière. Le plus grand frère, Nicolae, cache son vrai visage derrière des airs courtois et modestes. Le cadet, Peter, se cache constamment derrière ses livres et sa mélancolie. Il ne parle à personne, et je ne suis pas sûre d'avoir déjà entendu sa voix. Quant-à Drogo, c'est un tombeur. Il change de copine aussi souvent qu'il change de slips. La petite dernière, Lorie, est une vraie psychopathe. Elle ne cesse de s'amuser du morbide et semble être sur le point de commettre un meurtre à chaque seconde qu'elle passe éveillée.

   - D'accord... je murmure assez étonnée de ce descriptif.

       C'est un petit peu tôt pour me méfier, non ? Rien de ce qu'elle ne m'a dit ne semble faire d'eux des tueurs. Ils sont peut-être différents des autres étudiants, mais en soit rien de grave. Nicolae est vieux jeu, Peter, mélancolique, Drogo, tombeur et Lorie une enfant psychopathe. A vrai dire, il n'y a qu'elle qui m'inquiète. Elle aime les jeux morbides, mais c'est une enfant, elle peut changer.

   - Bon, tu cherches le manoir ? elle reprend comme si de rien n'était.

   - Le manoir ? je m'étonne. Un manoir, carrément ?

   - Oui ! Allez viens.

       Elle passe son bras sous le mien et me fait tourner à 180 degrés. Visiblement, mon sens de l'orientation s'est encore empiré.

Chapitre écrit le 20 mai 2020.

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GROS BISOUS (je lis les coms)

Le prochain chapitre sera publié le mardi 17 novembre à 12h30.

Publié le 16 novembre 2020.