57. Règlements de comptes

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       Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, nous sommes dans un grand bâtiment, complètement sombre. Il fait froid, et la pièce ne semble ne pas avoir été aérée depuis des siècles. Le bras de Drogo est toujours fermement enroulé autour de ma taille, et je l'enlève aussitôt. Je ne veux pas avoir de tels contacts avec lui avant de s'être expliqués.

   - Pfiou ! s'exclame Sarah tandis que le bâtiment s'illumine. Tu es venue, Ella ! Trouve une chambre, n'importe laquelle, et va te coucher. On parlera de tout cela demain, quand on sera tous en forme, ok ?

       J'ai l'impression d'être traitée comme une enfant, mais j'obtempère, consciente que je ne suis pas dans mon état normal. Mes yeux, fatigués, ne prennent pas le temps d'examiner l'endroit où je me trouve. Le peu d'énergie qu'il me reste fait simplement travailler les muscles de mes jambes, à la recherche d'un lit. Malheureusement, je comprends bien vite que les chambres se trouvent à l'étage, et je n'ai très clairement pas la force de monter des escaliers.

   - Laisse-moi t'aider, Ella, murmure une voix rauque dans mon dos, s'il-te-plaît.

       Je pousse un soupir, me rendant compte de ma faiblesse. Je ne bouge pas, attendant qu'il comprenne. Finalement un bras passe sous mes genoux, et l'autre dans mon dos, pour me porter comme une princesse. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis allongée dans un lit, avec des draps sentant le renfermé. Depuis combien de temps n'ont-ils pas été utilisés ?

   - Là... soupire le vampire avant de déposer un baiser sur mon front. Dors bien. On parlera demain, promis.

       Je grogne, tandis que ses lèvres quittent mon front, et que son bras quitte mon dos. Je n'ai pas réussi à dormir chez Sarah, je n'arriverai pas non plus ici. Je crois maintenant comprendre comment faire taire mes pensées dépressives.

   - Reste, je murmure à mi-voix.

   - Tu veux que je... commence Drogo.

   - S'il-te-plaît, je veux juste dormir.

       Mes paupières sont fermées, et j'attends de sentir le matelas s'affaisser à mes côtés. Je sais qu'il va rester. Je me rends compte à quel point je suis faible. Incapable de dormir seule, de me tenir éloignée de mon petit-ami, d'effectuer un portail sans adrénaline, comment peuvent-ils tous me faire confiance pour tuer Viktor Bartholy ? La meilleure solution ne serait-elle pas de simplement mourir avant qu'il n'ait l'occasion de me mordre ?

   - Les vampires savent lire dans les pensées, Ella, il dit en s'allongeant. Arrête de t'imaginer ce genre de chose.

   - Mais comment ? je souffle.

       Il se glisse sous les couvertures, avant de me prendre dans ses bras. Je le laisse faire, impuissante à son contact. Une nouvelle fois, je suis absolument lamentable.

       J'ouvre péniblement mes yeux. Je n'ai jamais aussi bien dormi depuis des semaines. Je n'ai jamais vraiment dormi depuis des semaines, à vrai dire. Une main caresse mes cheveux, et je reconnais aussitôt qu'elle appartient à celle de mon vampire, grâce à sa froideur.

   - Bonjour... je souffle tout en frottant mes yeux, pour me réveiller définitivement.

   - Bonjour petite chose, murmure Drogo avant de me voler un rapide baiser.

       Je souris tristement. Ça faisait longtemps. Ses lèvres m'avaient manqué, et je ne sais même pas comment j'ai pu ne pas m'en rendre compte la veille.

   - Bien dormi ? il demande.

   - Comme un bébé.

   - J'ai vu ça, il rit attendri.

Plus que l'amour lui-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant