Plus que l'amour lui-même

66. Eternité

       La lumière filtrée dans les rideaux roses parvint à me réveiller. Mes yeux s'entrouvrent légèrement et douloureusement. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi en réalité. Ma tête me brûle un peu. Qu'est-ce qu'il s'est passé hier, déjà ? Cependant, une douleur bien plus horrible fait finalement surface. J'ai faim. Terriblement faim.

       J'essaie de bouger mes mains doucement, dans le but de pouvoir m'appuyer sur elles afin de me lever. Etrangement, je n'y arrive pas. Je sens mes doigts et arrive à les courber sans problème, mais je suis incapable de me redresser. Je descends doucement mon regard et découvre deux larges bras pâles enserrés autour de ma taille. Je remarque finalement un souffle chaud contre mon cou. Je suis complètement emprisonnée dans cette étreinte.

   - Je... je murmure pour déclarer mon réveil.

       A peine les mots sortis de ma bouche, la personne se trouvant dans mon dos se détache de moi et me retourne sur le dos, comme pour m'examiner. Je reconnais finalement mon petit-ami et ses deux pupilles ambrées plongées dans les miennes.

   - Drogo ? je souffle à mi-voix.

       Sans prononcer un mot, il se jette sur moi, me relevant le dos avant de me serrer contre lui de toutes ses forces. J'ai le souffle coupé à ce soudain contact. Il s'agrippe à moi, à mes vêtements, à mon corps, de toutes ses forces, comme s'il avait peur que je m'envole. Son visage est plongé dans mon cou et il respire difficilement tout en me rapprochant encore plus, pour supprimer le moindre millimètre nous séparant.

       Mes bras, qui étaient simplement posés contre le matelas le long de mon corps, se relèvent pour se plonger dans les cheveux du vampire. Il soupire à ce contact, en s'agrippant encore plus fort à moi.

   - Putain, ne refais plus jamais ça, il grogne sans cesser de m'étreindre.

       Je me rappelle soudainement de tout. L'appel, le manoir, Viktor Bartholy, ma mère, les sorcières, Drogo, la... mort ? Suis-je un vampire à présent ?

   - Je... je tente.

   - Tu m'as fait tellement peur, il chuchote difficilement contre ma peau.

       Je réagis finalement à son contact en le serrant contre moi de toutes mes forces, autant que lui. Mais il suffoque alors et s'éloigne.

   - Ah oui... il tousse. C'est vrai.

   - Je t'ai fait mal ? je m'inquiète.

   - Tu te rappelles ?

       Je hoche la tête tout en prenant son visage en coupe. Ses traits fins sont légèrement contractés sous la douleur.

   - Je t'ai mordu, Ella.

   - Je suis un vampire ?

   - A la force surhumaine.

       Je lâche un petit rire à cela, avant de laisser ma tête tomber dans son cou, comme honteuse. Il ricane tout en passant sa main dans mes cheveux.

   - J'ai dormi combien de temps ? Enfin, je suis un vampire mais... enfin bref.

   - Tu as « dormi » trois jours.

   - Trois jours ? je m'exclame.

   - Hum hum, il acquiesce en me caressant le dos.

   - J'ai réussi à bouger ma main ? je demande doucement.

   - Oui...