53. Le coven des Clam

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       Quatre jours se sont écoulés depuis ma crise. Ma blessure recommence à me faire mal, mais c'est largement supportable. Sarah m'a expliqué que l'énergie qu'elle m'avait transmise donne l'illusion à mon corps que la douleur que je ressens est inférieure à ce qu'elle est réellement. Normalement, je devrais être en train de souffrir encore plus qu'avant le transfert d'énergie, puisqu'elle s'accentue au cours du temps. Je serais déjà morte, à vrai dire, puisque mon cœur s'est arrêté de battre quelques secondes avant l'arrivée de mon amie, qui m'a ensuite ressuscitée, en quelques sortes.

       Je suis actuellement seule, dans ma chambre. J'ai quitté celle dans laquelle moi et Drogo avons passé nos convalescences. Elle était bien trop vide, presque effrayante de son silence. Elle n'a pas d'histoire. Ou n'avait pas. Nous avons ajouté au journal de sa vie notre première fois.

       Nicolae entre dans ma chambre, l'air grave. Il referme doucement la porte derrière lui, et prend le plus de temps possible avant de se retourner. Ses doigts sont crispés sur un gros livre noir légèrement poussiéreux. Qu'est-ce qu'il va m'annoncer ?

   - Nicolae ? je demande pour l'inviter à parler.

   - Je peux m'installer ?

       J'acquiesce. Il s'assoit doucement sur les coussins en-dessous de ma fenêtre, prenant le temps d'observer la forêt par la fenêtre, pour gagner le plus de temps possible.

   - Tu peux arrêter ton petit jeu ? je grogne en souriant gentiment. Je t'ai dit que je ne retournerai pas en cours.

       Après notre dispute de l'autre fois, nous avons reparlé du retour à la fac. Moi qui tenais tant à reprendre une vie normale avant, ne l'envisage même plus à présent. J'ai bien mis l'accent sur le fait que je n'apprécie pas la façon qu'il a de se placer en adulte ou parent par rapport à moi. Dans les faits, il avait raison de refuser de me laisser retourner à la fac, mais pas dans la forme. Je pense que c'est surtout cela qui m'a énervée. Quoiqu'il en soit, l'incident est clos.

   - Ecoute... il souffle, résigné. Ella, il va falloir que tu m'écoutes. S'il-te-plaît, écoute jusqu'à la fin. Pose des questions si tu en as, mais ne mets pas fin à ce que je vais te dire.

   - Bien, je dis avec appréhension.

       Nicolae se replace légèrement sur les coussins. Il en cale un derrière son dos, replace ses longues mèches de cheveux derrière ses oreilles, lisse un peu sa chemise, et prend finalement la parole.

   - J'ai fait des recherches sur tes parents, ta famille, et ce qu'il s'est passé, il commence. J'ai découvert que les Clam est une famille de sorcières très ancienne et très puissante. Cela fait plus de 20 générations que vous êtes matriarches de mère en fille. Il y avait un coven, le coven des Clam, qui était tout simplement le plus puissant au monde. Chaque nouvelle Clam mise au monde le dirigeait à son tour, à l'âge adulte. Vous êtes comme une famille bénie, puisque chaque sorcière était parfaite dans son rôle. De plus, lorsqu'il y avait plusieurs filles dans la fratrie, elles se partageaient le pouvoir équitablement et sans discordes. Généralement, une des sœurs n'avaient pas d'enfants, ou pas de filles, ou aucune qui ne veuille reprendre le pouvoir, et il revenait finalement entre les mains d'une seule et même sorcière. Tu es la seule et dernière héritière de cette famille.

       Il reprend sa respiration quelques secondes, attendant probablement des questions ou pour me laisser le temps de digérer ou de réaliser. Il triture entre ses mains un papier rempli de notes quelques secondes, avant de comprendre que c'est trop tôt pour que je dise quoique ce soit.

   - Ta mère dirigeait donc le coven, il continue, cependant, il a arrêté toute activité il y a de cela 19 ans. Aucun écrit n'explique pourquoi, mais on n'a pas eu de nouvelles depuis ce moment-là.

   - J'ai 19 ans, je murmure à mi-voix.

   - Tu... il bafouille. C'est peut-être lié... Je te promets que je ferai d'avantages de recherches à ce sujet... Je peux continuer ou tu as besoin d'une pause ?

   - Continue s'il-te-plaît, je chuchote presque avec la tête baissée.

   - Tu te rappelles de la bibliothèque dans laquelle tu es allée en début d'année avec Drogo, où tu as découvert ta nature ? il demande tandis que j'hoche la tête. Dedans, il y avait des dizaines et des dizaines d'héritages de sorcière...

       Il s'arrête à nouveau, pour me laisser me remémorer mes souvenirs. J'avais trouvé toute une étagère de la bibliothèque-cave remplie d'héritages de sorcières. Les héritages sont des livres que les sorcières se donnent sur trois générations. Une remplit le premier tiers, le donne à sa fille qui remplit le deuxième qui elle-même le donnera à sa fille qui remplira le troisième. Dedans, les femmes écrivent des formules, des sorts, des moyens qu'elles ont trouvés pour faire quelque chose de magique, en soi. C'est une sorte de condensé de toute leur expérience de sorcière, pour que leur enfant apprenne plus facilement, et devienne plus performante et puissante.

       Tous les livres que j'ai trouvés étaient intacts. A l'exception de celui de ma mère. Elle était la première génération de l'héritage, et toutes ses pages ont été arrachées. Il ne restait plus qu'un petit message à mon intention : « A Ella, ma fille. A toi de reprendre cet héritage familial. Je t'aime, maman. ».

   - Tous ces livres sont des trophées pour Viktor Bartholy, il reprend. Tu sais, certains tueurs en série humains gardent des objets ou même des membres de leurs victimes, comme de véritables trophées. Eh bien c'est son cas. Tous les héritages qui sont dans les étagères que tu as trouvées, sont des traces de toutes les familles de sorcières qu'il a exterminées.

       Je retiens ma respiration. Est-ce qu'il vient juste de me dire que mes parents ont été froidement assassinés par le vampire que je vais devoir tuer, simplement pour son égo ?

   - Au fait, je pense que ton père était au courant de ta nature, et de celle de sa femme. Tu portes le nom de famille de ta mère, ce qui est assez rare. C'est parce qu'il est très puissant et significatif. Ça aurait été impensable que tu ne le portes pas. Bref... j'ai dû ensuite découvrir pourquoi les pages de l'héritage des Clam étaient arrachées, au contraire de celles des autres, il poursuit. C'est avec l'aide de mes frères et des Osborne que j'ai découvert. Tu contrôles plus d'un élément. Bien plus d'un. Sarah m'a expliqué que les familles de sorcières comprenant plusieurs matriarches, contrôlent presque systématiquement plusieurs énergies. Sachant que la tienne a contrôlé le plus puissant coven jamais créé, et est composée de tant de matriarches qu'on ne saurait les compter, tu contrôles forcément énormément d'énergies. Ta mère devait donc être très puissante, et Bartholy n'a sans doute pas voulu qu'une sorcière ne tombe sur les rituels qu'elle aurait écrits dans son héritage, qui permettraient probablement d'acquérir le contrôle de plus d'énergies. Il ne voulait pas que des sorcières aussi puissantes que fut la famille des Clam, n'existent à nouveau. Mais il t'a oubliée. Je ne sais pas pourquoi ta mère t'a cachée ta nature, mais cela t'a permis de survivre. Puisque tu ne faisais pas de magie, mon géniteur n'a pas senti ton énergie excessivement puissante, et a donc dû penser qu'il avait exterminé toutes les Clam en assassinant ta mère. Mais tu es bien là, surpuissante et prête à l'anéantir pour de bon.


Chapitre écrit le 29 août 2020.

J'espère que c'est suffisamment clair... N'hésitez pas à poser des questions sinon !

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GROS BISOUS (je lis les coms)


Chapitre publié le 1er janvier 2021.

BONNE ANNEE TOUT LE MONDE !!! 2020 est ENFIN terminé ! J'aimerais dire que 2021 peut pas être pire mais je crois que l'univers va accepter le défi donc je vais me taire..

Désolée de ne pas avoir publié hier, j'ai passé la journée avec mes parents et ma soeur (on n'a pas pu être avec ma famille à cause du covid donc on restait ensemble pour se consoler)...

Le prochain chapitre sera publié tout de suite après.

Plus que l'amour lui-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant