38. Agression

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       Abandonnée, je sors seule du campus. Le soleil commence déjà à piquer du nez. J'espère simplement que j'atteindrai le manoir avant qu'il n'ait totalement arrêté de briller.

       Il fait étrangement froid dehors. Au vu de la chaleur de cet après-midi, j'étais sortie vêtue d'une simple robe d'été. Mes poils se hérissent et je suis parcourue d'un frisson. Je vais devoir rentrer seule, dans le noir et dans le froid. Quoi de mieux ?

       Je frotte légèrement mes épaules dans l'idée de me réchauffer. Evidemment, ça ne marche pas beaucoup. Je réunis alors mes deux paumes devant mon visage, et souffle bruyamment dessus. Mon air chaud rencontre ma peau froide. Je pose ensuite mes mains sur mes joues et commence à avancer en direction de l'immeuble de Sarah. Je n'ai toujours pas retenu d'itinéraire allant directement au manoir. Je suis donc obligée de passer par le chemin allant vers chez mon amie.

       J'ai fait l'erreur d'oublier mon casque audio, ce matin. Les rues sont vides. Le silence m'angoisse. Je cède enfin et allume mon téléphone sur mon application pour écouter de la musique. Je lance ma playlist du moment et ramène l'appareil à mon oreille pour pouvoir entendre le son.

       Je continue d'avancer aussi rapidement que possible dans les allées vides de Mystery Spell. La ville me paraissait si vivante à mon arrivée. Je suppose que les habitants de la ville sont majoritairement des jeunes qui sont en train d'étudier à cette heure-ci. C'est dommage que l'hiver arrive. En été, le soleil serait encore éclatant en fin d'après-midi.

       J'arrive près de chez mon amie. Je traverse quelques ruelles inquiétantes, mais un bon millier de fois moins que celle qui relie l'appartement de Sarah au manoir des Bartholy. Il n'en reste finalement plus qu'une avant que je ne rejoigne à nouveau les belles rues éclairées et entretenues.

   - Eh ! gronde une voix.

       Je mets aussitôt pause sur ma musique et range mon téléphone dans le doute. Je regarde ensuite aux alentours pour distinguer d'où venait cette voix peu aimable. Un jeune homme dans la vingtaine à la peau pâle se dégage finalement de l'ombre.

   - Je peux vous aider ? je demande poliment.

   - J'crois bien qu'oui, il marmonne en commençant à réduire la précieuse distance nous séparant.

       Moi qui avais encore un doute sur les intentions de mon interlocuteur, elles sont vites écartées quand un deuxième homme à l'air menaçant, sort à son tour de la zone sombre. Je recule par réflexe et essaie de jauger la distance me séparant de la rue, pour voir si je peux essayer de m'enfuir. A mon grand désespoir, je n'ai strictement aucune chance.

   - Eloignez-vous, j'ordonne.

       Le garçon à la peau pâle ricane. Il se redresse un petit peu, et je remarque qu'en plus de me dépasser en nombre, ils me dépassent tous deux en taille.

       Je sens la présence du mur derrière moi. Tout sauf ça. J'engage alors un petit virage pour essayer de reculer vers la rue qui est pourtant bien loin. Qui sait, peut-être qu'un sauveur ou une sauveuse s'y balade ?

   - Qu'est-ce que vous me voulez ? je demande pour essayer de gagner du temps.

   - Qu'est-c'tu crois qu'on t'veut ? réplique le deuxième garçon.

       Je frissonne à ses paroles. Je crois bien que c'est la première fois que je fais face à des agresseurs aussi... directs. Les derniers fois que j'ai eu l'extrême chance d'en rencontrer *hum hum*, ils essayaient au moins de me sortir des phrases de drague pour me mettre la pression. Je ne saurais dire ce que je préfère, ou plutôt ce qui est le moins pire.

       Je garde le contact visuel avec le garçon au teint pâle, comme pour essayer de cacher ma peur plus qu'évidente. J'essaie de me prêter une apparence courageuse qui ne me correspond pas. Malheureusement, ma technique s'avère peu fructueuse. Bien au contraire, puisqu'elle offre tout le loisir à l'autre homme, de venir me bloquer dans le dos. Merde.

       L'enfoiré pâle s'approche et commence doucement à me toucher. Il ne pose que ses mains sur mes bras. Pour le moment. Derrière, l'autre agresseur qui a une teinture rousse, me retient les bras dans le dos. Je suis totalement impuissante. Mes pouvoirs me démangent.

       Je ferme doucement les yeux, essayant de me concentrer pour utiliser mes pouvoirs. Je n'ai pas le choix. Au vu de mon état psychologique actuel, il faut que je fasse très attention. Je risque d'exploser et de les tuer. Ils le méritent, mais je ne me pense pas capable de vivre avec le sang de deux personnes sur les mains, aussi mauvaises soient-elles.

       Un son de klaxon retentit. Le bruit perturbe les deux hommes, qui se retournent aussitôt vers son origine. La grande voiture écarlate de Drogo trône dans la faible lumière du crépuscule. On dirait un film. Le vampire sort aussitôt de celle-ci. Mes agresseurs me lâchent aussitôt, et je me retourne. Etonnamment, je ne suis pas figée sur place par ce qui vient de se passer. J'ai juste de la haine.

       J'attrape le roux par le bras alors qu'ils essayaient de fuir. Aussitôt, mes pouvoirs se déchaînent à son contact. Je domine à présent, et je compte bien en profiter.

       De l'eau sort de mon autre main, sans même que je ne lui aie ordonné. Une sorte de vague        ramène alors le pâle qui s'enfuyait. Une fois celui-ci à côté de son complice, elle s'écrase sur eux. Ils s'écrasent sur le sol avec. D'où me sort toute cette puissance ? Je ne commande même pas mes pouvoirs. J'ai l'impression d'être simple spectatrice de ce qui se passe.

       Par hasard, je suppose, des éclairs commencent à sortir du ciel. Je commence par me faire la réflexion qu'il faisait plutôt beau temps toute à l'heure, avant de me rendre compte de la situation. Ce n'est pas bon. Eau et électricité ne font pas bon ménage.

       Des mains se posent sur mes épaules. Aussitôt, les éclairs s'arrêtent, et je sens mes cheveux revenir sur mon cou. Je ne m'en étais pas rendue compte, mais ils volaient autour de ma tête depuis le début de ma perte de contrôle.

   - Respire, Ella, respire.

       Je me détends alors et m'affale un peu dans les bras de Drogo. Il me porte jusqu'à la voiture où il me dépose sur le siège passager. Je suis fatiguée, oui, mais moins que ce que j'aurais cru pour une démonstration pareille. L'adrénaline est vraiment un bon stimulant.

        Le vampire repart en direction des agresseurs. Je ne me suis pas inquiétée de leur sort. Je suis trop médusée par l'étendue de mes pouvoirs pour prêter attention à deux hommes méritants en tous points de finir en prison. Le blond leur fait une hypnose pour leur effacer la mémoire. Il les dispose ensuite contre un mur, appelle quelqu'un – la police probablement – avant de revenir vers la voiture et de nous ramener au manoir en silence.


Chapitre écrit le 27 juin 2020.

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Chapitre publié le 17 décembre 2020.

Le prochain chapitre sera publié le 18 décembre vers 19h.

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