Chp 19 - Fassa : les joues creuses d'une femme amoureuse

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Je n'annonçai pas tout de suite mon projet de mariage à mes amis. Je voulais attendre d'avoir d'abord la bénédiction de mes parents. Et, quelques semaines après être rentrée d'Islande, en passant chez lui, je m'aperçus d'un changement chez Lev. Il avait les cheveux courts... Cela me fit un tel choc que j'en restai muette un instant.

— Eh bien ? me fit-il en levant un sourcil. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu as coupé tes cheveux ? demandai-je, la gorge serrée.

J'avais l'impression qu'il avait fait ça pour me punir. Par pure cruauté, parce que toucher cette chevelure était l'un des seuls contacts physiques que j'avais avec lui.

Non. Il ne l'a pas fait sciemment. Mais il se fiche de l'impression qu'il fait sur toi, c'est tout. C'était dans l'accord. Pas de sentiment de possession sur le corps de l'autre. Il n'avait même pas à t'en parler, à solliciter ton avis.

— Oui, répondit-il en se plantant devant moi, les mains dans les poches. J'en avais marre de cette masse lourde. En plus, ça faisait négligé.

Il ne lui restait plus que dix centimètres sur le crâne.

— Ça te donne un air complètement différent, murmurai-je.

— J'espère bien ! fit-il en passant à son tour la main dans ses cheveux.

Toujours aussi raides et épais, ces derniers se dressaient sur sa tête en pointes effilées, et ils semblaient désormais entièrement blancs. Maintenant qu'il avait perdu sa longueur de seigneur elfique, le visage de Lev paraissait beaucoup plus triangulaire et délicat, et toute l'aura sombre chez lui avait disparu. En fait, il avait l'air beaucoup plus gentil, car sa nouvelle coupe lui dégageait complètement les traits. Ce n'est pas que j'aimais pas, c'est juste que j'avais l'impression de me trouver devant un autre homme, n'ayant plus rien à voir avec le prince Tchevsky.

— Mais moi, j'aimais bien comme tu étais avant. Là, on dirait... que c'est pas toi.

Lev se mit à rire.

— Et c'est quoi, moi ? Dis plutôt que tu me préférais avec les cheveux longs car c'était plus proche de l'image que tu te faisais de ton mec idéal, un hard-rocker chevelu !

— C'est toi mon mec idéal, personne d'autre, protestai-je. C'est juste que je t'ai toujours connu comme ça, alors ça fait bizarre, c'est tout.

— Ça fait moins de trois mois qu'on se connait Fassa, soupira Lev, alors ne dis pas que tu m'as toujours connu comme ça.

Je l'observai alors qu'il s'activait à chercher quelque chose dans ses affaires. Sa nouvelle coiffure lui allait bien, mais j'avais toujours trouvé ses longs cheveux gris-argent terriblement sexy. Pour moi, cela faisait partie intégrante du sex-appeal de Lev, et il avait tout coupé. Même s'il les avait toujours attachés pendant la journée, j'adorais voir cette masse brillante et argentée tomber dans son dos lorsqu'il sortait de la douche. Cette longue chevelure participait au caractère irréel du physique de Lev, ça lui donnait un air surnaturel. Maintenant, il ressemblait presque à n'importe quel russo-finnois adepte de ski et de sauna.

— Tiens, me dit-il soudain en me lançant un objet dans les mains. Puisque tu faisais une telle fixation sur mes cheveux, j'ai pensé que tu voudrais garder ça comme fétiche !

C'était une queue de cheval de quarante centimètres de cheveux d'un blanc lunaire, retenue au bout par un nœud serré. Les cheveux de Lev.

— Merci d'y avoir pensé, murmurai-je en caressant doucement la longue queue de cheveux.

— T'es vraiment une dingue, Fassa, fit Lev en riant. Finalement, je ne sais pas si c'est une très bonne idée de t'encourager dans cette voie-là. Parfois, tu me fais peur !

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