Chp 23 - Fassa : la révélation

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Peu de temps après le retour de Konosuke dans son pays, une scène terrible éclata avec Erik.

Ce jour-là, il était passé me chercher à la maison pour qu'on aille au cinéma. Je voulais absolument voir le nouveau Tim Burton, Charlie et la chocolaterie, à la séance de dix heures et j'avais réussi à convaincre mon copain de venir avec moi. Lev n'était pas forcément un fan de Tim Burton, dont il trouvait l'univers trop fantaisiste, mais ses films le faisaient beaucoup rire, comme en général tous les blockbusters américains. Il accepta donc facilement de m'y accompagner, et j'étais en train de finir de me maquiller lorsqu'il sonna. Pour l'occasion, j'avais mis un haut en satin rouge, manches princesse, sur un t-shirt rayé noir et blanc aux manches longues, un simple jean et une paire de bottines sorcières à petit talons. J'avais laissé pendre mes cheveux nouvellement reteints dans mon dos, mis du khôl autour des yeux et je me trouvais très belle.

— J'arrive, criai-je à Lev par la fenêtre.

Je finis de me recoiffer, ramassai mes cliques et mes claques en vitesse et descendit les escaliers quatre à quatre. Lev attendait, adossé contre sa voiture. Il portait des lunettes de soleil, ce qui était plutôt rare.

—T'as vu comme il fait beau, Fassa ? me dit-il en pointant du doigt l'éclatant soleil du matin. Tu ne veux pas qu'on monte à Hyvinkää pour skier, plutôt ?

— Ah non, Lev ! protestai-je. Je veux absolument voir ce film, ça fait plus de six mois que j'attends qu'il sorte ! Tu m'as promis !

— On peut y aller ce soir, remarqua Lev. On n'est pas obligés d'y aller là maintenant, séance tenante.

Je fis la moue.

— Mais justement, à la séance de dix heures, il n'y aura personne ! Le film est sorti hier soir et je n'ai pas pu y aller à cause du concert, mais ce soir, ce sera encore blindé ! Avec tous les gosses et les fans de Johnny Depp qui crient, on n'entendra rien du tout !

Lev soupira.

— Tes désirs sont des ordres, princesse, dit-il en me laissant passer pour que j'aille dans la voiture.

Je m'apprêtai à monter, ne pouvant plus attendre de voir Johnny Depp sous le chapeau du machiavélique Willy Wonka, lorsque j'aperçus Erik, qui rentrait probablement d'une folle nuit en club. Le nez enfoncé dans son écharpe en laine, qui était le seul vêtement d'hiver qu'il portait, il marchait d'un pas pressé vers la porte, semblant ne pas m'avoir vu. Une grosse mèche de ses cheveux couleur de blé mûr était encore dressée sur sa tête par le gel, et il avait l'air pressé. Vu qu'il portait un simple t-shirt sans manches qui découvrait ses bras secs et nus, je comprenais sa hâte de rentrer au chaud. Néanmoins, j'avais envie d'en profiter pour lui présenter rapidement mon copain, qu'il était le seul, de tous mes amis, à ne pas connaître.

— Ah, Erik ! l'interpellai-je avec un grand signe de la main. Viens un peu par-là, je voudrais te présenter Lev !

Ce dernier me faisait face, tournant le dos à mon ami. Il se retourna lentement, alors qu'Erik tournait rapidement sa tête vers nous.

Soudain, l'expression boudeuse et gentille d'Erik se transforma. Ses yeux s'agrandirent, les pupilles à l'intérieur se rétrécissant d'un seul coup, alors que sur sa bouche apparaissait un rictus de pure haine. Il fit un étonnant bond en arrière, et il se signa, attrapant la chaine autour de son cou pour en porter rapidement la croix à ses lèvres. On aurait dit qu'il avait vu le diable.

— Par tous les démons du Nifelheim ! hurla-t-il d'une voix rauque. Ulfasso Levine Tchevsky ! Je me doutais bien que même l'enfer n'avait pas voulu de toi !

Lev, qui tenait encore celui-ci dans sa main, en lâcha son téléphone, le rattrapant machinalement et de justesse du bout des doigts. Complètement dépassée par les évènements, je me haussai sur la pointe des pieds pour voir ce qui se passait vraiment.

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