Chp 16 - Lev : les minets blonds

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Putain de Noël de merde. Mon acheteur n'a pas réussi à avoir le tableau. Et, presque pire, Artyom m'a rappelé.

「Tu me manques. Te voir était comme recevoir un verre d'eau après une longue errance dans le désert. J'attends tes ordres, Lev. 」

J'effaçai vite le message. Si Fassa tombait là-dessus... elle allait faire une syncope. Pour elle, ce serait sans doute pire que toute cette histoire de prince Tchevsky.

Artyom ne remettait pas en cause le fait que je sois avec une femme. C'était normal : un homme doit aller avec une femme, point barre. Mais ça n'empêchait pas quelques « écarts », quand le besoin s'en faisait sentir... et qu'il n'y avait pas de candidates disponibles à la ronde. Une femme, ça se courtise, ça se mérite. Il faut se montrer patient, assidu. Et là, alors, peut-être qu'elles ouvriront les cuisses. C'est la récompense après une bonne chasse, une traque longue et éreintante. Un homme, lorsqu'il n'est pas amoureux, ne pense qu'à satisfaire ses pulsions. Une fois que c'est fait, c'est oublié. Il m'était donc arrivé d'utiliser ce jeune minet d'Artyom, plus d'une fois. De jouer à quelques jeux. C'est lui qui l'avait proposé.

Tout avait commencé un après-midi pluvieux, dans l'arrière-salle du restaurant. J'étais seul, occupé à vérifier les redevances que le gouvernement fnlandais demandait au resto. Boris était parti faire des courses. Restait Artyom, blond comme l'était Erik, avec presque autant de taches de rousseur que lui. Il me tournait autour comme un louveteau qui s'entraîne à la traque, cherchant l'ouverture. J'avais repéré son manège dès le début. Je savais ce qu'il cherchait. Et ça n'avait pas traîné. Il avait suffi que je me tourne vers lui, que je le fixe, une main posée sur mon genou.

— Tu veux quoi, au juste, Tioma ?

Il avait rougi.

— Je...

— Accouche.

Mon petit ton autoritaire lui avait plu. Il avait relevé la tête, sa bouche à gober des pines bien entrouverte, et m'avait défié du regard.

— Lev, est-ce que je peux prendre ta queue dans ma bouche ? S'il te plaît. J'en ai besoin.

Son audace m'avait stupéfait. Mais je n'avais rien montré.

— Tu en as besoin, avais-je répété, l'air menaçant. Me pomper. Moi, un autre homme. Tu crois que j'ai envie qu'un mec me suce la bite, Artyom ? Tu crois que j'ai envie qu'un putain de petit pédé ukrainien me taille une pipe ?

Artyom avait tremblé. Il savait de quoi les gens comme moi étaient capables. Le risque énorme qu'il prenait à révéler son homosexualité à un type venant d'un des pays les plus homophobes de la planète. Mais c'était plus fort que lui. Et il avait soutenu mon regard.

— Eh bien, soit, avais-je dit en écartant bien les jambes. Montre-moi ce que tu sais faire.

Il s'était mis à genoux, avait ouvert ma braguette et avait vénéré ma queue comme aucune professionnelle ne l'avait fait. Ils se mettent tous à genoux. Tous... sauf Erik.

Mais c'était du passé, tout ça. Du passé enterré... mais pas oublié.

Je l'avais avoué à Roman, il y a très longtemps, lors d'une soirée un peu trop arrosée.

J'aime malmener les hommes, les casser, les dominer. C'est plus fort que moi : je suis comme ça. On peut appeler ça une perversion, une paraphilie... J'en suis conscient. Avec eux, je peux imaginer des choses que je n'oserai jamais penser d'une femme. Rien qu'en voyant cette jeune recrue à genoux, les mains liées dans le dos, je me suis senti durcir. La vérité, c'est que je l'ai visualisé en train de s'étouffer sur ma queue. Je le baisais brutalement, comme j'ai vu faire le commandant Ouliev sur ces prisonniers pendant nos classes... tu te souviens ? Oui, tu te souviens. Pourquoi j'imagine ces choses, Roma ?

Avouer tout ça à Fassa... c'était presque pire que de l'imaginer, elle, dans ces positions. Je ne pouvais pas la visualiser ainsi, soumise, à ma merci. C'était hors de question. Ça aurait été différent si je ne la respectais pas. Mais j'étais attaché à elle... peut-être plus qu'attaché, en fait.

Liova, mon vieux... tu ne serais pas en train de tomber amoureux ?

Cela me paraissait peu probable. Je n'avais jamais été tourné vers ce type de sentiment : l'amour, c'est un état d'esprit, celui de quelqu'un qui pense avec le cœur, pas avec sa tête. Mais il était indéniable qu'il y avait quelque chose entre Fassa et moi. Et qu'elle pouvait m'être utile de bien des façons. Si je m'y prenais bien, il pouvait émerger quelque chose de cette relation. À condition d'éliminer tous les obstacles potentiels, à commencer par Artyom.

Personne ne pouvait mettre cette possibilité en danger. Personne. Pas même un minet blond à la bouche humide, sosie quasi parfait d'un autre minet blond aux lèvres luisantes.

J'envoyai un message à Artyom. Il fallait qu'il comprenne. S'il ne comprenait pas... Tant pis pour lui.

「Ne me rappelle pas, idiot d'ukrainien. Oublie ce numéro. Si tu continues à me harceler, même la bratva ne pourra rien pour toi.」

Il ne me répondit pas. Il avait sans doute compris. Ces minets blonds de bleds paumés ont un sens de la survie développée, comme les chats de gouttière. Tous... sauf Erik, encore une fois.


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