Chp 20 - Fassa : Le petit copain d'Erik

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Lev partit le lendemain matin : j'allais avec lui à l'aéroport. Il me prêtait sa voiture pendant son absence, et je devais aller le chercher avec le surlendemain.

Cela avait beau être une courte séparation, je sentis mon cœur se serrer en le voyant disparaître derrière le portique de l'embarquement. C'était la première fois que je me retrouvais sans lui plus d'une journée depuis deux mois et demi, et j'avais beau savoir qu'il serait amené à faire d'autres déplacements, parfois beaucoup plus longs, je n'en étais pas ravie.

Mais il m'avait laissé sa bagnole, une superbe Porsche 955 Transyberia, le quatrième modèle de la série des Cayenne, qui me faisait me sentir la reine de la route. Seul hic, le GPS en japonais, auquel je ne comprenais carrément rien. D'ailleurs, je me demandais encore pourquoi Lev avait acheté sa nouvelle voiture au Japon, alors que c'était une allemande.

J'avais déjà conduit sa voiture, alors cela ne me posait aucun problème pour me rapatrier à Hesa. Mais alors que j'étais en train de me débattre avec le menu de ce foutu GPS nippon, mon téléphone sonna.

— Oui ? fis-je, ayant attrapé le téléphone d'une main, m'apprêtant à m'engager sur l'autoroute pour rejoindre Helsinki.

— C'est moi, Erik, fit la voix pressée de ce dernier dans le combiné. Dis donc, je viens d'avoir Martii qui me dit que t'as une bagnole, alors tu veux pas venir nous chercher, mon pote et moi, à la gare où on vient de débarquer ? On a quarante kilos de matériel sur le dos, alors ça me fait un peu chier de prendre le métro, si tu vois ce que je veux dire.

— Oui Erik, soupirais-je, je vois ce que tu veux dire. J'arrive, disons, dans dix minutes.

— Ok, merci, dit-il. C'est cool.

Je raccrochai, et me concentrai à nouveau sur ma conduite. Arrivant à la gare, je ne tardais pas à apercevoir Erik et son pote, emmitouflés dans d'épaisses parkas techniques, grosses lunettes sur le nez et matériel de ski de randonnée à leurs pieds. Je leur fis un signe, ouvris le coffre de l'intérieur et les laissaient charger leurs sacs et leur matos, observant du coin de l'œil le fameux « pote » d'Erik, le seul qui ne soit pas de notre bande, en fait.

Le type, un brun du genre beau gosse, dirigeait les opérations avec un naturel déconcertant, roulant tranquillement des mécaniques. Après avoir dit à Erik en anglais : « Nan, pas là, laisse-moi faire » avant de fixer d'une main sûre les planches sur le haut de la bagnole, il me jeta un regard appuyé, dézippant sa parka, un gant coincé entre les dents, dévoilant un débardeur en épais coton gris côtelé sur lequel pendait une chaine à grosses mailles.

Eh ben d'accord, pensai-je en détournant la tête. Depuis quelques temps déjà, je soupçonnais Erik d'être plus intéressé par les hommes que par les nanas, et la vue de ce minet mince et nerveux me conforta dans cette idée.

Tous les deux entrèrent dans la voiture, s'assirent – Erik à l'avant, l'autre à l'arrière, au milieu, dans une pause bien décontractée - et ôtèrent leurs bonnets. À la vue de leur coupe de cheveux, absolument identique, je faillis éclater de rire : en fait, le pote d'Erik était sa copie conforme niveau look, en brun, plus grand, et plus macho. Il était également, pour ce que je pus en voir, eurasien.

— Fassa, me lança Erik avant de passer à l'anglais, je te présente Konosuke. Kon, ma coloc Fassa, une fille super cool.

— Ouais, tu m'en as déjà parlé, fit « Kon » d'une voix grave et posée en me faisant un signe de tête. Salut.

— Salut... Konosuke, répondis-je en lui tendant la main. Ravie de faire ta connaissance. Alors, la neige était bonne ?

— Excellente, fit Erik en soufflant dans ses mains pour les réchauffer. C'est quoi cette caisse de luxe ?

DEVILISH LIESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant