Chp 38 - Lev : dernière visite

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Embusqué dans le noir sur le toit de Mme Türunen, la matrone qui vivait en face de chez Fassa, j'avais attendu toute la nuit que ce maudit Konosuke quitte l'appartement. Il le fit au petit matin, pour aller chercher le petit déj' après une bonne nuit de baise gay. Parfait. Ça me laissait quelques minutes pour aller remettre les pendules à l'heure chez Erik. Une opération nécessaire, le mariage approchant à grands pas.

J'entrai dans l'appartement en silence, avec mon propre jeu de clés, puis me dirigeai dans la chambre de la cible. Erik dormait à poings fermés, en boxer et sans couvertures. Je m'assis à califourchon sur lui, sûr de lui foutre la trouille de sa vie. Mais il se contenta de gémir en tentant de se retourner avant de poser carrément ses mains sur mes genoux. Il devait me prendre pour Konosuke.

— Erik... murmurai-je pour le réveiller, observant son petit visage chiffonné. Erik... Réveille toi.

Il fit un bruit mouillé avec sa bouche, avant de commencer à ouvrir les yeux. La panique y apparut bientôt, à ma grande satisfaction.

— Au secou...

J'écrasai brusquement ma main gantée de cuir sur sa bouche, étouffant son hurlement.

— Allons Erik, susurrai-je, tu crois que c'est raisonnable ? Ne m'oblige pas à te scotcher la bouche. Fais oui de la tête si tu as compris.

Il bougea légèrement, sans me quitter des yeux.

— Je vais te relâcher, continuai-je. J'ai envie d'avoir un brin de causette avec toi. N'oublie pas, au moindre hurlement...

Je posai deux doigts sur ma jugulaire, et il comprit tout de suite le message. En russe, ce geste veut dire couic.

Je retirai lentement ma main. Erik ne hurla pas, se contentant de respirer à grandes bouffées.

— Qu'est-ce que tu vas me faire ? me demanda-t-il en tremblant.

Il me posait cette question idiote à chaque fois qu'il me voyait, et ce dès le premier jour.

— Je ne sais pas, répondis-je en prenant un canard qui trainait sur le lit, que je roulai en tube et avec lequel je tapotai doucement sa tête. Ça dépend de ce que tu vas me dire.

Erik déglutit, puis trouva suffisamment de contenance pour poser sur moi un regard haineux.

— Je t'écoute, Ulfasso.

— Est-ce que tu comptes encore raconter ton histoire abracadabrante à Fassa, ou à quelqu'un d'autre pendant le mariage, par exemple ?

Les sourcils froncés, il fit non de la tête.

Ty molodets, le félicitai-je en lui tapotant la joue. Est-ce que le séjour à l'hôpital t'a bien fait prendre conscience que tout ça, c'était dans ta tête ? Et qu'il fallait arrêter d'en parler, parce que sinon, tu risquais de balancer des informations classées secret défense, qui nous mettraient en danger, toi et moi ?

Nouveau hochement de tête.

— Bon. Est-ce que tu t'es rappelé que tu t'appelles Alexei Aviouchko, et que tu n'es pas plus suédois que moi je suis italien ?

Erik ouvrit la bouche. Je posai mon doigt dessus avant qu'il ne dise une bourde.

— Alexei Erikovich Aviouchko. Répète ce nom.

— Alexei... Erikovich... Aviouchko, articula-t-il lorsque j'enlevai ma main.

Je me penchai pour bien le regarder. De son bras libre, Erik tentait d'attraper un truc pour le soustraire à mon regard... une arme, peut-être ? Brusquement, je lui saisis le poignet, tirant sa main sous mes yeux.

DEVILISH LIESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant