Chp 43 - Fassa : vœux d'allégeance (1)

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Enfin le grand jour. On y était.

J'étais rentrée tard, la veille. J'avais trouvé Lev allongé dans le canapé, devant ses éternelles séries comiques russes, le bras en écharpe. Il m'avait avoué qu'il avait fait une mauvaise chute en allant courir le matin... J'avais soupçonné Nina de l'avoir attaqué, mais je ne lui ai rien dit. Il s'en était fallu de peu pour qu'on doive reporter la cérémonie... un doute subsistait : Lev serait-il capable de faire ce qui était prévu ce soir ?

Moi, je me sentais prête. Archi-prête. Et j'avais décidé que s'il se refusait encore une fois... ce serait la fin, pour lui. Plus question qu'il se dérobe. Il serait mon mari dans sa totalité, dans tout son être. Ou il ne le serait pas du tout.


*


Le passage à l'église fut relativement expédié, parce que Lev n'avait cédé sur la cérémonie luthérienne qu'à condition qu'elle ne dure pas. Debout avec mon mari devant le pasteur, les bords de ma robe de satin et de tulle blanc me grattant la peau, j'attendis moi aussi avec impatience qu'on nous fasse prononcer les mots fatidiques.

Lev était magnifique. Ses cheveux mi-longs étaient ramassés en arrière, dégageant son visage. Il portait un costume tout simple, bien coupé, qui mettait sa silhouette athlétique en valeur.

Le pasteur nous fit nous tourner l'un en face de l'autre. Je me retrouvai devant Lev, qui affichait un sourire tranquille et confiant.

— Lev Haakonen, voulez-vous prendre pour épouse Fassa Aaristi, debout devant vous, et lui jurer amour et fidélité jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

Je jetai un rapide coup d'œil au pasteur, assez mécontente de son texte. J'avais demandé « amour et fidélité éternelle », et pas « jusqu'à ce que la mort vous sépare ». Entendre ce mot à mon mariage, censé être un événement auspicieux, ne me plaisait pas du tout. Je vis que Erik, debout derrière moi, avait tilté également.

Il était finalement venu.

Lev planta son regard vert fée dans le mien. Les coins de sa bouche sensuelle étaient relevés comme s'il avait du mal à cacher son ravissement, et l'étonnante prunelle fendue de ses yeux de chat s'étira.

— Oui, dit-il lentement d'une voix grave, je le veux.

Il me sourit à nouveau, puis reporta son attention sur le pasteur qui demanda :

— Fassa Aaristi, voulez-vous prendre pour époux Lev Haakonen, ici devant vous, et lui jurer fidélité et amour éternel ?

Cette fois, il l'avait dit. Je me demandais pourquoi il l'avait oublié pour moi, d'ailleurs.

C'était maintenant à mon tour. Me sentant soudain aussi nerveuse que la première fois où j'étais montée sur scène devant tout le monde, à seize ans, j'avais l'impression que tout le monde était suspendu à mes lèvres. C'était effectivement le cas. Mon fiancé tourna vers moi un regard intense.

— Oui, je le veux, dis-je alors.

Aussitôt, Lev se saisit de ma main, la serrant dans la sienne comme si elle lui avait toujours appartenu.

— Je vous déclare mari et femme, statua le pasteur.

Erik me tendit alors la boîte contenant les alliances. Je l'avais choisi comme témoin, car il était la seule personne à nous connaître tous les deux. Il échangea un regard avec Lev au passage, que je trouvais assez étrange. Presque complice... Je passai l'écrin à Lev, qui l'ouvrit et en sortit un anneau en platine serti de minuscules diamants, qu'il passa à mon doigt. C'était moi qui avais choisi cette bague, la trouvant bien plus pratique à porter quotidiennement que l'énorme caillou que Lev était prêt à me payer. Lev avait exactement la même, et je la lui passai au doigt sous les applaudissements de mes amis. Lorsque ce fut fait, il m'attira à lui et m'embrassa à pleine bouche, choquant probablement ma mère pour le reste de sa vie.

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