Chp 18 - Lev : Ivalna

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Fassa voulait que je rencontre ses parents. Je saisis cette occasion pour me décider à couper mes cheveux. Hors de question de leur faire mauvaise impression avec une longue tignasse de Bulwai le viking. Ils devaient en voir assez dans l'entourage de leur fille, et prier pour qu'elle n'épouse pas l'un de ces gars chevelus et hurlants.

— Vous voulez tout couper ? me demanda le coiffeur, un jeune minet à barbiche taillée, en passant ses doigts dans mes cheveux.

Je jetai un œil languide sur l'unique coiffeuse du magasin. J'aurais préféré que ce soit elle qui me prenne, mais elle était occupée avec un autre client.

— Oui, répondis-je en revenant sur la glace, coupez tout.

J'avais tout de même renoncé à me faire raser la tête.

— Bon, j'y vais, fit le coiffeur en prenant une grosse paire de ciseaux, qu'il ouvrit sur ma longue queue de cheval. Après une pause mélodramatique, celle-ci tomba par terre, et le coiffeur la ramassa immédiatement.

— Vous avez des cheveux surréalistes, monsieur, crut-il bon de préciser en les regardant. On dirait des faux, vous savez, ceux qu'on utilise pour les échantillons de coloration. Ça fait combien de temps que vous n'étiez pas allé chez le coiffeur ?

— Longtemps, répondis-je, très longtemps.

En fait, je n'y étais jamais allé. J'avais toujours eu les cheveux longs, même dans les Spetsnaz. Ils poussaient depuis que j'étais tout gamin, n'ayant jamais connu le ciseau.

Je bougeai un peu, surpris de la sensation de légèreté que j'éprouvais maintenant que j'étais débarrassé de cette masse. Ils étaient vraiment très lourds.

Je jetai un coup d'œil dans le reflet, étonné de ma nouvelle tête. Mes cheveux m'arrivaient sous les oreilles, me donnant un air de jeune premier.

— Vous voulez que je vous les coupe comment ? demanda encore le coiffeur.

Je n'avais aucune idée précise. Je décidai de le laisser faire.

— Comme vous voulez, lui dis-je en levant les yeux vers lui. C'est vous le pro.

Le coiffeur sourit.

— Ça tombe bien, dit-il, je vois tout à fait comment je vais vous coiffer. Avec des cheveux d'un tel gris, vous pouvez tout vous permettre. Vous ne comptez pas les teindre, n'est-ce pas ?

— Non, répondis-je.

Je savais que c'était très compliqué de teindre des cheveux blancs, et je ne me voyais pas retourner chez le coiffeur toutes les trois semaines.

Ce virtuose du ciseau et de la tondeuse mis moins de trente minutes à me couper les cheveux, effilant les pointes avec une dextérité étonnante. A la fin, il m'aspergea de gel vaporisé. Je fermais les yeux, sentant une odeur chimique me prendre au nez.

— C'est fini, annonça-t-il enfin. Alors, vous trouvez ça comment ? Ça change, hein ?

J'ouvris les yeux sur mon image dans la glace. On aurait dit quelqu'un d'autre. J'avais l'impression d'être assis en face d'un inconnu. Je me fis un sourire timide, plus large en constatant à quel point j'avais l'air sympathique. En sculptant mes cheveux avec du gel, le coiffeur m'avait un peu fait une coupe de jeune fan de techno de Kallio, mais ça avait l'air moderne et dynamique, et en fait, ça m'allait pas mal.

— Comment avez-vous réussi à obtenir cette couleur platine ? me demanda le coiffeur avec curiosité, un doigt sur la bouche. Vous les lavez avec un shampoing spécial ? Ce n'est pas une teinture, n'est-ce pas ?

Je fis non de la tête. Je ne faisais rien pour entretenir cette couleur d'albinos. Si j'avais dû teindre mes cheveux, je l'aurais fait en brun, pour retrouver la magnifique teinte bien noire que ma mère m'avait donné à la naissance.

DEVILISH LIESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant