Chp 25 Fassa : le récit d'Erik

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Erik, en crise totale, était prostré sur le canapé, la tête dans les mains. Il se balançait d'avant en arrière, et avait tiré tous les rideaux. Je les ouvris, laissant à nouveau la lumière inonder la pièce. Erik gémit lorsqu'un rayon vint éclairer son visage : il n'y avait plus de doute, il était en pleine décompensation.

Je jetai un coup d'œil sur mon portable. Lev venait de m'envoyer un message, me signifiant son retour chez lui. Il me disait qu'il serait à la maison, et que je pouvais prendre mon temps. Parfait, pensai-je en refermant le clapet. Quand même, mon copain était bien gentil : Erik venait tout simplement de foutre notre journée en l'air.

— Tu as de la chance que Lev soit un type ouvert et compréhensif, dis-je en déposant mon manteau sur un fauteuil. Il a dit qu'il ne t'en tiendrait pas rigueur, et il a même réussi à rassurer nos voisins qui étaient tout prêts d'appeler la police.

Une petite voix aiguë me répondit, montant du canapé.

— Je suis désolé, gémit Erik. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Je soupirai. Jetant un coup d'œil à sa silhouette enfouie sous les plaids et les coussins, dont seuls ses cheveux blonds dépassaient, je sentis soudain mon cœur se serrer de tendresse et d'amour. Il avait l'air vraiment mal.

Je m'approchai, et m'agenouillai devant lui, tirant ses mains de la couverture.

— Erik, murmurai-je en cherchant ses yeux, comment tu l'as appelé tout à l'heure ?

Erik se redressa, les mains dans les miennes, mais il fuyait mon regard.

— Je ne sais plus, balbutia-t-il d'un ton confus. C'est rien du tout. Je suis un peu sous stress, en ce moment.

Parce que Konosuke n'est pas là, pensai-je, finissant sa phrase dans ma tête. Depuis que ce dernier était parti, Erik passait son temps en club, s'envoyant sûrement pas mal de substances prohibées. Apparemment, il venait de trouver sa limite.

Néanmoins, avoir entendu le nom du prince du tableau caché au fin fond d'un château suédois dans la bouche d'Erik m'avait interpellé. Il était possible qu'il ait également vu cette peinture mystérieuse lorsqu'il vivait encore en Suède, et qu'elle lui ai fait une grande impression comme elle m'en avait fait à moi, en plus sinistre. Il aurait alors suffi qu'Erik en plein bad trip se retrouve devant Lev qui était le parfait sosie de ce prince Tchevsky pour lui provoquer une attaque de panique. Cependant, je me devais d'en être sûre.

— Non, insistai-je, tu dois me répondre, Erik. Dis-moi qui tu crois que Lev était.

Erik releva ses yeux clairs sur moi. Ce que j'y décelai me stupéfia : c'était de la pure terreur.

— Ulfasso Levine Tchevsky, avoua-t-il. Enfin, quelque chose comme ça.

Nous y étions. Je lui demandai tout de même confirmation sur le nom.

Cette fois, Erik releva la tête pour me regarder dans les yeux.

— Oui, répondit-il d'une voix soudain très claire. C'est ce que j'ai dit.

Je me rapprochai, lui serrant les mains.

— Erik, c'est important, tu dois me répondre. Es-tu déjà allé au château de Varnhem ?

L'expression d'Erik changea.

— Non, jamais, répondit-il très sincèrement. Pourquoi ?

On aurait dit que je venais totalement de changer de sujet. Le visage d'Erik devint plus détendu, et il attendait ma réponse comme si j'allais lui raconter quelque chose qu'il ignorait sur son pays de naissance.

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