Chp 39 - Fassa : Le sabre et le yatagan

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Tu es invité à mon mariage, annonçai-je à mon ami. J'espère vraiment que tu vas venir, Erik.

Ce dernier releva un visage à la fois stupéfait et désespéré sur moi.

— Fassa ! gémit-il finalement en réponse, ses yeux faisant ceux du chat Pixar.

— Pas de mais, fis-je en lui mettant le doigt sur la bouche. C'est important pour moi.

Erik baissa la tête, vaincu.

— C'est lui qui t'a autorisé à me faire venir ? demanda-t-il d'une voix sombre.

— Lui ? C'est qui, lui ? répliquai-je, légèrement irritée qu'Erik se fasse prier pour assister au plus beau jour de la vie de sa meilleure amie.

Il leva un regard étonnamment dur sur moi.

— Ulfasso, murmura-t-il comme s'il s'agissait d'une imprécation.

Encore, constatai-je. Il ne lâchera pas le morceau.

— Tu veux dire Lev, sans doute ? Parce que c'est son nom maintenant. En effet, Lev, insistai-je, m'a dit qu'il ne verrait aucun inconvénient à ce que tu viennes, au contraire. Et sache que Lev ne m'autorise rien du tout, je fais ce que je veux. En revanche, c'est moi qui l'autorise à accéder à mes désirs !

— Pour combien de temps ! lâcha nerveusement Erik en ramassant ses affaires, étalées sur le canapé.

J'y discernai une photo de lui, bras dessus bras dessous avec Konosuke à la neige, servant de marque-page à son bouquin.

— Pour toujours, puisque Lev et moi allons-nous jurer fidélité éternelle devant le pasteur dans moins d'une semaine.

— Il se marie à l'église, en plus ? s'écria Erik, qui était malgré toutes apparences, très religieux, en baissant un sourcil courroucé sur son œil bleu. C'est la meilleure !

— Non Erik, répliquai-je en lui tendant la photo de Konosuke que, en pleine panique, il cherchait partout. Lev ne décapitera pas le petit Jésus sur l'autel, tu peux dormir sur tes deux oreilles.

Attrapant le cliché entre deux doigts rageurs, Erik se planta devant moi, soudain très agressif. Cependant, il était toujours plus petit que moi. Il est trop mignon pour me mettre en colère, pensai-je, émue.

— T'as raison, Ulfasso n'en est plus à décapiter des statues. En revanche, te malmener pendant ta nuit de noces, éventrer le prêtre et tenter de m'empaler sur son sabre lorsque je viendrais à ton secours, ça, c'est plus son genre !

Je sentis mes joues me brûler. Un mélange de colère, de peur et d'anticipation étrange quand à cette « nuit de noce » dont Erik me parlait. La voix grave et moqueuse de Lev face au pasteur résonna dans ma tête :

Da, kaniechna. Je la baiserai sauvagement dans sa robe immaculée.

Même si je savais que Lev avait dit cela pour choquer le révérend Lindstöm, je ne cessais d'y repenser. Normalement, l'arrangement que j'avais passé avec Lev prendrait fin cette nuit-là, après la mariage. Puisque je n'aurais plus de raison religieuse de rester vierge...

Mon cœur se mit à battre plus vite.

— Lev n'entrera pas dans l'église avec un sabre, objectai-je en tentant de reprendre contenance. Et toi non plus, d'ailleurs ! Car ce ne sera pas une partie d'AD&D grandeur nature, mais un mariage.

— Arrête de croire au père Noël, Fassa ! hurla Erik en retour. L'homme que tu t'apprêtes à épouser s'appelle Ulfasso, et sa sorcellerie est si puissante, qu'il lui suffira d'invoquer cette arme pour qu'elle apparaisse immédiatement dans sa main !

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