Chp 12 - Lev : where the wild roses grow

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En me levant le lendemain, j'étais d'une humeur radieuse. Il s'était enfin passé quelque chose entre moi et Fassa. Très fier de ma réussite, j'allais faire mon jogging sur un petit nuage, et m'arrêtai pour souffler près du lac. Ce dernier était gelé, mais je me serais bien trempé un peu. Le soleil était haut et il ne faisait pas trop froid.

Entendant soudain un bruit de craquement, je me retournai vers l'orée de la forêt d'où je venais de sortir. C'était l'ourse. Debout à sept mètres de moi, elle me fixait méchamment.

— Eh bien, qu'est-ce qu'il y a, Nina ? lui dis-je en l'appelant par le prénom que je lui avais donné.

Cette mignonne appellation me permettait d'oublier à quel point cette ourse fichait les chocottes, même en plein jour.

Mais Nina grogna, et m'ayant montré les dents, d'immenses couteaux d'émail, elle se rua sur moi. Impossible de plonger dans le lac, qui était entièrement recouvert de glace, pour lui échapper, et vu sa rage, elle allait sûrement attendre sur la rive que je fasse mon choix entre mourir gelé ou mis en pièces par ses crocs. J'ai donc piqué un sprint jusqu'à la maison, volant presque, la bestiole soufflant et rugissant sur mes talons. Je ne pris même pas l'escalier, et attrapant la rambarde, je grimpai d'un seul bond en haut, refermant la lourde porte en bois juste sous le nez de l'ourse qui m'avais bien sûr imité. Je l'entendis gratter et hurler. La veille, Fassa s'était étonnée que je laisse ma porte ouverte au lieu de la fermer à clé, et bien, c'était pour faire face à ce genre de situations, justement.

Je retournai rapidement dans ma chambre, hésitant à ressortir régler son compte à Nina. Mais finalement, je reposai le sabre. Cette ourse était du coin, moi, j'étais juste l'étranger venu m'installer dans sa forêt. C'était normal qu'elle m'en veuille. Et puis, sans Nina, mes joggings matinaux ne seraient pas aussi mouvementés. Il fallait juste que je fasse très attention, c'est tout.

Cette attaque d'ourse ne parvint pas à altérer ma bonne humeur. Sortant de la douche, je me plantai devant mon miroir, la serviette sur les reins. Le reflet qu'il me renvoya me fit sourire. Franchement, je trouvai mon corps pas trop mal, surtout après toutes ces années, et les misères qu'il avait subi. Fassa m'avait parlé de muscu... Dieu m'était témoin que je n'en avais pas besoin. Le moindre de mes muscles était dessiné. Aucun poil disgracieux ne venait troubler le tableau, et j'avais un beau nombril creusé. Le seul hic, la longue balafre que m'avait infligée Erik avec la lame de Tonya. Comme par hasard, c'était la seule cicatrice que j'avais, qui gâchait le dessin de mon ventre parfait. Je savais qu'elle continuait sur mes reins, et je me tournai de trois-quarts pour l'apercevoir. Oui, Erik ne m'avait pas raté. Ce petit enfoiré m'avait défiguré, et si je l'avais eu devant moi à cet instant, je l'aurais pris par le collet pour le jeter aux ours.

Erik. Je pensais beaucoup à lui ces derniers temps. Qu'est-ce qu'il faisait ? J'étais quasiment sûr qu'il était vivant quelque part. Il devait l'être, en tout cas. Ayant reculé vers le lit pour m'y asseoir sans m'en être rendu compte, je relevai la tête vers l'image que me renvoyait le miroir. Alors qu'il y a une minute j'étais debout en train de m'admirer dans toute ma gloire, j'avais maintenant le dos rond, et la tête dans mes mains. Mes cheveux cachaient partiellement mon visage, et ils pendaient de part et d'autre comme un voile.

Il faut vraiment que je les coupe, pensai-je en me relevant, et je partis m'habiller.


*


Fassa m'appela peu après, demandant si je pouvais descendre à Helsinki. Je répondis bien sûr par l'affirmative, et une demi-heure plus tard, je sortais prudemment de chez moi. Pas d'ours en vue. J'allais au pas de course jusqu'à ma voiture, et m'enfermai dedans. Sauvé.

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