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Pdv Livaï:

Quelle journée de merde.

-Bah alors, le soldat le plus fort de l'humanité n'est pas en mission ?, s'exclama-t-il.

Putain. Sur tout les connards de la garnison, il fallait que je croise ce connard en particulier.

-Tch.

Je passai à côté de cet enflure sans lui répondre. Ce débile de Kertain était complètement ivre, comme d'habitude. C'était à cause de connards comme lui qu'il y avait eu autant de morts à chaque fois qu'un mur avait été brisé. S'ils étaient sobres, ils pourraient au moins être utiles et faire évacuer la population.

-T'as perdu ta langue, petit ?, ria-t-il.

-La ferme.

-Ouhh regardez les gars, caporal-nain Livaï est énervé !

Sa bande de connards, tous aussi ivre que lui, éclata de rire. J'étais persuadé qu'il agissait sous l'effet de l'alcool, et que sans cela ils n'auraient autant ris. Après tout, il n'avait rien dans le pantalon, et rien de plus dans le crâne.

-Kertain, dis-je en m'approchant de lui, je trouve que tu parles beaucoup pour ne rien dire, gros porc. Tu ferais mieux de fermer ta grande gueule. Laisser les gens passer pour de l'alcool et être ivre en plein service. Si tu veux pas que ça se sache tu ferais mieux de dégager.

Son visage se déforma dans une grimace de colère.

Quel fils de pute.

Nous nous détestions. Il y a 5 ans, lors de la chute du mur Maria, ce connard et ses abrutis de soldats, si nous pouvions les appeler comme ça, étaient tous ivres-morts. Non seulement ils n'ont rien pu faire pour nous aider, mais ils n'ont pas pu évacuer les civils. Le bataillon était parti le matin même et nous étions rentrés en vitesse lorsque nous avions vu d'immenses éclairs jaunes. Si ils n'avaient pas été aussi irresponsables, ils auraient pu sauver des centaines de vie. Si seulement c'était tout, non content d'être de parfait connards inutiles, ils se sont enfuis, faisant passer leurs misérables vies avant celles des habitants.

-Petit merdeux, cracha Kertain.

-Le seul merdeux ici c'est toi.

Je repartis ensuite, le laissant déblatérer des insultes sur moi. Après tout, qui écouterait un ivrogne ? Je descendis les escaliers menant vers les bas-fonds, ressassant ma journée. Je n'avais pas trouvé la trace de Kenny. Une chose était sûr, la rumeur était fausse. Cet homme ne faisait rien dans la dentelle et n'était pas du genre à nettoyer derrière lui. De plus, il n'avait rien à foutre à Trost. Il devait être loin, dans un endroit plus reculé. Sans m'en être rendu compte, j'étais arrivé devant la porte de la maison d'Arwen. Je toquai cinq coups, comme elle me l'avait dit le matin même; c'est Héla qui ouvrit la porte en criant mon prénom.

-Salut, petite, répondis-je à Héla.

En rentrant dans la salle, la première chose que je vis fut Arwen entrain de soigner une enfant. Celle-ci releva la tête vers moi, m'adressant un sourire légèrement gênée.

-C'est qui ?, demandai-je en m'approchant d'Arwen.

-C'est Emy, répondit-elle.

Arwen semblait de plus en plus gênée, Tarris et Elias quant à eux pliaient des vêtements dans le fond de la salle.

-Et c'est qui Emy ?, continuai-je.

-Je t'expliquerai tout à l'heure.

-Hum.

Quelques minutes plus tard, Arwen avait fini de soigner la fameuse Emy. Nous allâmes dans sa chambre. Arwen me semblait plus calme, et si cela était inhabituel, je devais avouer qu'elle n'en était que plus belle. De plus, elle portait encore le t-shirt que je lui avais donné -jeté- le matin même, et la voir dans mes vêtements me procurait un sentiment de fierté, enfin ça y ressemblait.

Dans ta gueule, Keiji.

Après avoir fermé la porte, j'appuyai mon dos dessus, reposant mon regard sur Arwen.

-Donc ?, commençai-je.

-Bien... Elle était toute seule, on l'a trouvé avec Tarris et elle était gelée, je ne pouvais pas la laisser dehors toute seule.

-Je sais que t'es pas du genre à laisser crever de froid les gens, surtout quant il s'agit d'enfant, mais t'es pas non plus du genre à faire venir n'importe qui chez toi. Donc arrête de me prendre pour un con, on gagnera du temps.

Je voyais bien qu'elle hésitait, comme si elle ne savait pas comment formuler sa phrase. Soudainement, son masque d'impassibilité reprit place sur son visage.

-Elle était dans ce putain de sous sol évanouie, voilà pourquoi je ne pouvais pas la laisser toute seule. Elle était là où j'étais.

Je compris enfin. Mais une question fit surface.

-Pourquoi t'es allée là bas ?

-Parce que je suis obligée d'aller vérifier, répondit-elle en tirant sur la racine de ses cheveux. Imagine si d'autres personnes étaient entrain de...

Elle laissa sa phrase en suspens, les mots se bloquant dans sa gorge, pourtant je compris où elle voulait en venir. Elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre vive ce qu'ils ont vécu.

J'hochai la tête, répondant un simple "je vois". Nous restâmes quelques temps en silence avant qu'elle ne se lève rapidement pour attraper un carnet dans la bibliothèque.

Qu'est-ce qu'elle fait ?

-Il faut que je te montre quelques choses, annonça-t-elle en s'asseyant sur le lit.

-

-Tu es sûr de ce que tu dis ?, questionnai-je, encore surpris de ce qu'elle venait de m'apprendre.

-Oui, à 95% à peu près. Il reste un possibilité, mais en y réfléchissant ça semblerait impossible. Je dirai donc même à 98%.

-Il faudra que tu montres ça à Erwin quand on rentrera.

Je savais que cette gamine était intelligente, mais pas à ce point là. Maintenant que j'avais ces éléments en mémoire, tout ce qu'elle avait dit semblait plus que probable. Si c'était vrai, nous allions devoir agir avec prudence.

Elle mit ses quelques carnets dans son sac à dos avant de revenir s'asseoir à côté de moi. Mais rapidement, des cries se firent entendre de l'autres côté de la porte.

-Mais t'es complètement con, cria une voix.

-Va bien te faire foutre, connard, cria l'autre.

-Arrêtez !, s'exclama une autre voix plus aiguë.

-Héla, ne t'en mêle pas ! C'est entre ce chien et moi !

-Putain de connard de merde, tu vas voir !

Arwen souffla avant de se lever et de partir vers le salon. Je la suivis, m'amusant de ses râles.

-Putain de gosses, chuchota-t-elle.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se stoppa net, soufflant une énième fois. Quant à moi, je ne pus retenir un léger sourire. Tarris et Elias étaient encore entrain de se battre, Héla essayant de les arrêter et Emy regardant cette scène avec étonnement.

-Ça t'amuse, gamin ?, dit Arwen en se tournant vers moi.

-Tu parles comme moi, gamine.

Elle laissa elle aussi échapper un sourire.

-Tu devrais sourire plus, dis-je en regardant les deux garçons se battre.

-C'est toi qui dis ça ?

-Un problème ?

-Non, aucun.

Ses grands yeux verts regardaient avec amusement la scène qui se déroulait devant nous. Son sourire était vrai et doux. Malgré moi, plusieurs pensées que je n'aurais pas dû avoir surgirent. Mais qui n'en aurait pas ? Elle était magnifique.

Faut vraiment que tu te reprennes, vieux.

~

Désolé, chapitre un peu court :/
J'espère qu'il vous a plu quand même :)

Impassible (Livaï x OC) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant